On sait désormais que les néonicotinoïdes sont aussi toxiques, même à faibles doses, pour des insectes non ciblés comme les abeilles et autres insectes pollinisateurs. Leurs traces et résidus sont d'ailleurs suspectés de contribuer à l'effondrement des populations d'abeilles que l'on observe depuis quelques années à l'échelle de la planète. Pour la première fois, une récente étude néerlandaise, publiée dans la revue Nature, montre que les néonicotinoïdes affectent aussi indirectement les oiseaux, particulièrement ceux qui se nourrissent d'insectes, et suggère un effet en cascade à grande échelle des néonicotinoïdes sur les écosystèmes et l'environnement.
Les chercheurs néerlandais ont établi une corrélation entre la teneur en imidaclopride dans les eaux de surface des terres agricoles et le déclin des populations de diverses espèces d'oiseaux insectivores des Pays-Bas (Alouette des champs, Pipit des près, Étourneau sansonnet, Grive draine, etc.). Dans les régions où la teneur en imidaclopride des eaux de surface est supérieure à 20 ng/l, les populations d'oiseaux insectivores ont en effet tendance à décroître de 3,5 % en moyenne par an. Cette tendance au déclin est seulement observée depuis le milieu des années 1990, date à laquelle l'imidaclopride a été introduit aux Pays-Bas.
L'étude ne prétends pas que l'imidaclopride est une cause directe du déclin des oiseaux dans les régions agricoles des Pays-Bas. Les néonicotinoïdes agiraient donc indirectement sur les populations aviaires, principalement en réduisant le nombre de mouches, sauterelles, punaises et chenilles dont les oiseaux insectivores se régalent. Toutefois, des intoxications directes, suite à l'ingestion de semences enrobées traitées aux néonicotinoïdes ne sont pas à exclure, particulièrement chez les jeunes oiseaux.
Dans une entrevue publiée sur le site de National Geographic, les chercheurs néerlandais n'hésitent pas à faire le parallèle avec l'appel de Rachel Carson, lancé en 1962, pour avertir le monde que les pesticides contribuaient au silence des oiseaux. Comme hier le DDT et les pesticides persistants, il apparaît que les néonicotinoïdes nuisent aussi à la biodiversité de la planète et qu'ils pourraient être responsable d'un nouveau printemps silencieux.
Pour en savoir plus :
- Caspar A. Hallmann, Ruud P. B. Foppen, Chris A. M. van Turnhout, Hans de Kroon & Eelke Jongejans. Declines in insectivorous birds are associated with high neonicotinoid concentrations. Nature Letter (2014). [Nature]
- Lire l'article « Silent second spring ? Birds decline liked to popular pesticides » de Jason Bittel (National Geographic, 2014/07/09).
- Voir la vidéo de Radboud Universiteit Nijmegen :
Capture d'écran provenant du reportage de Radboud Universiteit Nijmegen |
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