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samedi 14 novembre 2020

Alternatives aux pesticides de synthèse : les extraits végétaux

Divers extraits bruts de plantes telles que l’ail, le thym, la consoude, la sauge, les orties, les tagètes (œillets) les fougères et les prêles sont utilisées empiriquement pour leurs propriétés insecticides, insectifuges, acaricides, fongicides, herbicides ou nématicides, selon les cas. Obtenus artisanalement par broyage, fermentation, décoction, macération ou infusion des feuilles, des tiges ou des fleurs, ces extraits peuvent être employés comme pesticide à l'échelle d'un jardin ou d'un potager. Classés comme «préparations naturelles peu préoccupantes» ou «biostimulants», ils bénéficient généralement de procédures allégées pour leur mise en marché.

Bien qu'ils soient généralement moins efficaces que les extraits purifiés ou les principes actifs isolés, les extraits végétaux bruts présentent plusieurs avantages :

  • ils sont riches en oligoéléments et, de ce fait, peuvent servir à enrichir et activer le compost et à stimuler la microflore bénéfique du sol.
  • ils peuvent stimuler la croissance des plantes traitées et leurs défenses naturelles contre les maladies, les parasites et les ravageurs.
  • leurs effets pesticides multiples et leurs modes d'action diversifiés limitent les risques de développement des résistances chez les populations visées.

Il existe un très grand nombre de recettes maisons pour les préparer. Toutefois, il est à noter que les effets pesticides de certaines recettes maisons ne sont pas toujours corroborés par les études scientifiques.

 

Liste des principaux extraits végétaux utilisés comme pesticides en horticulture

Ce tableau présente à titre informatif une liste non exhaustive d’extraits végétaux qui ont des activités fongicides, insecticides ou répulsives. Ils sont principalement destinés à un usage domestique. Leur efficacité peut varier selon les modes de préparation, d’application et d’entreposage, les doses d’emploi et les conditions environnementales. Par ailleurs, même s’ils sont naturels, ils peuvent être toxiques pour les humains, la flore ou la faune. Aussi, il faut rester prudent lorsqu’on les prépare ou qu’on les applique sur les plantes ou sur le sol. 


Plante

Propriétées

Mode de préparation et d’utilisation*

Absinthe

Artemisia absinthium

Insecticide (piéride, ver de la pomme), fongicide (rouille du groseillier), répulsif (limaces)

Infusion, décoction et extrait fermenté (tiges et feuilles), pulvérisation au sol

Ail

Allium sativum

Insecticide (pucerons, charançons, doryphore) et acaricide, fongicide (fonte de semis, moisissure grise, cloque du pêcher), répulsif (chevreuil)

Décoction ou macération huileuse (gousses hachées), arrosage au sol contre les champignons ou pulvérisation foliaire contre les insectes

Bardane

Arctium

Fongicide (mildiou), fertilisant

Macération, engrais au sol et foliaire, paillis (plantes entières avec racines)

Capucine

Tropaeolum majus

Insecticide (aleurodes), fongicide (mildiou, chancres des arbres fruitiers)

Infusion ou macération (feuilles fraîches)

Consoude Symphitum officinalis

Renforçateur des défenses naturelles, fertilisant riche en potassium et bore, activateur de compost

Décoction, extrait fermenté, jus concentré (feuilles fraîches)

Arrosage ou pulvérisation foliaire

Note : les feuilles feuilles fraîches peuvent être appliquées en paillis.

Ortie

Urtica dioica

Répulsif insectifuge (puceron, carpocapse), insecticide (pucerons) et acaricide, renforçateur des défenses naturelles, fertilisant, fongicide (maladies des racines), activateur de compost

Infusion, décoction, macération ou extrait fermenté (plantes entières avant floraison avec racines

Arrosage ou pulvérisation foliaire

Note : les préparations peuvent aussi servir à protéger les racines lors de la plantation.

Prêle des champs

Equisetum arvense

Renforçateur des défenses naturelles,

fongicide préventif (oïdium, mildiou, rouille, botrytis), répulsif insecticide

Décoction ou macération (feuilles fraîches ou sèches)

Pyrèthre

Tanacetum cinerariifolium ou Chrysanthemum cinerariifolium

Insecticide (pucerons, aleurodes, mouches) et acaricide

Infusion ou macération (fleurs épanouies fraîches ou sèches)

Pulvérisation sur les feuilles

Note : attention, l’extrait contient des pyréthrines qui sont toxiques pour les pollinisateurs

Raifort

Armoracia rusticana

Fongicide à large spectre

Infusion, macération et extrait fermenté (plantes entières avec racines)

Rhubarbe

Rheum rhaponticum

Répulsif insectifuge (pucerons, chenilles, plusieurs larves), limaces et rongeurs

Macération ou extrait fermenté (feuilles)

Pulvérisation, épandage des feuilles séchées et broyées au sol

Note : attention certains principes actifs peuvent être toxiques.

Sauge officinale

Salvia officinalis

Répulsif insectifuge

Fongicide (mildiou)

Infusion, décoction ou extrait fermenté (tiges et feuilles)

Note : ne pas utiliser sur semis (ralentissement de la germination)

 *Les modes de préparation et d’utilisation peuvent varier selon les auteurs.

  • Infusion : extraction des principes actifs par l’eau bouillante (surtout pour pour les tissus tendres);  
  • Décoction : extraction par trempage dans l’eau (24 heures), puis à l’eau bouillante et court trempage (20 à 30 minutes) dans l’eau frémissante (surtout utilisé pour les tissus coriaces); 
  • Macération : extraction par trempage simple (24 heures) dans l’eau froide ou de l’huile (lin, paraffine); 
  • Extrait fermenté ou purin : extraction par trempage prolongé dans l’eau froide (entre 5 et 30 jours) et fermentation.
Les extraits doivent être refroidis et filtrés avant de traiter. Certaines préparations peuvent être stockées au besoin pendant quelques jours à l’abri de la lumière et à température fraîche.

 

lundi 15 février 2016

Les tributylétains, des pesticides antisalissures toxiques pour la faune marine

Dans les années 1960-1980, les tributylétains (TBT), des composés organostanniques (à base d'étain) ont été largement employés comme algicide, fongicide, molluscicide et désinfectant dans les peintures antisalissures marines (antifouling), les systèmes hydrauliques industriels comme les tours de refroidissement et dans les traitements conservateurs du bois et de la pâte à papier. Libérés sous l'action de l'eau de mer sous forme d'hydroxydes, de chlorures ou de carbonates, les TBT qui ne sont pas biodégradables se sont accumulés progressivement dans les eaux et sédiments marins des zones portuaires, des estuaires et des littoraux à des concentrations toxiques pour la faune marine.

En particulier, ils sont très toxiques pour les mollusques filtreurs (coquille Saint Jacques, moules, huîtres) et les escargots marins qui les accumulent et les concentrent dans leurs tissus adipeux; à de très faibles concentrations, il affectent leur fécondation et leur développement embryonnaire, ont des effets masculinisants (imposex) sur les femelles de gastéropodes et entraînent l'épaississement de la coquille des mollusques bivalves (Ifremer 2008; UVED - Université de Nantes 2006). En France, le bassin ostréicole d'Arcachon a été particulièrement affecté par les TBT. Au Québec, le Fjord du Saguenay est aussi largement contaminé (Viglino L., thèse UQAR 2005).

Très toxiques et bioaccumulables, les peintures antisalissures à base de TBT sont désormais interdites par l'Organisation maritime internationale. Les TBT ont été remplacés, entres autres, par des herbicides de la famille des triazines comme la cybutrine qui ne sont pas eux mêmes sans risques pour l'environnement. Divers composés toxiques à base de cuivre ou de zinc ont aussi été utilisés. Des recherches sont actuellement menées pour trouver des molécules d'origine naturelle aux propriétés antisalissures et moins toxiques (Agence nationale de la recherche, BIOPAINTRO 2012).

Divers organismes marins comme des cyanobactéries, des algues vertes, des mollusques (tarets), des crustacés (balanes), des éponges et des vers peuvent coloniser la surface des coques des navires et les infrastructures artificielles immergées (câbles, pieux, plateformes, hydroliennes) et former des accumulations ou salissures; celles-ci accélèrent la corrosion des coques, augmentent le poids des navires et entravent leur hydrodynamisme ce qui augmentent leur consommation en carburant. Elles peuvent aussi contribuer à véhiculer des espèces envahissantes.
Crédit photo : Rafal Konkolewski, licence CC BY-SA 2.5 via Wikimedia Commons



vendredi 15 janvier 2016

Stimulateurs des défenses naturelles des plantes

Diverses substances naturelles ou synthétiques peuvent stimuler les défenses naturelles des plantes saines contre les champignons et les bactéries phytopathogènes voire certains phytovirus; après avoir été reconnues par des récepteurs membranaires, ces substances appelées éliciteurs exogènes induisent une série de réactions métaboliques comme la production de signaux d'alerte (acide salicylique, acide jasmonique, éthylène), de protéines de défense (protéines PR, péroxydases, chitinases, etc.) ou de substances antimicrobiennes (phytoalexines) et qui peuvent conduire à des réponses physiologiques comme l'épaississement des parois cellulaires.

Fondée sur le même principe que la vaccination, la stimulation des défenses naturelles permet aux plantes saines d'acquérir une certaine résistance contre les agents infectieux (résistance systémique acquise) qui peut durer de quelques jours à quelques semaines. On distingue deux types de Stimulateurs des défenses naturelles des plantes (SDN ou SDP) soit les éliciteurs qui stimulent les réactions métaboliques de défenses dès leur application et les potentialisateurs qui les déclenchent uniquement lorsque la plante traitée est infectée. Tous deux agissent de façon préventive et systémique sans entrer en contact avec les agents phytopathogènes. Leur persistance d'action est toutefois limité et les traitements doivent être renouvelés fréquemment.

Les SDP ne sont pas à proprement parlé des fongicides car ils n'exercent aucune toxicité directe sur les champignons ou les bactéries.

Il est à noter qu'on trouve sur le marché de nombreux produits fertilisants commercialisés comme «phytostimulants», «biostimulants» ou «bioactivateurs» ce qui laissent à penser qu'ils possèdent une activité SDP. En stimulant la microflore du sol, les biostimulants favorisent en effet  l'absorption des nutriments minéraux par les plantes et, ce faisant, augmente leur vitalité et leur tolérance aux stress abiotiques ou aux maladies. Toutefois, leur efficacité pour prévenir les maladies ne peut être garantie.


SDP naturels

Quelques SDP naturels d'origine végétale, animale ou bactérienne sont homologués dans le monde :
  • la laminarine est un polysaccharide à base de glucanes (β-1,3-glucanes) extrait d’algues brunes (Laminaria digitata) et est efficace sur le blé, l'orge, le riz, le tabac et le pommier. Elle est homologuée en France pour prévenir la tavelure du pommier et le feu bactérien du pommier et du poirier (Bernardon-Méry A. et al., Phytoma 2013).
  • la chitosane (β-1,4 poly D glucosamine) est un polysaccharide obtenu par désacétylation de la chitine extraite de la cuticule des Crustacés (El Hadrami A. et al, Marine Drugs 2010). Elle est homologué aux États-Unis pour prévenir les maladies fongiques sur la vigne.
  • l'harpine, un peptide riche en glycine produit par la bactérie Erwinia amylovora, est efficace contre divers agents phytopathogènes, y compris certains phytovirus, sur le cotonnier, le tabac, la tomate, le piment, le fraisier, etc. (Wei ZM, Science 1992). Elle est homologué aux États-Unis depuis 2002 et pourrait être utilisée prochainement pour traiter les semences.
  • L'extrait de graines de Fenugrec ou trigonelle (Trigonella foenum-graecum, Fabaceae) est homologué en France pour protéger la vigne contre l'oïdium. Cet extrait est riche en protéines, en éléments minéraux et en flavonoïdes.
  • Le Milsana à base d'extraits de renouée de Sakhaline (Reynoutria sachalinensis, Polygonaceae) est autorisé en Allemagne et aux États-unis. Il contient entre autres du resvératrol, un polyphénol aux propriétés antifongiques (mildious, Botrytis) et antibactériennes.
Non toxiques pour la faune et les humains, ces substances naturelles se décomposent rapidement dans les plantes et l'environnement et ne laissent donc aucun résidu. Leur emploi est généralement compatible avec le cahier des charges de l'agriculture biologique. Ils sont aussi souvent associés à des fongicides de synthèse dans des programmes de lutte intégrée ou des stratégies anti-résistance.

SDP synthétiques

Divers SDP synthétiques sont commercialisés :
  • les phosphonates (ou phosphites) de potassium ou de sodium préviennent le mildiou de la vigne, le Phytophtora des arbres fruitiers ou le Pythium des gazons.
  • le foséty-al est utilisé sur la vigne contre le  mildiou et la pourriture noire.
  • l'acibenzolar-S-methyl est un benzothiadazole analogue structural de l'acide salicylique et prévient l’oïdium chez le blé, la moucheture bactérienne (Pseudomonas syringae) chez la tomate ainsi que les cercosporioses chez le bananier. Il est l'ingrédient actif du Bion qui est commercialisé en France.
  • la probénazole, un autre benzothiadazole, est employée au Japon pour protéger le riz contre la pyriculariose (Magnaporthe grisea) et les bactérioses dues à Xanthomonas oryzae.
D'origine industrielle, ces composés synthétiques ne sont pas autorisés en agriculture biologique.

samedi 31 janvier 2015

Peut-on protéger les agriculteurs des pesticides?

Dans une conférence donnée à l'Institut de recherche travail Robert-Sauvé en santé et sécurité du travail (IRSST), Alain Garrigou, ergonome à l'Université de Bordeaux II, explique les problématiques liées à la protection des agriculteurs face aux pesticides. Il souligne qu'il est difficile de protéger efficacement les agriculteurs contre les risques liés à la manipulation et à la pulvérisation des pesticides. Les mesures de prévention sont souvent trop complexes et peuvent devenir inapplicables dans les situations réelles de travail.

lundi 15 décembre 2014

La catastrophe de Bhopal : 30 ans d'empoisonnement

De nombreux carbamates insecticides comme le carbaryl, l’aldicarbe, le carbofuran ou le méthomyl sont synthétisés à partir d’isocyanate de méthyle (CH3-N=C=O), un produit chimique extrêmement dangereux, toxique et irritant. Ce dernier est à l’origine de la catastrophe de Bophal (Inde) en décembre 1984, un des pires accidents industriels de l’histoire.

L’explosion dans une usine agrochimique d’Union Carbide, qui produisait entre autres du carbaryl (sous la marque Sevin) dans des conditions non sécuritaires, laissa s’échapper dans l’atmosphère plus de 40 tonnes d’isocyanate de méthyle causant plus de 3500 décès immédiats par asphyxie et des milliers de victimes. Par la suite, les pesticides s’échappant des cuves de stockage abandonnées dans l’usine ont été lessivés pendant des années par les pluies et ont contaminé les nappes phréatiques et l’eau potable empoisonnant près de 300 000 indiens (cécité, invalidité, insuffisances respiratoires, avortements spontanés, malformations congénitales, etc.). À ce jour, 30 ans plus tard, le site n’a toujours pas été dépollué et des milliers de survivants continuent d’en souffrir

Pour en savoir plus:

jeudi 17 juillet 2014

Effets des insecticides systémiques sur la faune vertébrée

Une méta analyse réalisée sur 150 études scientifiques révèle que les insecticides systémiques à large spectre comme l'imidaclopride, la clothianidine (néonicotinoïdes) et le fipronil ont des effets toxiques sur la faune vertébrée sauvage (mammifères, oiseaux, poissons, amphibiens et reptiles). Les trois insecticides étudiés présentent divers effets toxiques directs, à des concentrations souvent bien inférieures à celles associées à la mortalité:
  • Effets génotoxiques et cytotoxiques
  • Effets immunotoxiques
  • Troubles de la reproduction

L'imidaclopride et le fipronil se sont avérés particulièrement toxiques pour de nombreux oiseaux et la plupart des poissons étudiés. Les auteurs de l'analyse avertissent que l'utilisation de semences enrobées avec ces insecticides systémiques est particulièrement à risque pour les oiseaux granivores qui les ingèrent. Ils ont en outre noté que les concentrations de fipronil en milieu aquatique sont suffisamment élevées pour nuire aux poissons.

Les effets indirects sur la faune sauvage, via la chaîne alimentaire, sont rarement pris en compte dans les processus d'évaluation des risques des pesticides. Toutefois, les auteurs ont rapporté deux études réalisées sur le terrain qui démontrent des effets indirects des insecticides systémiques sur les populations de vertébrés terrestres et aquatiques. Dans une des deux études citées, la réduction des populations d'invertébrés consécutive à l'emploi d'imidaclopride et de fipronil a causé un retard de croissance significatif chez une espèce de poisson insectivore. Dans une autre étude, l'usage du fipronil entrainait une diminution des populations de termites, et par cascade, des populations de deux espèces de lézards qui s'en nourrissent.

Selon les auteurs, la capacité des insecticides systémiques à exercer des effets directs et indirects sur la faune vertébrée terrestre et aquatique justifie un nouvel examen plus approfondi de leur sécurité environnementale.

 Référence :
  • Gibbons D, Morrissey C, Mineau P. Review of the direct and indirect effects of neonicotinoids and fipronil on vertebrate wildlife. Environ. Sci. Pollut. Res. Int. 2014 Jun 18 [PubMed]

mardi 17 juin 2014

De nouveaux pesticides détectés dans l'Arctique

Les polluants organiques persistants (POP), comme les dioxines, les furanes, les polychlorobiphényles (PCB) et les pesticides organochlorés (aldrine, dieldrine, lindane), sont une source de pollution majeure dans l’Arctique. Transportés par les vents depuis les régions tempérées, ces toxiques non biodégradables se concentrent dans le phytoplancton, les algues et les plantes qui les absorbent. Par la suite, ils s'accumulent, via la chaîne alimentaire, dans les tissus adipeux des animaux comme les poissons, les bélugas et les phoques. Par ce phénomène de bioaccumulation, on en retrouve même dans le lait maternel des femmes inuites. Les POP font l'objet d'une étroite surveillance par les chercheurs du monde entier. Si leur concentration dans l'air arctique est resté relativement stable au cours des dernières années, les chercheurs ont récemment détecté, dans les glaces, de nouveaux POP, dont de nombreux pesticides usuels et des retardateurs de flammes.

Ces dernières années, les analyses de carottes glaciaires ont ainsi révélé des concentrations croissantes de trois pesticides, soit le chlorpyrifos, un insecticide organophosphoré utilisé principalement contre les moustiques et les mouches, l'endosulfan, un insecticide organochloré interdit en Europe et au Canada depuis plusieurs années, et la trifluraline, un herbicide communément employé dans les cultures céréalières et légumières. Des phénomènes de bioaccumulation ont été aussi observés pour deux d'entre eux, soit le chorpyrifos et l'endosulfan, ainsi que pour le pentachloroanisole, un produit de la dégradation de rodenticides, et le metoxychlor, un insecticide organochloré apparenté au DDT.  La contamination de l'Arctique par les pesticides continue.

Référence :
  • Vorkamp K, Rigét FF. A review of new and current-use contaminants in the Arctic environment: Evidence of long-range transport and indications of bioaccumulation. Chemosphere. 2014 Sep;111C:379-395. Epub 2014 May 14. [PubMed]

mardi 20 mai 2014

Des pesticides perturbateurs endocriniens dans les cheveux des enfants français

Depuis quelques années, les substance insecticides et antiparasitaires à usages agricoles, thérapeutiques ou vétérinaires, comme les pyréthrinoïdes (deltaméthrine, perméthrine), les organophosphorés (chlorpyrifos, parathion) ou les vieux organochlorés (dieldrine, lindane), sont fortement suspectés d'être des perturbateurs endocriniens. De fait, plusieurs études scientifiques évoquent un lien entre exposition à ces pesticides, même à très faibles doses, et troubles du métabolisme (obésité), de la reproduction (puberté précoce, diminution de la fertilité) et du développement du foetus et du jeune enfant (troubles mentaux ou du comportement), etc. Les jeunes enfants sont particulièrement vulnérables aux expositions aux pesticides perturbateurs endocriniens et ne devraient pas y être exposés.

En 2013, Générations Futures a mené une enquête sur une population d'une trentaine de jeunes enfants dans des zones agricoles du Nord et de l'Ouest de la France afin d'évaluer leur exposition à différents pesticides. Même s'ils ne concernent qu'un faible échantillon peu représentatif, les résultats du rapport EXPPERT 3, publiés en avril dernier, sont alarmants. En moyenne, plus de 21 pesticides ou métabolites (issus de leur dégradation dans l'organisme) ont été retrouvés dans les cheveux des enfants. Certaines de ces substances ne sont pas autorisées en usage agricole (fipronil) ou ne sont plus autorisées en France depuis plusieurs années (endosulphan, dieldrine). Selon François Veillerette, porte-parole de Générations Futures, cette étude « montre bien que dans la réalité nos enfants sont exposés à des cocktails importants de ces substances ».

Pour en savoir plus :

mercredi 16 novembre 2011

Le bromure de méthyle contamine-t-il encore les fruits et légumes?

Le bromure de méthyle, appelé aussi bromométhane, est un gaz toxique halogéné (CH3Br) qui a été largement utilisé comme pesticide et fumigant non sélectif pour lutter contre les micro-organismes pathogènes (bactéries, champignons et nématodes parasites), les mauvaises herbes, les rats et les insectes. Il a été particulièrement utilisé comme fongicide dans les cultures maraichères (fraises, tomates), comme agent de stérilisation des sols et comme agent désinfectant des semences, des grains stockés (céréales) et des bois importés.

Très toxique par inhalation pour les animaux et les humains, le bromure de méthyle est aussi très néfaste pour l'ozone atmosphérique, en plus d'être un gaz à effet de serre. Dans la stratosphère, le bromure (Br) serait en effet 60 fois plus destructeur pour l'ozone (O3) que le chlore (Cl) des chlorofluorocarbones (CFC). Selon le Protocole de Montréal adopté en 1987, ce dangereux pesticide devait être totalement éliminé des pays industrialisés en 2005. Toutefois, plusieurs pays dont les États-Unis, le Canada et la France ont obtenu des dérogations pour certains usages avant expédition jusqu'en 2010 (quarantaine, traitements avant expédition, stérilisation des sols, etc.).

Bien qu'il existe des alternatives culturales (rotation des cultures, biofumigation), physiques (solarisation du sol, traitement thermique) ou chimiques (chloropicrine), le bromure de méthyle est encore utilisé, parfois illégalement, dans certains pays pour traiter les fruits et les légumes. Par exemple, en Californie, le bromure de méthyle est permis pour produire des plants de fraisiers exempts de maladies.
(OP - Publié le 25/12/2002, Modifié le 16/11/2011)

Pour en savoir plus:



mardi 3 août 2010

L'histoire controversée du DDT

Le Dichloro-Diphényl-Trichloréthane ou DDT est l'un des tout premiers pesticides de synthèse. Synthétisé pour la première fois en 1874 par un chimiste strasbourgeois, Othmar Zeidler, les propriétés insecticides de cet organochloré ont été découvertes en 1939 par le chimiste suisse Paul Hermann Müller (1899-1965). Dès les années 1940, le DDT est utilisé pour combattre la propagation du typhus et de la malaria, deux maladies infectieuses graves transmises respectivement par les poux (Pediculus humanus) et les moustiques (Anopheles spp.). En 1948, Müller reçoit d'ailleurs le prix Nobel de médecine pour sa découverte. Le DDT est alors abondamment pulvérisé sur les marécages, dans les habitations et même sur les personnes afin de lutter contre les mouches, les puces, les poux et les moustiques et de protéger les populations contre plusieurs maladies infectieuses. Il contribue ainsi à l’éradication du paludisme en Europe et en Amérique du Nord. En raison de sa grande efficacité, le DDT est ensuite massivement employé en agriculture pour lutter contre les insectes ravageurs comme le doryphore de la pomme de terre.

Toutefois, très rapidement des phénomènes de résistance au DDT apparaissent chez plusieurs espèces d'insectes, ce qui diminue l'efficacité des traitement et augmentent les doses d'emploi. Le DDT se révèle aussi toxique pour de nombreuses espèces non ciblées comme les insectes pollinisateurs, les poissons et les oiseaux, et des phénomènes de bioaccumulation sont observés. Très rémanent et non biodégradable, le DDT s'accumule, via la chaîne alimentaire, dans les tissus adipeux des animaux, et des traces sont même détectées dans le lait maternel humain. À l'époque, le DDT est aussi suspecté d'être responsable du déclin des grands rapaces, comme le Pygargue à tête blanche, en perturbant leur reproduction et en amincissant la coquille de leurs oeufs. En 1962, Rachel Carson, une biologiste américaine, publie un livre, « The Silent Sping » («Le printemps silencieux» en français), qui révèle au grand public le danger des pesticides pour l'environnement et la santé humaine. Dans les années 1970, le DDT est interdit d'utilisation dans de nombreux pays industrialisés, dont les États-Unis, le Canada et la France. Dès lors, le DDT cesse d'être utilisé en agriculture et de nouvelles familles d'insecticides de synthèse (organophosphorés, carbamates, pyréthrinoïdes) sont développées pour le remplacer. Par la suite, plusieurs études suspectent le DDT et ses dérivés organochlorés d'être des perturbateurs du système endocrinien.

Malgré qu'il soit un polluant organique persistant (POP), le DDT est encore utilisé de nos jours dans plusieurs pays en développement pour lutter contre les moustiques vecteurs de la malaria, principalement en pulvérisation dans les habitations. En 2006, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande toujours son utilisation limitée à l'intérieur des habitations dans les pays les plus menacés, suscitant la controverse dans la communauté scientifiques et la colère de nombreux groupes de protection de l'environnement. En l'absence de méthodes alternatives efficaces et abordables, le DDT devrait donc continuer à être utilisé pendant encore plusieurs années.

lundi 17 septembre 2007

Certains pesticides provoquent de l'asthme chez les agriculteurs

Pour la première fois, une étude américaine à grande échelle montre que l'usage de certains insecticides, fongicides ou herbicides peut provoquer l'asthme, indépendamment des autres facteurs de risques. L'étude a été réalisée sur 20 180 agriculteurs états-uniens en Iowa et en Caroline du Nord.

Selon Jane Hoppin, du service d'épidémiologie au National Institute of Environmental Health Sciences (NIEHS) à Bethesda, une seule exposition importante à des pesticides au cours de la vie peut suffire à doubler le risque d'asthme chez les hommes agriculteurs adultes. Bien qu'aucun lien n'ait été mis en évidence avec une classe particulière de pesticides ou un mode d'utilisation, 16 pesticides sur les 48 auxquels ont été exposés les 452 agriculteurs asthmatiques sont suspectés d'augmenter la prévalence de l'asthme chez les agriculteurs. Cette dernière a en effet été augmentée de 30 à 40 % par certains pesticides et a plus que doublé avec d'autres. Près de la moitié des pesticides incriminés sont encore commercialisés aujourd'hui à savoir le paraquat, le lindane, le parathion, le coumaphos, le diazinon et le captane.

Une étude semblable est en cours chez les femmes agricultrices. L'impact sur les populations urbaines, moins exposées aux pesticides agricoles mais à plus forte prévalence asthmatique, reste aussi à déterminer. (source : cyberpresse.ca)

Pour en savoir plus :  
  • Lire le communiqué de presse du 17e Congrès européen de pneumologie à Stockholm (en français) : [Fichier Word à télécharger]
  • Consulter la liste des travaux de Jane Hoppin sur l'incidence de l'usage des pesticides chez les agriculteurs (en anglais) : [PubMed-Hoppin JA]

jeudi 30 août 2007

Pesticides au Québec : des fruits et légumes contaminés et une consommation en hausse

Des analyses en laboratoire menées par le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ)et par l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) révèlent que les fruits et légumes cultivés au Québec ne sont pas moins contaminés par des pesticides que ceux importés des pays étrangers et du reste du Canada. En effet, 33 % des 500 échantillons de fruits et légumes (pommes, fraises, framboises, laitue romaine, poivrons verts, tomates et pommes de terre) testés par le MAPAQ en 2004-2005 contenaient des résidus de pesticides agricoles. Au total, 219 produits chimiques différents y ont été détectés, et dans 1,5% des cas, les concentrations étaient supérieures aux normes permises, soit un taux 6 fois plus élevé que dans le reste du Canada.

À titre de comparaison, les analyses effectuées par l'ACIA, avec des "critères sensiblement plus élevés qu'au Québec", n'ont détecté des traces de résidus que dans moins de 10 % des 11000 échantillons de fruits et légumes cultivés au Canada. Par ailleurs, les fruits et légumes importés de plusieurs pays, dont le Brésil, le Chili, le Costa-Rica, les États-Unis, le Guatemala ou la Thaïlande, se sont révélés moins contaminés que ceux cultivés au Québec. Selon le quotidien Le Devoir, "le Québec se compare même, en la matière, à des pays comme le Vietnam et Taiwan". Selon Mohamed Khelifi, professeur au département des sols et de génie agroalimentaire de l'Université Laval, interrogé par Le Devoir, la résistance des parasites aux pesticides est en cause et conduirait les agriculteurs québécois à opter de préférence pour l'action des pesticides, jugée plus efficace et plus rapide qu'une gestion saine des cultures.

Les plus récentes données dévoilées par le Ministère du Développement Durable, de l'Environnement et des Parcs du Québec (MDDEP) indiquent en effet que les agriculteurs québécois ont légèrement augmenté leur consommation de produits agrochimiques au cours des dernières années. Entre 2002 et 2003, les ventes de pesticides agricoles (3/4 des pesticides vendus au Québec) ont en effet atteint un peu plus de 2700 tonnes, soit une hausse de 2,4% par rapport à l'année précédente, et ce alors même que la surface agricole a diminué de 1,6%. Ainsi, l'indice global de pression environnementale exercée par les pesticides sur les terres agricoles du Québec s'élevaient donc à 1,51 kg d'ingrédients actifs par hectare en 2003 contre 1,45 en 2002.

Malgré les efforts déployés par le gouvernement du Québec pour en réduire l'utilisation, le volume des ventes de pesticides à usage domestique a augmenté de près de 21 % entre 2002 et 2003. La hausse des ventes est particulièrement importante pour les insecticides à usage domestique et pour les herbicides destinés à l'entretien des pelouses et des espaces verts. Si la vente globale de pesticides a augmenté de 5,3 % entre 2002 et 2003, il faut toutefois préciser qu'elle a diminué de 9,3% depuis 1992. (Source : LeDevoir.com)

Pour en savoir plus :

mardi 3 octobre 2006

Controverse sur l'utilisation du DDT pour lutter contre le paludisme

Alors que le DDT (dichloro-diphényl-trichloréthane) fait toujours parti des 12 substances chimiques devant être graduellement supprimées dans le monde conformément à la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POP) signée en mai 2002, l'organisation mondiale pour la santé (OMS) recommande aujourd'hui son utilisation à l'intérieur des maisons pour lutter contre le paludisme. Selon l'OMS, la pulvérisation résiduelle de DDT à l'intérieur des habitations et des abris pour animaux, si elle est bien gérée, est un des outils les plus efficaces pour lutter contre les moustiques vecteurs, et est sans danger pour la santé humaine et animale et pour l'environnement.

Ce radical et surprenant changement de politique de l'OMS a suscité une controverse au sein de la communauté scientifique, et a soulevé les protestations de nombreuses organisations écologistes, sociales et humanitaires. Pour ces derniers, le DDT reste un produit dangereux, interdit aux États-Unis depuis 1972, qui est toujours classé par plusieurs agences gouvernementales comme un agent persistant pouvant perturber le système endocrinien et provoquer des cancers ou des lésions nerveuses chez les hommes et les animaux. Après avoir connu un certain succès dans la lutte contre la malaria dans les années 50, les populations de moustiques vecteurs sont devenues résistantes, réduisant de ce fait son efficacité, et le DDT s'est rapidement avéré dangereux pour la faune et l'environnement, principalement en s'accumulant et en persistant dans les chaînes alimentaires. Les adversaires de ce vieux pesticide chimique accusent aussi l'OMS de céder aux pressions économiques et politiques de l'industrie chimique, et de certains gouvernements étrangers, dont ceux des États-Unis, du Canada et du Japon, qui souhaiteraient saper la législation internationale sur les produits chimiques.

Pour les adversaires du DDT, le paludisme dont près de 90% des victimes sont africaines, est lié à la pauvreté et au sous développement, et la solution chimique ne doit pas être la composante majeure des stratégies de lutte contre cette maladie. Pour réduire l'incidence du paludisme, ils préconisent plutôt une approche basée sur la communauté comprenant diverses mesures comme le nettoyage des gîtes de reproduction des moustiques, la distribution de médicaments et de moustiquaires, la mise en place de mesures d'hygiène publique et de projets locaux d'éducation à la santé, un traitement rapide et un recours modéré au contrôle chimique.

Actuellement 14 pays pratiquent la pulvérisation résiduelle intérieure, c'est à dire le traitement des habitations par des insecticides à effet lent et action longue, et dix d'entre eux, dont l'Afrique du Sud, utilisent le très controversé DDT. Financée en partie par les États-unis, l'utilisation du DDT devrait maintenant s'étendre à une quarantaine de nouveaux pays au risque de créer de nouveaux dommages collatéraux aux générations futures.

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