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samedi 14 novembre 2020

Alternatives aux pesticides de synthèse : les extraits végétaux

Divers extraits bruts de plantes telles que l’ail, le thym, la consoude, la sauge, les orties, les tagètes (œillets) les fougères et les prêles sont utilisées empiriquement pour leurs propriétés insecticides, insectifuges, acaricides, fongicides, herbicides ou nématicides, selon les cas. Obtenus artisanalement par broyage, fermentation, décoction, macération ou infusion des feuilles, des tiges ou des fleurs, ces extraits peuvent être employés comme pesticide à l'échelle d'un jardin ou d'un potager. Classés comme «préparations naturelles peu préoccupantes» ou «biostimulants», ils bénéficient généralement de procédures allégées pour leur mise en marché.

Bien qu'ils soient généralement moins efficaces que les extraits purifiés ou les principes actifs isolés, les extraits végétaux bruts présentent plusieurs avantages :

  • ils sont riches en oligoéléments et, de ce fait, peuvent servir à enrichir et activer le compost et à stimuler la microflore bénéfique du sol.
  • ils peuvent stimuler la croissance des plantes traitées et leurs défenses naturelles contre les maladies, les parasites et les ravageurs.
  • leurs effets pesticides multiples et leurs modes d'action diversifiés limitent les risques de développement des résistances chez les populations visées.

Il existe un très grand nombre de recettes maisons pour les préparer. Toutefois, il est à noter que les effets pesticides de certaines recettes maisons ne sont pas toujours corroborés par les études scientifiques.

 

Liste des principaux extraits végétaux utilisés comme pesticides en horticulture

Ce tableau présente à titre informatif une liste non exhaustive d’extraits végétaux qui ont des activités fongicides, insecticides ou répulsives. Ils sont principalement destinés à un usage domestique. Leur efficacité peut varier selon les modes de préparation, d’application et d’entreposage, les doses d’emploi et les conditions environnementales. Par ailleurs, même s’ils sont naturels, ils peuvent être toxiques pour les humains, la flore ou la faune. Aussi, il faut rester prudent lorsqu’on les prépare ou qu’on les applique sur les plantes ou sur le sol. 


Plante

Propriétées

Mode de préparation et d’utilisation*

Absinthe

Artemisia absinthium

Insecticide (piéride, ver de la pomme), fongicide (rouille du groseillier), répulsif (limaces)

Infusion, décoction et extrait fermenté (tiges et feuilles), pulvérisation au sol

Ail

Allium sativum

Insecticide (pucerons, charançons, doryphore) et acaricide, fongicide (fonte de semis, moisissure grise, cloque du pêcher), répulsif (chevreuil)

Décoction ou macération huileuse (gousses hachées), arrosage au sol contre les champignons ou pulvérisation foliaire contre les insectes

Bardane

Arctium

Fongicide (mildiou), fertilisant

Macération, engrais au sol et foliaire, paillis (plantes entières avec racines)

Capucine

Tropaeolum majus

Insecticide (aleurodes), fongicide (mildiou, chancres des arbres fruitiers)

Infusion ou macération (feuilles fraîches)

Consoude Symphitum officinalis

Renforçateur des défenses naturelles, fertilisant riche en potassium et bore, activateur de compost

Décoction, extrait fermenté, jus concentré (feuilles fraîches)

Arrosage ou pulvérisation foliaire

Note : les feuilles feuilles fraîches peuvent être appliquées en paillis.

Ortie

Urtica dioica

Répulsif insectifuge (puceron, carpocapse), insecticide (pucerons) et acaricide, renforçateur des défenses naturelles, fertilisant, fongicide (maladies des racines), activateur de compost

Infusion, décoction, macération ou extrait fermenté (plantes entières avant floraison avec racines

Arrosage ou pulvérisation foliaire

Note : les préparations peuvent aussi servir à protéger les racines lors de la plantation.

Prêle des champs

Equisetum arvense

Renforçateur des défenses naturelles,

fongicide préventif (oïdium, mildiou, rouille, botrytis), répulsif insecticide

Décoction ou macération (feuilles fraîches ou sèches)

Pyrèthre

Tanacetum cinerariifolium ou Chrysanthemum cinerariifolium

Insecticide (pucerons, aleurodes, mouches) et acaricide

Infusion ou macération (fleurs épanouies fraîches ou sèches)

Pulvérisation sur les feuilles

Note : attention, l’extrait contient des pyréthrines qui sont toxiques pour les pollinisateurs

Raifort

Armoracia rusticana

Fongicide à large spectre

Infusion, macération et extrait fermenté (plantes entières avec racines)

Rhubarbe

Rheum rhaponticum

Répulsif insectifuge (pucerons, chenilles, plusieurs larves), limaces et rongeurs

Macération ou extrait fermenté (feuilles)

Pulvérisation, épandage des feuilles séchées et broyées au sol

Note : attention certains principes actifs peuvent être toxiques.

Sauge officinale

Salvia officinalis

Répulsif insectifuge

Fongicide (mildiou)

Infusion, décoction ou extrait fermenté (tiges et feuilles)

Note : ne pas utiliser sur semis (ralentissement de la germination)

 *Les modes de préparation et d’utilisation peuvent varier selon les auteurs.

  • Infusion : extraction des principes actifs par l’eau bouillante (surtout pour pour les tissus tendres);  
  • Décoction : extraction par trempage dans l’eau (24 heures), puis à l’eau bouillante et court trempage (20 à 30 minutes) dans l’eau frémissante (surtout utilisé pour les tissus coriaces); 
  • Macération : extraction par trempage simple (24 heures) dans l’eau froide ou de l’huile (lin, paraffine); 
  • Extrait fermenté ou purin : extraction par trempage prolongé dans l’eau froide (entre 5 et 30 jours) et fermentation.
Les extraits doivent être refroidis et filtrés avant de traiter. Certaines préparations peuvent être stockées au besoin pendant quelques jours à l’abri de la lumière et à température fraîche.

 

vendredi 15 janvier 2016

Stimulateurs des défenses naturelles des plantes

Diverses substances naturelles ou synthétiques peuvent stimuler les défenses naturelles des plantes saines contre les champignons et les bactéries phytopathogènes voire certains phytovirus; après avoir été reconnues par des récepteurs membranaires, ces substances appelées éliciteurs exogènes induisent une série de réactions métaboliques comme la production de signaux d'alerte (acide salicylique, acide jasmonique, éthylène), de protéines de défense (protéines PR, péroxydases, chitinases, etc.) ou de substances antimicrobiennes (phytoalexines) et qui peuvent conduire à des réponses physiologiques comme l'épaississement des parois cellulaires.

Fondée sur le même principe que la vaccination, la stimulation des défenses naturelles permet aux plantes saines d'acquérir une certaine résistance contre les agents infectieux (résistance systémique acquise) qui peut durer de quelques jours à quelques semaines. On distingue deux types de Stimulateurs des défenses naturelles des plantes (SDN ou SDP) soit les éliciteurs qui stimulent les réactions métaboliques de défenses dès leur application et les potentialisateurs qui les déclenchent uniquement lorsque la plante traitée est infectée. Tous deux agissent de façon préventive et systémique sans entrer en contact avec les agents phytopathogènes. Leur persistance d'action est toutefois limité et les traitements doivent être renouvelés fréquemment.

Les SDP ne sont pas à proprement parlé des fongicides car ils n'exercent aucune toxicité directe sur les champignons ou les bactéries.

Il est à noter qu'on trouve sur le marché de nombreux produits fertilisants commercialisés comme «phytostimulants», «biostimulants» ou «bioactivateurs» ce qui laissent à penser qu'ils possèdent une activité SDP. En stimulant la microflore du sol, les biostimulants favorisent en effet  l'absorption des nutriments minéraux par les plantes et, ce faisant, augmente leur vitalité et leur tolérance aux stress abiotiques ou aux maladies. Toutefois, leur efficacité pour prévenir les maladies ne peut être garantie.


SDP naturels

Quelques SDP naturels d'origine végétale, animale ou bactérienne sont homologués dans le monde :
  • la laminarine est un polysaccharide à base de glucanes (β-1,3-glucanes) extrait d’algues brunes (Laminaria digitata) et est efficace sur le blé, l'orge, le riz, le tabac et le pommier. Elle est homologuée en France pour prévenir la tavelure du pommier et le feu bactérien du pommier et du poirier (Bernardon-Méry A. et al., Phytoma 2013).
  • la chitosane (β-1,4 poly D glucosamine) est un polysaccharide obtenu par désacétylation de la chitine extraite de la cuticule des Crustacés (El Hadrami A. et al, Marine Drugs 2010). Elle est homologué aux États-Unis pour prévenir les maladies fongiques sur la vigne.
  • l'harpine, un peptide riche en glycine produit par la bactérie Erwinia amylovora, est efficace contre divers agents phytopathogènes, y compris certains phytovirus, sur le cotonnier, le tabac, la tomate, le piment, le fraisier, etc. (Wei ZM, Science 1992). Elle est homologué aux États-Unis depuis 2002 et pourrait être utilisée prochainement pour traiter les semences.
  • L'extrait de graines de Fenugrec ou trigonelle (Trigonella foenum-graecum, Fabaceae) est homologué en France pour protéger la vigne contre l'oïdium. Cet extrait est riche en protéines, en éléments minéraux et en flavonoïdes.
  • Le Milsana à base d'extraits de renouée de Sakhaline (Reynoutria sachalinensis, Polygonaceae) est autorisé en Allemagne et aux États-unis. Il contient entre autres du resvératrol, un polyphénol aux propriétés antifongiques (mildious, Botrytis) et antibactériennes.
Non toxiques pour la faune et les humains, ces substances naturelles se décomposent rapidement dans les plantes et l'environnement et ne laissent donc aucun résidu. Leur emploi est généralement compatible avec le cahier des charges de l'agriculture biologique. Ils sont aussi souvent associés à des fongicides de synthèse dans des programmes de lutte intégrée ou des stratégies anti-résistance.

SDP synthétiques

Divers SDP synthétiques sont commercialisés :
  • les phosphonates (ou phosphites) de potassium ou de sodium préviennent le mildiou de la vigne, le Phytophtora des arbres fruitiers ou le Pythium des gazons.
  • le foséty-al est utilisé sur la vigne contre le  mildiou et la pourriture noire.
  • l'acibenzolar-S-methyl est un benzothiadazole analogue structural de l'acide salicylique et prévient l’oïdium chez le blé, la moucheture bactérienne (Pseudomonas syringae) chez la tomate ainsi que les cercosporioses chez le bananier. Il est l'ingrédient actif du Bion qui est commercialisé en France.
  • la probénazole, un autre benzothiadazole, est employée au Japon pour protéger le riz contre la pyriculariose (Magnaporthe grisea) et les bactérioses dues à Xanthomonas oryzae.
D'origine industrielle, ces composés synthétiques ne sont pas autorisés en agriculture biologique.

mardi 22 juillet 2014

Des plantes pour lutter contre la malaria en Tanzanie

Dans les régions rurales d'Afrique, diverses plantes indigènes sont traditionnellement utilisées pour lutter contre les moustiques vecteurs de la malaria et d'autres parasitoses. En Tanzanie, ces plantes sont souvent les seuls moyens pour les communautés isolées de se protéger contre la malaria. Dans le but de connaître les pratiques de ces communautés et leurs relations avec les plantes pour lutter contre la malaria, des éthnobotanistes anglais ont interrogés plus de 200 personnes répartis dans quatre villages tanzaniens du district de Bagamoyo. Un peu plus de 40 % des villageois ont déclaré utiliser des plantes pour éloigner les moustiques et autres insectes piqueurs. Les résultats de l'enquête ethnobotanique révèlent qu'une grande diversité d'arbres, arbustes ou plantes herbacées sont utilisés.

Parmi les plantes les plus fréquemment citées par les villageois tanzaniens, on trouve le margousier (Azadirachta indica), les annones (Anona sp.),  l'anacardier ou pommier-cajou (Anacardium occidentale), des arbustes du genre Citrus, des plantes herbacées du genre Ocimum (proches du basilic), le manguier (Mangifera indica L.), le goyavier (Psidium guajava) et le cocotier (Cocos nucifera). À l'exception du goyavier, toutes ces plantes sont connues pour leurs propriétés insecticides, répulsives ou antiseptiques.

Il pourrait être intéressant de sensibiliser l'ensemble de la population à ces pratiques locales, dans le cadre des programmes de lutte contre la malaria. Combinée à l'utilisation systématique de moustiquaires, l'utilisation de plantes indigènes pourrait accroître l'efficacité de la lutte contre la malaria et contribuer à réduire l'épandage d'insecticides chimiques.


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« Neemtree ». Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons.

Les graines du margousier (Neemtree en anglais), dont on extrait l'huile de neem, contiennent un insecticide naturel de la famille des limonoïdes, l' azadirachtineé. En Afrique, le brulage de ses feuilles est aussi couramment utilisé comme répulsif pour chasser les moustiques.


Gui1 cashewfruit2.jpg
« Gui1 cashewfruit2 ». Sous licence Public domain via Wikimedia Commons.

Riche en flavonoïdes, en acide anacardique et en tanins, la pomme de cajou, est un excellent répulsif contre les moustiques et insectes piqueurs. On laisse habituellement la pomme coupée en deux pourrir à même le sol pour éloigner les insectes ou dans une mare pour tuer les larves de moustiques. La coque de la noix de cajou contient aussi une résine toxique qu'on peut utiliser comme insecticide naturel.  

Référence : 
  • Innocent E, Hassanali A, Kisinza WN, Mutalemwa PP, Magesa S, Kayombo E. Anti-mosquito plants as an alternative or incremental method for malaria vector control among rural communities of Bagamoyo District, Tanzania. J Ethnobiol Ethnomed. 2014 Jul 11;10(1):56. [PubMed]

jeudi 15 novembre 2012

L'allélopathie, une nouvelle voie pour maîtriser les adventices

Plusieurs plantes ont la capacité de synthétiser et de diffuser dans leur environnement par volatilisation ou exsudation racinaire des composés organiques qui inhibent la germination ou la croissance de plantes voisines d'espèces différentes. Cette interaction chimique entre plantes appelé allélopathie joue un rôle important dans la compétition interspécifique pour les ressources de l'environnement chez les végétaux.

L'allélopathie offre aussi des perspectives intéressantes pour la gestion des "mauvaises herbes" ou adventices, notamment pour réduire l'utilisation des herbicides synthétiques et développer de nouveaux herbicides naturels. Les composés allélopathiques sont des métabolites secondaires (non essentiels au métabolisme général des plantes), tels que des flavonoïdes, des quinones, des acides phénoliques (acide salicylique) ou des terpénoïdes (eucalyptol). En particulier, les Labiées produisent des huiles essentielles qui pourraient servir de bioherbicides.

L'effet allélopathique peut être utilisé directement en cultivant des plantes intercalaires  ou indirectement en enfouissant certaines plantes ou produits végétaux qui en se décomposant libèrent des huiles essentielles aux propriétés herbicides. L'installation de plantes de couverture ou l'épandage de résidus végétaux permet en outre de protéger le sol contre l'érosion, d'augmenter son taux de matière organique et sa capacité de rétention de l'eau; ils sont une composante essentielle de l'agriculture de conservation qui exclut le labour.

Pour en savoir plus : 

samedi 22 décembre 2007

Plongeon mortel (Vidéo à voir)

Nepenthes rafflesiana est une plante carninore qui pousse dans les forêts tropicales humides d'Asie. En utilisant des caméras très rapides, deux chercheurs français du CNRS ont filmé la capture de mouches et de fourmis dans les urnes d'une de ces plantes.

Les urnes de la plante carnivore contiennent un liquide visqueux et gluant qui assure à la fois la digestion des insectes et un rôle crucial dans leur capture. Le liquide secrété par N. rafflenasiae possède, en effet, des propriétés viscoélastiques qui lui permettent d'immobiliser rapidement la proie, en produisant des filaments de forte rétention. L'insecte est ainsi immédiatement recouvert du liquide visqueux et ne peut plus se dégager du piège gluant. Même lorsqu'il est dilué à 90 % par les eaux de pluies, ce qui arrive fréquemment dans les forêts tropicales humides, le liquide viscoélastique des plantes carnivores continue d'exercer sa mortelle emprise sur les insectes. Au contraire, dans l'eau, une mouche est capable de se dégager rapidement et de ainsi de reprendre son envol. Ce liquide, dont la consistance est semblable à celle des mucus ou salives secrétés par certains batraciens et reptiles, pourrait servir au développement de nouveaux bioinsecticides. (source : Sciences et Avenir.com)

Référence :
 
"Nepenthes rafflesiana ant". Licensed under Creative Commons Attribution 2.5 via Wikimedia Commons - http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Nepenthes_rafflesiana_ant.jpg#mediaviewer/Fichier:Nepenthes_rafflesiana_ant.jpg.

jeudi 1 novembre 2007

Premier bioinsecticide viral au Canada

Le Carpocapse des pommes (Cydia pomonella) est un papillon dont les chenilles frugivores s'attaquent non seulement aux pommes, mais aussi aux poires, pêches, prunes, noisettes et noix de Grenoble. De fait, c'est un redoutable ravageur des cultures fruitières au Québec. Il y a une dizaine d'années, l'entomologiste Charles Vincent et son équipe du Centre de recherche en horticulture de Saint-Jean sur Richelieu (Agriculture et Agroalimentaire Canada) identifiait dans les vergers du Québec un virus entomopathogène spécifique du Carpocapse des pommes. Ce virus à granulose, dénomé CpGV (pour Cydia pomonella Granulovirus), est un baculovirus qui infecte uniquement les chenilles du Carpocapse tout en étant totalement inoffensif pour les insectes bénéfiques et les humains. Il possède en outre une durée de vie très courte, ce qui limite considérablement sa prolifération dans l'environnement.

"Cydia pomonella (Falter)". Licensed under Public domain via Wikimedia Commons - http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Cydia_pomonella_(Falter).jpg#mediaviewer/Fichier:Cydia_pomonella_(Falter).jpg.
Grâce à un nouveau procédé de production plus performant permettant de sélectionner les souches de CpGV les plus efficaces et sans modifications génétiques, la société gaspésienne BioTepp a développé quelques années plus tard un insecticide biologique à base de ce granulovirus indigène, le Virosoft Cp4. Premier insecticide viral à être homologué contre un insecte ravageur agricole au Canada, le Virosoft Cp4 connaît un certains succès aux États-unis, où il est utilisé à grande échelle dans les plantations fruitières des états de Washington et du Michigan. Au Canada, dans la vallée de l'Okanagan, une région de Colombie-Britannique réputée pour ses vergers et ses cultures fruitières, les producteurs ont plutôt choisi, avec l'aide du gouvernement fédéral, la stérilisation des mâles comme procédé pour combattre le carpocapse. Néanmoins, parfaitement adapté aux conditions nord-américaines, ce bioinsecticide viral devrait s'avérer très utile dans les vergers biologiques du Québec et de l'Ontario, où les pesticides chimiques sont bannis.

D'autres bioinsectides à base de baculovirus naturels sont en cours de développement pour contrôler divers ravageurs horticoles et agricoles comme la tordeuse à bande oblique (Choristoneura rosaceana) ou la fausse arpenteuse du chou (Trichoplusia ni). En foresterie, des insecticides viraux sont aussi utilisés contre la spongieuse (Lymnantria dispar), mais ceux-ci sont généralement préparés à partir de virus modifiés génétiquement.


Pour en savoir plus :
  • Lire l'article de Gervais T. dans Québec Science : "Haro sur les parasites de la pomme", Québec Science 46 (2) p. 8-9, octobre 2007.
  • Consulter le site de BioTepp : http://www.biotepp.com/

vendredi 13 juillet 2007

Peristance et dissémination des gènes du Bt dans les milieux aquatiques

Au Québec, les insecticides à base de toxines de Bacillus thuringiensis kurstaki (Btk) et le maïs transgénique Bt sont de plus en plus utilisés pour combattre les populations de lépidoptères ravageurs du maïs. Le gène bactérien qui code pour la toxine Cry1Ab, une protéine spécifiquement toxique pour les lépidoptères, a été introduit dans le maïs Bt à cet effet.

Des chercheurs d'Environnement Canada ont découvert que le gène Cry1Ab persistait dans les sols (sédiments) et les milieux aquatiques près des champs de maïs pendant 20 à 40 jours après les récoltes. Ils ont aussi détectés des gènes Cry1Ab dans la rivière Richelieu et le fleuve Saint-Laurent, à plus de 80 km en aval des parcelles de cultures de maïs. Il semble donc que les transgènes Bt sont disséminés par les rivières qui drainent les régions agricoles. 

Référence :
  • Douville M, Gagné F, Blaise C, André C., 2007. Occurrence and persistence of Bacillus thuringiensis (Bt) and transgenic Bt corn cry1Ab gene from an aquatic environment. Ecotoxicol Environ Saf. 66(2):195-203. [PubMed]

samedi 26 mai 2007

La chenille processionnaire du pin

La chenille processionnaire du pin, Thaumetopoea pityocampa (Lép. Notodontidé), est un important insecte ravageur des forêts méditerranéennes. Ses chenilles défoliatrices se nourrissent des aiguilles de plusieurs espèces de pins et de cèdres. Elles provoquent ainsi un ralentissement de la croissance et un affaiblissement des arbres, ce qui les rend plus vulnérables aux maladies et aux autres ravageurs forestiers. De plus, dès leur 3ème stade, les larves se recouvrent de poils très urticants. Projetés dans l'air, ces poils urticants sont la cause de divers problèmes de santé chez les hommes et les animaux comme des allergies, des démangeaisons cutanées, des problèmes respiratoires ou encore des crises d'asthme.

"Chenilles processionnaire ligne" by Lamiot — Travail personnel. Licensed under Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0-2.5-2.0-1.0 via Wikimedia Commons

Parmi l'ensemble des méthodes de lutte contre ce ravageur, les traitements à base de la bactérie entomopathogène Bacillus thuringiensis kurtaki (Btk) sont les plus utilisés actuellement. D'autres approches de luttes biologiques, comme par exemple la prédation par des mésanges ou la confusion sexuelle par des phéromones, sont présentement à l'étude. (Source : Futura-Sciences, Martin JC)

Pour en savoir plus :

mercredi 26 avril 2006

Les herbicides pourraient favoriser la résistance des moustiques aux insecticides

L'atrazine est un puissant désherbant systémique, principal polluant des eaux et interdit d'utilisation en France depuis 2003. Des chercheurs du laboratoire d'écologie alpine de Grenoble (Université Joseph Fournier) ont étudié les interactions possibles entre cet herbicide persistant et la sensibilité des larves de moustiques aux insecticides. Leurs récents travaux, publiés dans la revue Chemosphere, montre qu'un contact de deux jours des larves de moustiques Aedes aegypti avec l'Atrazine conduit à une diminution significative de leur mortalité lorsqu'elles sont traitées avec le larvicide biologique Bti (Bacillus thuringiensis var. israelensis).

L'Atrazine pourrait donc favoriser indirectement la résistance des moustiques vecteurs à certains insecticides comme le Bti et ainsi diminuer l'efficacité des traitements. Ces résultats sont d'autant plus intéressantes que les terres humides où s'accumulent les résidus d'herbicides chimiques sont aussi les écosystèmes privilégiés par les moustiques vecteurs pour se reproduire. Les campagnes de démoustication et de lutte antivectorielle devront donc prendre en compte ces nouvelles données écotoxicologiques pour assurer un contrôle efficace des invasions de moustiques.

Référence :
  • Boyer S, Serandour J, Lemperiere G, Raveton M, Ravanel P., 2006. Do herbicide treatments reduce the sensitivity of mosquito larvae to insecticides? Chemosphere, édition électronique avancée du 27 mars 2006 (courte communication sous presse) [Résumé en anglais sur PubMed]

vendredi 9 décembre 2005

Des moustiques résistants au Bt

Depuis quelques années, les autorités sanitaires des grandes métropoles nord-américaines s'efforcent de contrôler les populations de moustiques urbains comme Culex pipiens qui sont les principaux vecteurs du virus du Nil occidental. Aux États-Unis, dans l'État de New-York, quatre insecticides sont utilisés couramment :
- le methoprène, un régulateur de croissance;
- la phénothrine, un pyréthrinoïde de synthèse;
- et deux bioinsecticides bactériens, soit le Bacillus sphaericus (Bs) et le Bacillus thuringiensis israelensis (Bti). 

Des chercheurs de l'Université de Cornell, à Ithaca, ont étudié la résistance à ces quatre insecticides dans deux populations de C. pipiens provenant d'Albany et de Syracuse (État de New-York). Leurs travaux révèlent de très hauts niveaux de résistance au Bti dans la population de C. pipiens de Syracuse. Toutefois, selon les auteurs, les moustiques ne se mélangent pas rapidement, ce qui conduit à des résistances très localisées. 

Référence : 
  • Paul A, Harrington LC, Zhang L, Scott JG., Insecticide resistance in Culex pipiens from New York, J Am Mosq Control Assoc. 2005 Sep;21(3):305-9 [Résumé en anglais]

vendredi 28 octobre 2005

Les effets de la terre de diatomées et les extraits de pois sur les insectes de denrées stockées

Les insectes des denrées stockées posent de nombreux problèmes dans les silos à grains, les moulins à farine et les usines de transformation alimentaire. Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), 5 à 10% des céréales sont perdus au cours de leur entreposage.
La protection des grains et des denrées stockées se fait par des moyens physiques comme l'aération de silos, et par l'utilisation de nombreux insecticides de synthèse dont certains sont dangereux pour la santé humaine. La résistance des insectes des denrée stockées aux insecticides et la contamination des aliments par des résidus d'insecticides ont poussé les chercheurs à s'intéresser à d'autres types d'insecticides moins toxiques.
Au cours du congrès de la Société d'entomologie du Québec (SEQ), qui s'est tenu cette année à Orford (Cantons de l'Est), Paul Fields du Centre de recherche sur les céréales à Saskatoon (Agriculture et Agroalimentaire Canada) a présenté deux alternatives aux insecticides de synthèse prometteuses:
  1. Constituée des coques de silice d'algues unicellulaires, la terre de diatomées est une poudre très fine qui absorbe la cire de la cuticule des insectes provoquant leur déshydratation;
  2. Les extraits de farine de pois contiennent de petits peptides, des saponines et des lysolecithines qui ont des effets toxiques et antiappétents pour les insectes de denrée stockées sans affecter leurs parasites. 
Pour en savoir plus:

  • Société d'entomologie du Québec, Paul Fields, Wes Taylor et Xingwei Hou. Travail dans la noirceur : Les effets de la terre de diatomées et les extraits de pois sur les insectes de denrées stockées. 132ème réunion annuelle de la Société d'entomologie du Québec, Orford (Québec), 28 octobre 2005 [Résumé]


  • Enhancement of protein-rich pea flour against stored-product insects and its affect on the insect midgut (ARDI, Agri-Food Research and Development Initiative, Manitoba)
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