mercredi 22 novembre 2017

Le chlorothalonil, un fongicide en cause dans le déclin des bourdons

Composé organochloré dérivé du benzène (famille des chloronitriles), le chlorothalonil est un fongicide de contact multisite qui est utilisé en agriculture (arachides, pommes de terre, vigne, cultures maraichères), dans les terrains de golf et dans les peintures antisalissures (antifouling). Très toxique pour les poissons et les invertébrés aquatiques, il serait aussi néfaste pour les insectes pollinisateurs, notamment les bourdons.

En étudiant les facteurs qui menacent les populations d'insectes pollinisateurs sur 284 sites aux États-Unis, des chercheurs américains ont mis en évidence le rôle du chlorothalonil dans le déclin de quatre espèces de bourdon (Bompus spp). Ce fongicide rend en effet les bourdons plus sensibles à un parasite intestinal intracellulaire, Nosema bombi (Microsporidia, Fungi), qui peut être mortel. Les auteurs de l'étude s'inquiètent en outre de l'action synergiste du fongicide avec les insecticides systémiques sur les populations d'insectes pollinisateurs.

Ces résultats confirment une étude réalisée en 2013 qui montrait une augmentation de l'infection par un autre parasite intestinal, Nosema ceranae, chez les populations d'abeille dont le pollen était fortement contaminé par des fongicides. 

Références:

samedi 18 novembre 2017

Le paraquat un herbicide hautement toxique continue d'empoisonner les agriculteurs dans les pays en développement

Le paraquat (dichlorure de 1,1’-Diméthyl-4,4’-bipyridinium) est un herbicide de contact non sélectif qui est très utilisé dans le monde depuis les années 1960. Hautement toxique par ingestion, même à très faible dose, il est particulièrement dangereux pour les agriculteurs et les travailleurs qui peuvent s'empoisonner accidentellement lors de sa manipulation. Sans antidote connu à ce jour, le paraquat est aussi une des substances les plus utilisées dans le monde par les agriculteurs pour se suicider, notamment en Asie. Par ailleurs, des études ont établi un lien entre l’exposition chronique au paraquat et des lésions dégénératives semblables à celles causées par la maladie de Parkinson.

Interdit dans les pays européens depuis 2007, à usage restreint en Amérique du Nord, l'herbicide reste cependant très utilisé dans les pays en développement où les travailleurs des plantations (café, cacao, canne à sucre, huile de palme, caoutchouc, soja) et les paysans l'utilisent, souvent sans aucune formation ni protection adéquate, pour préparer le sol au semi direct sans labourage.

La multinationale agrochimique suisse Sygenta est l'un des plus gros producteur de paraquat, sous le nom commercial de Gramoxone. Une organisation non gouvernementale suisse Public Eye (Déclaration de Berne) accuse Sygenta d'être directement responsable de la mort des milliers de travailleurs et fermiers empoisonnés par le paraquat. L'ONG s'est rendu dans un petit village isolé des Philippines, au milieu d'une plantation de palmiers à huile, à la rencontre de ces agriculteurs intoxiqués à leur insu.


En association avec Pest Action Network UK (PAN UK), Public Eye a publié la bibliographie la plus complète à ce jour sur les conséquences sanitaires de l’emploi du paraquat. Plus de 200 publications y sont recensées.



Pour en savoir plus:



mardi 14 novembre 2017

L'imidaclopride et le chlorpyrifos, des insecticides néfastes pour les oiseaux

L'imidaclopride (néonicotinoïde) et le chlorpyrifos-éthyl (organophosphoré) sont deux insecticides neurotoxiques couramment utilisés pour lutter contre divers insectes ravageurs dans les cultures de céréales, de colza, de légumes ou les vergers. Ces deux insecticides sont connus pour avoir des effets néfastes sur les abeilles, notamment sur leur mémoire olfactive et leur capacité à butiner et à s'orienter en vol.

Des recherches menées à l'Université de la Saskatchewan ont montré que l'imidaclopride et le chlorpyrifos ont aussi des effets toxiques directs sur les oiseaux chanteurs et granivores, notamment sur leur masse corporelle et leur capacité à migrer. Lorsque les oiseaux consomment l'équivalent de seulement trois à quatre graines de colza (canola) traitées à l'imidaclopride ou huit granules de chlorpyrifos par jour pendant trois jours, les chercheurs ont observé :
- une diminution importante de leur réserve de graisse (jusqu'à 25%) et de leur poids;
- des signes d'intoxication aiguës (léthargie, perte d'appétit);
- et une modification importante de leur capacité à s'orienter.

Les oiseaux granivores qui se ravitaillent dans les champs au cours de leur migration sont particulièrement menacés. Ils peuvent consommer des graines enrobées d'imidaclopride et des granules de chlorpyrifos qu'ils confondent avec des graines. Cette intoxication pourrait modifier leur comportement migratoire et réduire ainsi leur chance de survie ou de se reproduire.

 Les recherches ont été menées en laboratoire sur le bruant à couronne blanche (Zonotrichia leucophrys), un passereau migrateur très courant en Amérique du Nord. Crédit photo: Wolfgang Wander — Travail personnel / http://www.pbase.com/image/83910026

lundi 17 juillet 2017

Chlorfénapyr et résistance aux pyréthrinoïdes

Le chlorfénapyr est un insecticide synthétique, dérivé trifluoré du pyrrole (famille arylpyrrole), un composé produit par voie microbienne. Il agit sur les insectes et les acariens, par contact et par ingestion, en perturbant la production d'ATP dans les mitochondries, et par conséquent la respiration cellulaire (phosphorylation oxydative). Il doit être métabolisé in vivo par des enzymes de détoxification pour être actif, ce qui retarde son activité insecticide.

Le chlorfénapyr est utilisé contre divers insectes et acariens ravageurs agricoles dans les cultures de coton, de soja et d'arbres fruitiers, mais aussi en lutte antiparasitaire contre les fourmis et les punaises de lit. Grâce à son mode d'action, il est particulièrement efficace contre les insectes résistants aux insecticides neurotoxiques conventionnels comme les pyréthrinoïdes, les carbamates et les organophosphorés. De ce fait, il est très utilisé dans les programmes de gestion de la résistance.

Cet insecticide s'est aussi avéré efficace contre les moustiques anophèles vecteurs de la malaria, particulièrement ceux qui sont résistants aux pyréthrinoïdes (N'Guessan R et al, Acta Trop 2007). Pour contrer cette résistance aux pyréthrinoïdes qui s’accroit en Afrique, de nouvelles moustiquaires imprégnées au chlorfénapyr (Interceptor® G2, BASF) sont en cours d'évaluation (N'Guessan R, et al, PLOS 2016; Malone D., IVCC 2017). Toutefois, le chlorfénapyr pourrait aussi induire des résistances chez les insectes comme le montre une récente étude réalisée aux États-Unis sur les punaises de lit (Ashbrook AR, Journal of Economic Entomology, 2017).

Le chlorfénapyr est moins toxique pour les poissons et la faune aquatique que les pyréthrinoïdes, mais est néanmoins toxique pour les oiseaux.

mercredi 5 juillet 2017

De nouvelles preuves de la nocivité des néonicotinoïdes pour les abeilles

Deux nouvelles études réalisées à grande échelle, l'une en Europe (Allemagne, Grande-Bretagne, Hongrie) sur onze champs de colza d'hiver (Woodcock et al., Science 2017), l'autre au Canada dans deux régions de maïsiculture (Tsvetkov et al, Science 2017), confirment les impacts globalement négatifs des insecticides néonicotinoïdes sur les populations d'abeilles domestiques et sauvages, notamment leur capacité à se reproduire (espérance de vie, fertilité). Elles mettent aussi en évidence l'imprégnation de l'environnement par les néonicotinoïdes qui sont absorbés par les plantes cultivées et sauvages.

L'étude canadienne montre que les abeilles qui butinent les plantes à fleur en bordure des champs de maïs (non pollinisé par les abeilles) sont exposées pendant trois à quatre mois à un cocktail de 26 pesticides, dont quatre insecticides néonicotinoïdes. L'exposition à ces derniers réduit de 23% leur espérance de vie et altère leur efficacité à prendre soin de la reine et à polliniser les plantes. Par ailleurs, les chercheurs canadiens ont observé que la toxicité aiguë pour les abeilles de deux néonicotinoïdes, la clothianidine et le thiaméthoxame, doublait lorsque les champs de mais sont traités avec du boscalide (SagePesticide), un fongicide couramment employé en maïsiculture.

L'étude européenne, quant à elle, montre que la clothianidine et le thiaméthoxame ont des effets variables sur les pollinisateurs du colza d'hiver, selon la période de l'année et le site. En Hongrie et en Grande-Bretagne, les chercheurs ont observé une nette diminution du taux de survie des abeilles domestiques (Apis mellifera) durant l'hiver. En revanche, peu d'effets néfastes ont été observés en Allemagne, où les abeilles domestiques avaient accès à un plus large éventail de plantes à fleur sauvages.Toutefois dans tous les sites européens, la reproduction des abeilles sauvages (Bombus terrestris et Osmia bicornis) est affectée lorsqu'elles sont exposées aux néonicotinoïdes.

Références:

mercredi 22 février 2017

La moule zébrée influencerait la qualité de l'eau potable.

Selon des chercheurs canadiens de l'Université Ryerson à Toronto, la moule zébrée (Dreissena polymorpha) affecte la qualité et le goût de l'eau potable en Amérique du Nord, notamment au Canada. La présence de cette petite moule envahissante dans les grands lacs américains dont le lac Ontario, provoquerait en effet une modification de la composition chimique de l'eau, notamment en azote et en phosphore, ce qui entraîne la prolifération de cyanobactéries dont des Microcystis spp. Ces dernières relarguent dans l'eau des toxines (microcystines) et augmentent la turbidité de l'eau.

La moule zébrée est une espèce envahissante exotique d'origine européenne (Mer Caspienne et Mer Noire) introduite par l'intermédiaire du transport maritime (eaux de ballast) en Amérique du Nord en 1988. N'ayant aucun prédateur en Amérique du Nord, elle prolifère et colonise de nombreux substrats, éliminant ainsi de plusieurs espèces indigènes comme les moules perlières d'eau douce (mulettes). Pouvant filtrer jusqu'à un litre d'eau par jour, elle diminue la concentration en plancton et augmente la transparence de l'eau, modifiant ainsi les réseaux trophiques et les propriétés physicochimiques des écosystèmes aquatiques. Par ailleurs, la moule zébrée est aussi vectrice de la bucéphalose larvaire, qui peut toucher plusieurs espèces de poissons dont le mené, et du botulisme aviaire qui affecte les oiseaux aquatiques.

Selon des chercheurs de l'Université de Buffalo State (Great Lakes Center), la moule zébrée serait en voie de disparaître des Grands Lacs au profit d'une autre moule exotique envahissante très semblable, la moule quagga (Dreissena bugensis). Cette dernière est capable de coloniser les grands fonds vaseux des lacs, repoussant ainsi la moule zébrée vers les zones peu profondes des lacs et les cours d'eau (source: Radio-Canada, 21/02/2017).
(OP - Publié le 21/02/2006 - Modifié et mis à jour le 21/02/2017)


Pour en savoir plus: 
La moule zébrée, Dreissena polymorpha, est un petit mollusque bivalve très productif et doté d'une grande capacité de fixation. La moule quanna, Dreissena bugensis, lui ressemble, mais est de plus grande taille (Photo: Domaine public, via Wikimedia)

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