mercredi 21 juin 2006

L'hystérie de la spongieuse à Mississauga

Dopées par les derniers étés chauds et secs et attirées par alléchantes plantations de chênes, les larves de spongieuses (Lymantria dispar) ont envahit les forêts de Mississauga, une importante ville d'Ontario située au sud-ouest de Toronto. Le niveau d'infestation est tellement élevé cette année que les autorités municipales ont du procéder à des épandages aériens d'insecticides biologiques (à base de Bacille de Thuringe) sur les zones infestées. Originaire d'Eurasie, ce petit papillon a été accidentellement introduit dans la région de Boston dans les années 1870 et est devenu au fil du temps un des ravageurs les forestiers les plus destructeurs en Amérique du Nord. Ses larves abondamment poilues (photo) s'attaquent aux feuillages de plus de 300 essences de feuillus et d'arbrisseaux et affectionnent particulièrement les chênes, les ormes et les érables. La spongieuse doit son nom aux petites masses d’œufs qui ressemblent à de petites éponges et qui peuvent contenir de 200 à 1000 oeufs. Des employés municipaux ont découvert sur certains arbres jusqu'à 800 de ces petites masses spongieuses. Durant les 7 semaines du développement larvaire (4 à 5 stades) qui culmine au mois de juin, des centaines de milliers de larves affamées dépouillent les arbres de leurs feuilles les rendant ainsi incapables de se nourrir et plus vulnérables aux maladies et aux attaques d'autres parasites. Les citoyens de la ville ontarienne sont maintenant au prise avec les quantités importantes de déjections que les larves abandonnent dans les jardins, les pelouses et les piscines. Ils doivent aussi porter une attention particulière aux poils urticants des chenilles qui peuvent causer des réactions allergiques, particulièrement chez les jeunes enfants. Source : Toronto Life "Moth Hysteria Mississauga's very hungry caterpillars" par Flannery Dean [Lire l'article en anglais]
> En savoir plus sur la spongieuse (Service canadien des forêts)

mardi 20 juin 2006

Le Roseau commun, une plante envahissante au Québec ?

Le Roseau commun, ou phragmite commun (Phragmites australis), est une plante familière du réseau autoroutier du Québec. Ses "grandes tiges surmontées d'un plumeau" bordent en effet les autoroutes du Sud-Ouest de la province. Leur présence peut être perçue comme bénéfique, aussi bien au niveau de la sécurité routière (captation de la neige et de la poudrerie, diminution de l'éblouissement des phares des automobiles circulant en sens inverses, etc.) qu'au niveau écologique puisqu'il joue un rôle important dans la purification des eaux de drainage. Cependant, leur prolifération non maîtrisée peut aussi conduire à des nuisances, et à une surcharge de nettoyage et d'entretien des fossés de bords de route. En effet, les colonies de roseau peuvent constituer des haies de plusieurs kilomètres et obstruer l'écoulement des eaux et la vision des automobilistes.

Dans le Nord-Est de l'Amérique du Nord, le roseau est considéré est considéré comme une plante envahissante qui perturbe les milieux humides. Aux États-Unis, des colonies denses ont en effet envahi les marais, marécages et tourbières, menaçant la diversité végétale et offrant des habitats de mauvaise qualité pour la faune.

Des études ont montré que la prolifération des colonies de roseau était étroitement liée à l'expansion du réseau autoroutier Nord-américain. Les autoroutes québécoises, qui traversent de nombreux milieux humides, pourraient donc devenir "la première étape d'une invasion à grande échelle des milieux sensibles".

Plus récemment des études de caractérisation moléculaire ont démontré que l'invasion des marais américains résultait essentiellement de la multiplication d'un génotype européen au détriment du génotype indigène, suite à des perturbations anthropiques. L'analyse génétique de roseaux récoltés en bordures des autoroutes du Québec en 2004 révèle que la presque totalité (soit 99 %) est d'origine exotique. Pour remédier à cet envahissement et pour éviter que la biodiversité des milieux humides sensibles du Québec ne soit menacée, le Ministère du Transport du Québec et l'Université Laval ont mis en place un projet de recherche baptisé Phragmites. (Source : Agri-Réseau / Phytoprotection / Mauvaises herbes)

Pour en savoir plus :


Colonie de roseau commun sur l'Île des Sœurs, boisée Saint-Paul, Montréal (Québec). Olivier Peyronnet (04.2005). La prolifération de ces "grandes tiges beiges surmontées d'un plumeau se laissant bercer par le vent" menacerait les milieux humides et les écosystèmes sensibles du Québec

lundi 12 juin 2006

Allègement de la lutte contre le virus du Nil occidental au Québec

Les moyens préventifs visant à contrôler le virus du Nil occidental (VNO) seront moins importants cette année au Québec. En particulier, il n'y aura pas de pulvérisation sélective d'insecticides à grande échelle, ni de collecte d'oiseaux morts comme cela était le cas depuis 2002. L'épidémie s'avère en effet moins grave que prévue et, selon la Direction de la santé publique du Québec (DSPQ), ces mesures ne seraient pas indispensables ni significativement efficaces. L'an dernier, seulement 5 cas d'infection au VNO, dont un décès, ont été officiellement recensés au Québec (pour un total de 46 personnes infectées et 5 décès au cours des 4 dernières années). Le nombre de québécois ayant contracté le VNO est certainement beaucoup plus grand mais la plupart ne développe pas de symptômes. D'ailleurs, selon Héma-Québec, 0.2% des donneurs de sang seraient porteurs du VNO sans le savoir. La vigilance demeure toutefois de mise, particulièrement pour les personnes âgées et les malades. Pour s'en protéger, les autorités sanitaires recommandent le port de vêtement longs et clairs et l'emploi d'insectifuge (ou "chasse-moustique") à base de DEET ou d'eucalyptus, surtout en juillet et en août, période pendant laquelle les maringouins sont les plus susceptibles d'être porteurs du VNO. D'autre part, elles invitent la population à éliminer autour de leur résidence toutes les sources d'eau stagnante qui constituent d'excellents gîtes de reproduction pour les moustiques. (OP) ; Source : les nouvelles de la radio de Radio-Canada
> Pour en savoir plus sur le VNO au Québec, consulter le site du Ministère de la santé et des services sociaux : virusdunil.info
>Lire les nouvelles précédentes : Des maringouins particulièrement nombreux et voraces cette année au Québec (PESTInfos 31.05.06) et Kahnawake dit non au BTi (PESTInfos 10.04.06)
> Suivre toutes les actualités du VNO sur PESTInfos >>>

jeudi 8 juin 2006

Le pesticide « Merit » est risqué pour la santé et l'environnement (CAP-Québec)

Dans un communiqué émis le 15 mai 2006, la Coalition pour une alternative aux pesticides (CAP) met en garde la population québécoise contre les risques pour la santé et l'environnement du pesticide "Merit". Cet insecticide, dont l'ingrédient actif est l'imidaclopride, est soupçonné d'avoir des effets néfastes pour les abeilles dans diverses régions d'Europe. Il est commercialisé au Québec pour lutter contre les vers blancs, à savoir les larves du hanneton commun (Phyllophaga anxia), du hanneton européen (Amphimallon majalis) ou du scarabée japonais (Popillia japonica), qui affectent les pelouses.

Malgré le nouveau Code de gestion des pesticides du Québec, qui 'en fait pas mention, le Merit est souvent utilisé abusivement comme "solution miracle et sécuritaire" par les entreprises professionnelles d'entretien des pelouses. Alors qu' il est vivement recommandé sur l'étiquette commerciale de ne pas cultiver de plantes comestibles dans l'année suivant l'application du Merit, la CAP dénonce l'absence d'avertissements pour les enfants qui jouent sur les pelouses traitées et les risques auxquels ils sont exposés.

L'imidaclopride est un insecticide néonicotinoïde (agoniste de la nicotine) systémique qui pénètre dans les plantes et est véhiculé dans la sève. L'insecticide et ses résidus toxiques peuvent persister jusqu'à 3 mois dans les gazons, plus d'une année dans les sols, mais aussi dans certains cas contaminer les nappes phréatiques. De plus, peu spécifique, il est aussi toxique pour les vers blancs que pour les auxiliaires de la lutte biologique (nématodes, guêpes parasitoïdes, etc.) qui aident à les contrôler, les abeilles pollinisatrices, mais aussi les oiseaux qui en consomment en grand nombre.

L'utilisation de cet insecticide est d'autant plus inutile qu' il est presque impossible d'éradiquer complètement les vers blancs. Il est donc préférable d'adopter des méthodes culturales préventives pour en limiter le nombre. Sur son site, la CAP propose aux adeptes inconditionnels des pelouses vertes d'autres solutions moins toxiques pour entretenir des "pelouses écologiques", et pour prévenir ou contrôler les insectes et maladies qui les ravagent. Enfin, il est important de souligner que l'abondance des surfaces gazonnées dans les banlieues et la campagne du Québec n'est pas favorable à la biodiversité, et que leur fertilisation abusive contribue à l'eutrophisation de nombreux lacs ! (OP) [Lire le communiqué de la CAP en format PDF]

lundi 5 juin 2006

La formation d'une armée de Criquets

La formation des grands essaims de Criquets pelerin (Schistocerca gregaria) fait peser une menace permanente sur les cultures et les pâturages des pays de l'Afrique de l'Ouest et du Maghreb. Les ravages et destructions des récoltes qu'ils causent peuvent entraîner des répercussions importantes sur la sécurité alimentaire et l'économie des pays touchés. La prévision et la détection précoce de la formation d'essaims sont donc d'une importance primordiale pour les populations exposées, d'autant plus que les moyens actuels de lutte antiacridienne sont souvent coûteux et inefficaces. Une nouvelle étude menée à l'Université d'Oxford montre que le comportement grégaire de ces criquets dépends de la densité de leur population. Dans un espace limité, s'ils sont peu nombreux, les jeunes criquets évoluent indépendamment des autres de façon désordonnée. Par contre, lorsque leur population augmente et qu'elle atteint une densité critique d'environ 50 individus au mètre carré, ils adoptent rapidement un comportement grégaire et des mouvements collectifs coordonnés, donnant naissance à un essaim De petites augmentations de leur densité peuvent ainsi conduire à des changements importants et rapides des mouvements des essaims. Les chercheurs ont aussi observé une certaine instabilité des mouvements des essaims naturels, au sein desquels des groupes peuvent rapidement changer de direction sans perturbations externes. (OP) ; Source : Sciences et Avenir.com ; Réf. : Buhl J, Sumpter DJ, Couzin ID, Hale JJ, Despland E, Miller ER, Simpson SJ, 2006. From disorder to order in marching locusts. Science 312 (5778):1402-6 [Résumé en anglais] [Science magazine]
> Voir une vidéo de la marche des criquets dans une aréna ciculaire (SciDev.net) [Fichier AVI, 3358K]
> L'Observatoire acridien de la FAO
> Pour en savoir plus sur les acridiens de l'Afrique de l'Ouest : AcridAfrica

jeudi 1 juin 2006

Les Bourdons, de "valeureux poilus" menacés

Une cinquantaine d'espèces de bourdons (genre Bombus) vivent en Europe. Ces "valeureux poilus" sont d'excellents pollinisateurs qui font le bonheur des jardiniers. Reconnaissables grâce à leur épaisse fourrure, leur grande résistance leur permet d'être toujours les premiers à butiner les fleurs avant les abeilles, en début de saison, le matin alors que la fraîcheur de la nuit paralyse encore la plupart des insectes, ou après un orage. La pollinisation de diverses plantes dont de nombreuses légumineuses dépendent essentiellement des bourdons, et quelques petits arbustes fruitiers comme les framboisiers ou les groseilliers sont surtout visités par eux. Comme les abeilles domestiques, les bourdons sont menacés par les transformations des paysages provoquées par les pratiques agricoles et l'urbanisation actuelles. Sensibles aux pesticides, ils se raréfient et quelques espèces ont déjà disparu. En Angleterre, des entomologistes professionnels et amateurs se sont rassemblés au sein d'un "office pour les bourdons et leur environnement" (The Bumblebee Conservation Trust) pour les étudier, les surveiller, les protéger et favoriser leur présence dans les jardins anglais. Une attention particulière est portée au Bourdon des clairières, Bombus distinguendus , une espèce en danger qui figure sur le logo du BBCT. (OP) ; Source : Office pour les insectes et leur environnement (OPIE), Les Épingles de collection 2006
> site officiel de The Bumblebee Conservation Trust (BBCT)
> Lire aussi "Les bourdons, de valeureux poilus à aider au jardin", par l'association PONEMA rassemblant les passionnés des jardins naturels et sauvages

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