mardi 3 octobre 2006

Controverse sur l'utilisation du DDT pour lutter contre le paludisme

Alors que le DDT (dichloro-diphényl-trichloréthane) fait toujours parti des 12 substances chimiques devant être graduellement supprimées dans le monde conformément à la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POP) signée en mai 2002, l'organisation mondiale pour la santé (OMS) recommande aujourd'hui son utilisation à l'intérieur des maisons pour lutter contre le paludisme. Selon l'OMS, la pulvérisation résiduelle de DDT à l'intérieur des habitations et des abris pour animaux, si elle est bien gérée, est un des outils les plus efficaces pour lutter contre les moustiques vecteurs, et est sans danger pour la santé humaine et animale et pour l'environnement.

Ce radical et surprenant changement de politique de l'OMS a suscité une controverse au sein de la communauté scientifique, et a soulevé les protestations de nombreuses organisations écologistes, sociales et humanitaires. Pour ces derniers, le DDT reste un produit dangereux, interdit aux États-Unis depuis 1972, qui est toujours classé par plusieurs agences gouvernementales comme un agent persistant pouvant perturber le système endocrinien et provoquer des cancers ou des lésions nerveuses chez les hommes et les animaux. Après avoir connu un certain succès dans la lutte contre la malaria dans les années 50, les populations de moustiques vecteurs sont devenues résistantes, réduisant de ce fait son efficacité, et le DDT s'est rapidement avéré dangereux pour la faune et l'environnement, principalement en s'accumulant et en persistant dans les chaînes alimentaires. Les adversaires de ce vieux pesticide chimique accusent aussi l'OMS de céder aux pressions économiques et politiques de l'industrie chimique, et de certains gouvernements étrangers, dont ceux des États-Unis, du Canada et du Japon, qui souhaiteraient saper la législation internationale sur les produits chimiques.

Pour les adversaires du DDT, le paludisme dont près de 90% des victimes sont africaines, est lié à la pauvreté et au sous développement, et la solution chimique ne doit pas être la composante majeure des stratégies de lutte contre cette maladie. Pour réduire l'incidence du paludisme, ils préconisent plutôt une approche basée sur la communauté comprenant diverses mesures comme le nettoyage des gîtes de reproduction des moustiques, la distribution de médicaments et de moustiquaires, la mise en place de mesures d'hygiène publique et de projets locaux d'éducation à la santé, un traitement rapide et un recours modéré au contrôle chimique.

Actuellement 14 pays pratiquent la pulvérisation résiduelle intérieure, c'est à dire le traitement des habitations par des insecticides à effet lent et action longue, et dix d'entre eux, dont l'Afrique du Sud, utilisent le très controversé DDT. Financée en partie par les États-unis, l'utilisation du DDT devrait maintenant s'étendre à une quarantaine de nouveaux pays au risque de créer de nouveaux dommages collatéraux aux générations futures.

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