Ce radical et surprenant changement de politique de l'OMS a suscité une controverse au sein de la communauté scientifique, et a soulevé les protestations de nombreuses organisations écologistes, sociales et humanitaires. Pour ces derniers, le DDT reste un produit dangereux, interdit aux États-Unis depuis 1972, qui est toujours classé par plusieurs agences gouvernementales comme un agent persistant pouvant perturber le système endocrinien et provoquer des cancers ou des lésions nerveuses chez les hommes et les animaux.
Après avoir connu un certain succès dans la lutte contre la malaria dans les années 50, les populations de moustiques vecteurs sont devenues résistantes, réduisant de ce fait son efficacité, et le DDT s'est rapidement avéré dangereux pour la faune et l'environnement, principalement en s'accumulant et en persistant dans les chaînes alimentaires. Les adversaires de ce vieux pesticide chimique accusent aussi l'OMS de céder aux pressions économiques et politiques de l'industrie chimique, et de certains gouvernements étrangers, dont ceux des États-Unis, du Canada et du Japon, qui souhaiteraient saper la législation internationale sur les produits chimiques.
Pour les adversaires du DDT, le paludisme dont près de 90% des victimes sont africaines, est lié à la pauvreté et au sous développement, et la solution chimique ne doit pas être la composante majeure des stratégies de lutte contre cette maladie. Pour réduire l'incidence du paludisme, ils préconisent plutôt une approche basée sur la communauté comprenant diverses mesures comme le nettoyage des gîtes de reproduction des moustiques, la distribution de médicaments et de moustiquaires, la mise en place de mesures d'hygiène publique et de projets locaux d'éducation à la santé, un traitement rapide et un recours modéré au contrôle chimique.
Actuellement 14 pays pratiquent la pulvérisation résiduelle intérieure, c'est à dire le traitement des habitations par des insecticides à effet lent et action longue, et dix d'entre eux, dont l'Afrique du Sud, utilisent le très controversé DDT. Financée en partie par les États-unis, l'utilisation du DDT devrait maintenant s'étendre à une quarantaine de nouveaux pays au risque de créer de nouveaux dommages collatéraux aux générations futures. (OP)
Pour en savoir plus:
- Lutte antipaludique: l’OMS estime que l’utilisation de DDT à l’interieur des habitations est sans danger pour la santé (OMS 15.09.06)
- Des experts s'opposent à la guerre chimique contre le paludisme (IPS 03.10.06)
- L'OMS recommande le DDT pour des stratégies de lutte contre le paludisme (IPS 19.09.06)
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