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mardi 14 novembre 2017

L'imidaclopride et le chlorpyrifos, des insecticides néfastes pour les oiseaux

L'imidaclopride (néonicotinoïde) et le chlorpyrifos-éthyl (organophosphoré) sont deux insecticides neurotoxiques couramment utilisés pour lutter contre divers insectes ravageurs dans les cultures de céréales, de colza, de légumes ou les vergers. Ces deux insecticides sont connus pour avoir des effets néfastes sur les abeilles, notamment sur leur mémoire olfactive et leur capacité à butiner et à s'orienter en vol.

Des recherches menées à l'Université de la Saskatchewan ont montré que l'imidaclopride et le chlorpyrifos ont aussi des effets toxiques directs sur les oiseaux chanteurs et granivores, notamment sur leur masse corporelle et leur capacité à migrer. Lorsque les oiseaux consomment l'équivalent de seulement trois à quatre graines de colza (canola) traitées à l'imidaclopride ou huit granules de chlorpyrifos par jour pendant trois jours, les chercheurs ont observé :
- une diminution importante de leur réserve de graisse (jusqu'à 25%) et de leur poids;
- des signes d'intoxication aiguës (léthargie, perte d'appétit);
- et une modification importante de leur capacité à s'orienter.

Les oiseaux granivores qui se ravitaillent dans les champs au cours de leur migration sont particulièrement menacés. Ils peuvent consommer des graines enrobées d'imidaclopride et des granules de chlorpyrifos qu'ils confondent avec des graines. Cette intoxication pourrait modifier leur comportement migratoire et réduire ainsi leur chance de survie ou de se reproduire.

 Les recherches ont été menées en laboratoire sur le bruant à couronne blanche (Zonotrichia leucophrys), un passereau migrateur très courant en Amérique du Nord. Crédit photo: Wolfgang Wander — Travail personnel / http://www.pbase.com/image/83910026

jeudi 17 juillet 2014

Vers un nouveau printemps silencieux?

Depuis les années 1990, les néonicotinoïdes sont les insecticides les plus employés dans le monde pour lutter contre les insectes ravageurs agricoles. Ils représentent désormais près de 40 % du marché mondial des insecticides. Les néonicotinoïdes, comme l'imidaclopride, sont particulièrement appréciés des agriculteurs pour leur grande efficacité et leur facilité à utiliser au moyen de semences enrobées et prétraitées. Ce sont des insecticides neurotoxiques, qui empêchent la fixation d'un neurotransmetteur sur les récepteurs nicotiniques des insectes, et systémiques, qui diffusent dans tout l'organisme des plantes, y compris le pollen et le nectar.

On sait désormais que les néonicotinoïdes sont aussi toxiques, même à faibles doses, pour des insectes non ciblés comme les abeilles et autres insectes pollinisateurs. Leurs traces et résidus sont d'ailleurs suspectés de contribuer à l'effondrement des populations d'abeilles que l'on observe depuis quelques années à l'échelle de la planète. Pour la première fois, une récente étude néerlandaise, publiée dans la revue Nature, montre que les néonicotinoïdes affectent aussi indirectement les oiseaux, particulièrement ceux qui se nourrissent d'insectes, et suggère un effet en cascade à grande échelle des néonicotinoïdes sur les écosystèmes et l'environnement.

Les chercheurs néerlandais ont établi une corrélation entre la teneur en imidaclopride dans les eaux de surface des terres agricoles et le déclin des populations de diverses espèces d'oiseaux insectivores des Pays-Bas (Alouette des champs, Pipit des près, Étourneau sansonnet, Grive draine, etc.). Dans les régions où la teneur en imidaclopride des eaux de surface est supérieure à 20 ng/l, les populations d'oiseaux insectivores ont en effet tendance à décroître de 3,5 % en moyenne par an. Cette tendance au déclin est seulement observée depuis le milieu des années 1990, date à laquelle l'imidaclopride a été introduit aux Pays-Bas.

L'étude ne prétends pas que l'imidaclopride est une cause directe du déclin des oiseaux dans les régions agricoles des Pays-Bas. Les néonicotinoïdes agiraient donc indirectement sur les populations aviaires, principalement en réduisant le nombre de mouches, sauterelles, punaises et chenilles dont les oiseaux insectivores se régalent. Toutefois, des intoxications directes, suite à l'ingestion de semences enrobées traitées aux néonicotinoïdes ne sont pas à exclure, particulièrement chez les jeunes oiseaux.

Dans une entrevue publiée sur le site de National Geographic, les chercheurs néerlandais n'hésitent pas à faire le parallèle avec l'appel de Rachel Carson, lancé en 1962, pour avertir le monde que les pesticides contribuaient au silence des oiseaux. Comme hier le DDT et les pesticides persistants, il apparaît que les néonicotinoïdes nuisent aussi à la biodiversité de la planète et qu'ils pourraient être responsable d'un nouveau printemps silencieux.

Pour en savoir plus :

Capture d'écran provenant du reportage de Radboud Universiteit Nijmegen


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