Rodenticides, aviscides et piscicides

Plusieurs pesticides sont disponibles pour lutter contre des animaux vertébrés jugés indésirables ou nuisibles. Parmi ceux-ci, on trouve principalement des rodenticides contre les rongeurs et les taupes, des aviscides contre les oiseaux et des piscicides contre les poissons. Il existe aussi diverses substances répulsives (huile d'ail, capsaicine, mélanges de farine de poisson) pour repousser certains mammifères herbivores comme les cervidés, les sangliers, les lapins ou les lièvres qui s'attaquent aux cultures agricoles et aux récoltes.


Rodenticides (raticides, souricides, taupicides)

Les rodenticides sont destinées à lutter contre les petits rongeurs (rats, souris) qui peuvent consommer ou souiller les récoltes et les denrées alimentaires, détériorer les structures (câbles électriques, isolants, canalisations) ou encore véhiculer des maladies (leptospirose, salmonellose, toxoplasmose). On les emploie entre autres dans les habitations, les bâtiments d’élevage, les granges, les silos, les entrepôts, les décharges et les égouts.

On les utilise aussi contre certains rongeurs (campagnols, ragondins) qui causent des dégâts dans les cultures et contre les taupes qui sont considérées comme des nuisibles, car elles creusent des galeries ou des taupinières dans les jardins. Toutefois, les taupes sont des insectivores qui consomment une grande quantité de larves de hannetons ou de taupins ainsi que des limaces et leurs galeries contribuent au drainage des sols. Enfin, des rodenticides peuvent aussi servir occasionnellement pour la gestion de la faune de certaines espèces menacées comme les oiseaux et pour la protection des écosystèmes fragiles.

On distingue trois principaux types de rodenticides qui diffèrent selon leur mode d’action :
  • les anticoagulants (coumaphène, chlorophacinone, diphacinone) sont des antagonistes de la vitamine K et provoquent des hémorragies internes.
  • les convulsivants comme l’alpha-chloralose, un acétal chloré dérivé du glucose, et la strychtine, un alcaloïde présent dans les noix du vomiquier, provoquent des convulsions musculaires qui conduisent rapidement au coma. Autrefois très utilisés, ils sont désormais interdits dans de nombreux pays en raison de leur toxicité aiguë très élevée et de l’absence d’antidote. Toxique pour les oiseaux, la chloralose a aussi été utilisée comme aviscide.
  • les fumigants inorganiques (phosphures d’aluminium ou de zinc, phosphine, cyanure d’hydrogène) sont des poisons cardiotoxiques extrêmement violents qui provoquent un arrêt cardiaque. Ils ne peuvent être employés que dans des endroits hermétiquement clos par des exterminateurs professionnels munis d’un équipement adéquat.


Très populaires chez les exterminateurs et les particuliers, les anticoalgulants sont faciles à utiliser sous forme de poudres, de grains empoisonnés ou en mélange avec des appâts. Ils sont peu persistants dans l'environnement mais leur utilisation dans les champs et les zones ouvertes peut être néfaste pour les oiseaux prédateurs, notamment les rapaces, qui s’empoisonnent en consommant les cadavres de rongeurs contaminés, mais aussi d'autres mammifères comme les chauve-souris (Dennis GC et Gartrell BD, Journal of Wildlife Deseases 2015). Par ailleurs, plusieurs populations de rats et de souris y sont de plus en plus résistantes. Des anticoagulants plus efficaces sont désormais disponibles sur le marché (brodifacoum, bromadiolone, difénacoum, diféthialone, flocoumafène) mais ceux-ci sont aussi plus persistants.

Plus récemment, un nouveau produit biologique est apparu sur le marché de l'extermination : la cellulose de rafle de maïs; réduite en poudre, elle agit en retenant l’eau dans le caecum intestinal des rats et souris.

Avicides

Par le passé, certains poisons comme la strychtine, la chloralose, et la 4-aminopyridine (Avitrol) ont été largement utilisés comme avicides pour éliminer et repousser certains oiseaux jugés indésirables comme les corbeaux, les corneilles, les étourneaux, les pies ou les merles en milieu agricole ou les pigeons et les moineaux en milieu urbain. Selon les doses appliquées, ces molécules peuvent entraîner l’anesthésie, des convulsions ou la mort des oiseaux visés.

Non sélectifs, ces avicides sont aussi toxiques pour les oiseaux non ciblés et les animaux nécrophages qui consomment les proies empoisonnées. Peu acceptés socialement, les avicides sont de moins en moins employés au profit de stérilisants chimiques, de répulsifs ou avifuges (anthraquinone) ou de méthodes physiques (filets protecteurs, ultrasons, etc.). Selon les pays, l'utilisation des avicides peut être illégale.

Piscicides

Des piscicides sont utilisés comme outil de gestion de la faune piscicole à des fins de conservation pour lutter contre certaines espèces de poissons exotiques envahissants, mais aussi pour éliminer certaines espèces de poissons indésirables dans des plans d’eau afin de réensemencer ces derniers avec des espèces destinées à la pêche sportive. Cette dernière pratique qui est non sélective et qui est destinée à améliorer la qualité de la pêche est très discutable; interdite dans plusieurs pays, elle est couramment employé au Québec (Portail Québec) pour éliminer le méné jaune, le meunier noir et la perchaude afin de réensemencer des lacs ou des sections de rivière avec de l’omble de fontaine, plus appréciée par les pêcheurs.

Les principaux piscicides sont les suivants :
  • la roténone est un flavonoïde d’origine végétale qui possède aussi une forte activité insecticide. Elle est notamment employée au Québec pour éliminer certains poissons indésirables à des fins de réensemencement (Radio-Canada, La semaine verte, 2013).
  • les saponines sont des hétérosides complexes dérivés du glucose et produites naturellement par de nombreuses plantes.
  • l’antimycine-A (Fintrol), produite naturellement par des bactéries du genre Streptomyces, agit sur les poissons en inhibant la chaine respiratoire mitochondriale.
  • le 3-trifluorométhyl-4-nitrophénol (TFM), qui se dissout graduellement dans l’eau, est employé notamment contre les lamproies marines, des parasites hématophages d’autres poissons, dans les Grands-Lacs américains. Cette substance est toutefois toxique pour les mollusques aquatiques. 


Olivier Peyronnet
Dernière mise à jour : janvier 2016

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