mercredi 26 septembre 2007

Les grenouilles victimes indirectes des engrais agricoles

En Amérique du Nord, le nombre de malformations observées chez les amphibiens (membres supplémentaires, manquants ou déformés) est en constante augmentation depuis les années 90. Une récente étude réalisée à l'Université du Colorado à Boulder révèle que l'eutrophisation des lacs et étangs est à l'origine du développement de ces malformations chez les grenouilles.

Les chercheurs américains ont mis en évidence une cascade d'évènements en réponse aux modifications environnementales qui conduisent à l'émergence d'un parasite responsable des malformations. En effet, l'apport de grandes quantités d'engrais azotés et phosphatés par les agriculteurs et les jardiniers nord-américains entraîne une eutrophisation accrue des écosystèmes aquatiques qui stimule la prolifération de cyanobactéries, Ces dernières favorisent à leur tour la présence d'escargots porteurs d'un parasite des grenouilles. L'augmentation de la densité des escargots infectés et du nombre de parasites par escargots conduit finalement à une élévation du taux d'infection chez les amphibiens. Le parasite est un vers trématode, Ribeiroia ondatrae, dont les larves forment des kystes dans les membres des têtards, provoquant de sévères malformations qui peuvent être létales.

D'une façon plus générale, cette étude permet de mieux comprendre la réponse des parasites aux perturbations des écosystèmes. Elle pourrait expliquer le déclin des batraciens dans le monde, mais aussi la prolifération de parasites impliqués dans des maladies humaines comme le choléra, le paludisme, le virus du Nil occidendal (VNO) ou dans la disparition des récifs coralliens. (Source : Sciences et Avenir.com)

Référence :
  • Johnson PT, Chase JM, Dosch KL, Hartson RB, Gross JA, Larson DJ, Sutherland DR, Carpenter SR., 2007. Aquatic eutrophication promotes pathogenic infection in amphibians. Proc Natl Acad Sci U S A. 104(40):15781-6 [PubMed]

mercredi 19 septembre 2007

L'horreur du soja transgénique en Amérique du Sud

Cauchemar sanitaire en Argentine! La moitié des terres cultivables y est accaparées par le soja transgénique de Monsanto. 150 millions de litres de glyphosate, un puissant herbicide toxique (Round-Up de Monsanto), sont désormais répandus au lieu de un million de litres avant la culture du soja transgénique résistant au Round-Up. Les cultures vivrières sont abandonnées et détruites. Les animaux et les hommes deviennent malades. Face à l'horreur transgénique, un puissant mouvement populaire s'organise.

Un reportage d'Arte de M.-M. Robin, G. Martin, M. Duployer et F. Boulègue à voir!


L'Argentine n'est pas le seul pays d'Amérique du Sud à être victime du soja transgénique. Au Brésil, dans les états du Para et du Mata Groso, la déforestation de la forêt amazonienne s'intensifie pour laisser place à un désert transgénique...
Lire ''L'Amazonie asphyxiée par le soja transgénique'', un article de Hubert Prolongeau, avec Béatrice Marie (LeMonde.fr, 18.09.2007)

mardi 18 septembre 2007

Des pesticides ont provoqué un «désastre sanitaire» aux Antilles françaises

Selon un rapport préparé par le cancérologue Dominique Belpomme, l'utilisation massive de certains pesticides a provoqué un "désastre sanitaire" aux Antilles françaises. Le rapport vise en particulier le chlordécone, un insecticide organochloré utilisé pour lutter contre le charançon du bananier (Cosmopilites sordidus). Très toxique, très rémanent dans l'environnement et considéré comme cancérogène par les autorités sanitaires, l'insecticide a été interdit en France métropolitaine en 1990 et aux Antilles françaises en 1993. Toutefois, aux Antilles, le chlordécone a continué d'être utilisé clandestinement dans les bananeraies jusqu'en 2002.

Le chlordécone est à l'origine d'une pollution considérable en Guadeloupe et en Martinique où certaines nappes d'eaux souterraines en contiennent des taux 100 fois supérieurs à la norme. Pour le Pr Belpomme, ce produit est "l'arbre qui cache la forêt", et il prévient que c'est probablement l'ensemble des eaux, du sol et de l'alimentation qui sont pollués par une centaines de pesticides, dont le paraquat un herbicide encore bien plus toxique. Il souligne en outre qu'en Guadeloupe, c'est l'ensemble des femmes enceintes et des nouveaux nés qui sont contaminés au chlordécone et que les Antilles françaises sont au 2ème rang mondial pour les cancers de la prostate et que les taux de cancers du sein et de malformations congénitales y sont en nette augmentation.

Le cancérologue réclame des études épidémiologiques adaptées afin d'établir d'éventuels liens entre cette contamination et l'incidence des cancers dans la population antillaise. Il préconise aussi le développement rapide d'une agriculture sans pesticides, en particulier sur les terres qui ne sont pas encore polluées. Connu pour ses travaux sur les causes environnementales des cancers, le Pr Belpomme est le fondateur de l'Association pour la Recherche Thérapeutique Anti-Cancéreuses (ARTAC).

Pour en savoir plus :


L'étouffement, nouvelle arme de défense de masse des abeilles contre les frelons

En tuant les butineuses solitaires ou en s'attaquant directement aux ruches, les frelons sont une menace permanente pour les colonies d'abeilles domestiques. Pour s'en défendre, les abeilles ont élaboré différentes stratégies. Ainsi chez certaines espèces d'abeilles asiatiques, des masses d'ouvrières forment une boule compacte autour du frelon agresseur et produisent de la chaleur afin de provoquer un échauffement létal de sa température corporelle en quelques minutes.

Sur l'île méditerranéenne de Chypre, une équipe de recherche franco-grecque vient de découvrir que les abeilles locales, Apis mellifera cypria, combattent le frelon oriental, Vespa orientalis, en l'étouffant, une stratégie probablement mieux adaptée à leur environnement très chaud. La masse de 150 à 300 abeilles chypriotes entourent en effet le frelon de manière à bloquer ses mouvements et à obstruer toutes ses voies respiratoires.

Référence : 

lundi 17 septembre 2007

Certains pesticides provoquent de l'asthme chez les agriculteurs

Pour la première fois, une étude américaine à grande échelle montre que l'usage de certains insecticides, fongicides ou herbicides peut provoquer l'asthme, indépendamment des autres facteurs de risques. L'étude a été réalisée sur 20 180 agriculteurs états-uniens en Iowa et en Caroline du Nord.

Selon Jane Hoppin, du service d'épidémiologie au National Institute of Environmental Health Sciences (NIEHS) à Bethesda, une seule exposition importante à des pesticides au cours de la vie peut suffire à doubler le risque d'asthme chez les hommes agriculteurs adultes. Bien qu'aucun lien n'ait été mis en évidence avec une classe particulière de pesticides ou un mode d'utilisation, 16 pesticides sur les 48 auxquels ont été exposés les 452 agriculteurs asthmatiques sont suspectés d'augmenter la prévalence de l'asthme chez les agriculteurs. Cette dernière a en effet été augmentée de 30 à 40 % par certains pesticides et a plus que doublé avec d'autres. Près de la moitié des pesticides incriminés sont encore commercialisés aujourd'hui à savoir le paraquat, le lindane, le parathion, le coumaphos, le diazinon et le captane.

Une étude semblable est en cours chez les femmes agricultrices. L'impact sur les populations urbaines, moins exposées aux pesticides agricoles mais à plus forte prévalence asthmatique, reste aussi à déterminer. (source : cyberpresse.ca)

Pour en savoir plus :  
  • Lire le communiqué de presse du 17e Congrès européen de pneumologie à Stockholm (en français) : [Fichier Word à télécharger]
  • Consulter la liste des travaux de Jane Hoppin sur l'incidence de l'usage des pesticides chez les agriculteurs (en anglais) : [PubMed-Hoppin JA]

jeudi 13 septembre 2007

Les abeilles en voie de disparition

Photo : Ruchers en Gaspésie (Olivier Peyronnet, juillet 2006)

Alors que les populations d'abeilles déclinent un peu partout sur la planète, et que les médias généralistes s'en alarment de plus en plus, Bernard Vaissière, spécialiste de la pollinisation à l'INRA à Avignon en France, prévient que certaines espèces d'abeilles pourraient disparaître complètement*.

Fruits d'une lente co-évolution avec les plantes à fleurs, les abeilles se nourrissent presque exclusivement de nectar et de pollen. Par conséquent, elles ne possèdent que très peu d'enzymes de détoxification, ce qui les rend particulièrement fragiles à l'ingestion de poisons (par exemple, les pesticides) et aux diverses infestations de parasites.

Alors qu'un virus a été très récemment suspecté d'être responsable de leur mystérieuse disparition aux États-Unis (Voir ci-dessous la nouvelle du 06.09.07), des apiculteurs américains accusent plutôt les conditions météorologiques particulièrement extrêmes cette année (sécheresses et chaleurs intenses, gels tardifs) d'avoir limité la floraison des plantes à fleurs. Les conditions météorologiques possiblement liées au réchauffement climatique en cours pourraient expliquer la diminution du nombre d'espèces de plantes à fleurs pollinisées par les abeilles.

En Europe, si de nombreux apiculteurs mettent en cause certains pesticides systémiques (qui diffusent dans les plantes au cours de leur croissance), les scientifiques restent prudents. Une récente étude montrait un déclin parallèle entre des abeilles sauvages et les plantes à fleurs pollinisées. Quoi qu'il en soit, les abeilles sont en voie de disparition et certaines activités humaines ne semblent pas y être complètement étrangères. Une combinaison de facteurs biotiques (virus, varroa, etc.) et abiotiques (pesticides, OGM, conditions météorologiques, etc.) est probablement à l'origine de cet inquiétant déclin.

Les abeilles sont pourtant l'un des plus importants pollinisateurs de la planète. En assurant, avec d'autres insectes, la pollinisation de 80 % des plantes à fleurs, elles seraient indirectement responsables de près de 35% de la production mondiale de nourriture (fruits, légumes, oléagineux, protéagineux, café, cacao, épices, etc.). Bien qu'elles restent difficiles à évaluer, les conséquences économiques et sociales d'une disparition complète des abeilles serait donc très certainement désastreuse pour l'humanité.

Pour en savoir plus :

jeudi 6 septembre 2007

Un virus soupçonné d'être responsable de la mystérieuse disparition des abeilles

Depuis 2006, de nombreux entomologistes et apiculteurs américains s'interrogent sur l'origine du Colony Collapse Disorder (CCD) ou "syndrome d'effondrement des colonies" qui est responsable de la disparition de 50 à 90 % des colonies d'abeilles mellifères aux États-Unis. Le CDD se manifeste par la disparition des ouvrières, sans que les réserves de la ruche ne soient touchées par un quelconque parasite, laissant une reine quasiment seule.

L'acarien varroa, le principal parasite des abeilles domestiques, n'est pas détecté dans les ruches atteintes. Par contre, des chercheurs viennent de découvrir qu'un virus, encore méconnu aux États-Unis, le virus de la paralysie aigu ou Israeli Acute Paralysis Virus (IAPV) était présent dans 96 % des ruches présentant le symptôme d'effondrement. C'est en étudiant le génome de l'abeille nouvellement séquencé en 2006 et, plus précisément, en comparant des séquences d'ADN d'abeilles saines et d'abeilles provenant de ruches malades que les chercheurs ont réussi à repérer ce nouveau virus. Identifié pour la première fois en Israël en 2004, ce virus appartient à la famille Dicistroviridae. L'IAPV a également été détecté dans des abeilles provenant de ruches australiennes, sans que celles-ci ne soient pourtant atteintes du CCD, et dans la gelée royale importée de Chine pour la consommation humaine.

Selon les chercheurs, l'IAPV est au moins l'un des facteurs responsables du CDD, mais il agirait très probablement en combinaison avec d'autres facteurs comme par exemple le varroa ou l'exposition aux pesticides, qui affaiblissent grandement les colonies. L'importation d'abeilles australiennes porteuses du virus en 2004, date à laquelle les premiers symptômes sont apparus aux États-Unis pourrait être à l'origine de cette dramatique épidémie. À suivre... (source : Sciences&Avenir.com)

Référence :
  • Cox-Foster DL, Conlan S et al., 2007. A Metagenomic Survey of Microbes in Honey Bee Colony Collapse Disorder. Science (publication électronique avancée du 6 septembre 2007) [Résumé en anglais sur PubMed]

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