vendredi 18 juillet 2014

Les néonicotinoïdes et le fipronil menacent la diversité et le fonctionnement des écosystèmes

De nos jours, les insecticides systémiques à large spectre, comme les néonicotinoïdes (imidaclopride, clothianidine) et le fipronil, sont les principaux insecticides employés en agriculture. Les néonicotinoïdes représentent à eux seuls 40% du marché mondial des insecticides agricoles (soit environ 2,6 milliards de dollars en 2011). Pulvérisés ou appliqués sous forme de semences enrobées, ces insecticides neurotoxiques systémiques, qui pénètrent et diffusent à l'intérieur des plantes, se dégradent lentement et persistent dans l'environnement d'une saison à l'autre. Ainsi, depuis leur commercialisation au milieu des années 1990, les néonicotinoïdes et le fipronil sont fréquemment détectés dans les eaux et les sols des régions agricoles. On en trouve aussi dans l'air, sous forme d'aérosols, lors des pulvérisations ou des ensemencements. Par ailleurs, les néonicotinoïdes sont fortement suspectés de contribuer au déclin des populations d'abeilles observé un peu partout sur la planète, notamment en Europe et en Amérique du Nord.

Afin de documenter les impacts environnementaux des insecticides systémiques, un  regroupement international de chercheurs, la Task Force on Systemic Pesticides, a mené une vaste évaluation des risques basée sur plus de 800 études scientifiques publiées au cours des cinq dernières années. Leur constat est sans appel: l'utilisation intensive et répétée des insecticides systémiques menace la santé et la biodiversité des écosystèmes et les services qu'ils fournissent aux collectivités. Outre la pollinisation par les abeilles, le contrôle biologique des ravageurs par les prédateurs et parasitoïdes naturels et le recyclage des nutriments du sol par les vers de terre (lombrics) sont aussi affectés par ces insecticides systémiques et persistants.

Si les risques des néonicotinoïdes et du fipronil pour les abeilles étaient déjà connus, cette méta analyse met en évidence des risques élevés pour les vers de terre, les pollinisateurs sauvages, les invertébrés aquatiques (puces d'eau, escargots d'eau douce), les oiseaux, les poissons ou les reptiles. Les oiseaux granivores qui ingèrent des semences enrobées traitées avec ces insecticides neurotoxiques sont particulièrement à risque. Les niveaux de contamination des eaux sont aussi très préoccupants pour l'ensemble de la faune aquatique. Les effets directs de l’exposition à ces insecticides neurotoxiques s’étendent de la mortalité instantanée (toxicité aigüe) aux effets chroniques comme la baisse de la fécondité ou les troubles du comportement. Par ailleurs, ces insecticides ont la capacité d'exercer des effets indirects sur les populations de vertébrés (oiseaux, poissons, reptiles) en réduisant le nombre de leurs proies (via la chaîne alimentaire).

L'ensemble des données recueillies dans cette méta analyse justifient un examen plus approfondi des impacts environnementaux des insecticides systémiques. Les chercheurs de la Task Force on Systemic Pesticides préconisent en outre la mise en place de mesures réglementaires plus strictes à l'échelle mondiale voire l’interdiction des néonicotinoïdes dans certaines cultures, notamment de leur usage préventif par enrobage des semences.

Références

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