jeudi 26 octobre 2006

La surconsommation nuit à la biodiversité

Selon le dernier rapport "Planète Vivante 2006" publié par l'Organisation mondiale de la protection de l'environnement (WWF), les écosystèmes naturels de la planète se dégradent à un rythme sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Le WWF observe une perte régulière de la biodiversité au cours des 30 dernières années avec un déclin d'environ 30% des populations des espèces de vertébrés terrestres, marins et d'eau douce. Les activités de l'homme en sont la principale cause. L'empreinte écologique des humains dépasse en effet de 25% les capacités réelles de production de la biosphère et a plus que triplé depuis 1960.

Compte tenu des capacités de régénération des ressources naturelles, si la tendance devait se maintenir, l'humanité devrait consommer l'équivalent biologique de deux planètes Terre en 2050. En particulier, les États-unis et l'Europe consomment à l'excès les ressources naturelles qu'ils n'ont pas, en hypothéquant sur les générations futures. Selon les calculs du WWF, alors qu'un indien utilise seulement 0,8 ha de "superficie disponible biologiquement productive", un américain en requiert près de 12 fois plus, soit 9,6 ha.

L'agriculture intensive, forte consommatrice d'eau, d'énergie, d'engrais et de produits chimiques (pesticides), conduit à un appauvrissement des sols et de la biodiversité à tel point que les rendements agricoles pourraient diminuer. Au risque d'assister à l'effondrement à grande échelle des écosystèmes naturels, et à l'épuisement des ressources biologiques de la planète, il devient urgent de changer radicalement de mode de développement économique et de trouver un équilibre entre consommation et biodiversité. (OP)
Source : WWF France [Télécharger le rapport au format PDF]

mercredi 25 octobre 2006

L'importance des pollinisateurs sur la production des cultures

Une synthèse bibliographique réalisée par un groupe international de chercheurs (Allemagne, France, Australie, États-Unis) sur 115 cultures vivrières dans plus de 200 pays souligne le rôle essentiel des pollinisateurs dans les productions agricoles et notre alimentation. Selon cette étude, 3/4 des cultures vivrières, soit la majorité des cultures fruitières, légumières, oléagineuses, protéagineuses, et près de 35% de la production mondiale de nourriture dépendent des pollinisateurs, pour la plupart des abeilles.

Alors que les cultures de céréales (blé, maïs, riz, etc.) ne dépendent pas des pollinisateurs, certaines cultures comme le cacao, la vanille, les courges, les pastèques en sont totalement dépendantes, et la majorité des cultures montre un accroissement important de leur production en leur présence. Certaines données montrent en outre que les pratiques agricoles actuelles et les perturbations anthropiques de l'environnement menacent la survie des populations des abeilles sauvages de sorte qu'elles deviennent souvent trop rares pour assurer une pollinisation efficace des cultures essentielles à l'homme.
Au niveau de l'évolution et de la biodiversité, l'activité pollinisatrice des abeilles a aussi contribué de manière importante à l'expansion et à la diversification des plantes à fleurs, qui représentent aujourd'hui près de 80% des végétaux sur Terre. (OP) (Source: INRA Presse Info 24.10.06)

Références:
  • Klein AM., Vaissière BE., Steffan-Dewenter I., Cunningham SA., Claire K., Tscharntke T. Importance of pollinators in changing landscapes for world crops. Proc. R. Soc. B. 2007 [Résumé en anglais et article PDF à télécharger]
  • Module Déclin des Pollinisateurs du programme intégré européen 2004-2008 ALARM

lundi 23 octobre 2006

Identification du vecteur de la fièvre catharrale en Europe du Nord

Des experts italiens mandatés par l'Organisation mondiale de la santé animale (Oie) ont identifié le vecteur de la récente épidémie de fièvre catharrale qui a touché cet été plusieurs élevages de bovins et de moutons des Pays-Bas, de Belgique, d'Allemagne et de France. Il ne s'agit pas du vecteur habituel, Culicoides imicola, une espèce de moucheron originaire d'Afrique et du Moyen-orient dont la progression à la fin des années 90 avait propagé l'épizootie en Europe méridionale (Grèce, Corse, Sardaigne, Baléares, Croatie, Serbie, etc.), mais d'une espèce voisine européenne, Culicoides dewulfi. Il était déjà établit que le sérotype viral responsable de l'épidémie actuelle était d'origine subsaharienne et n'avait encore jamais été rencontré en Europe. Mais ce nouveau vecteur étant plus adapté au climat européen et aux températures froides que son homologue africain, l'épizootie pourrait donc s'établir en Europe du Nord et même s'étendre à d'autres pays. Devant les risques d'extension de la maladie, particulièrement au cours du prochain printemps lorsque l'activité du vecteur sera plus élevée, l'Oie va renforcer et étendre son système de surveillance en Europe du Nord, d'autant qu'il n'existe aucun traitement efficace et qu'elle est généralement mortelle pour les ruminants. C'est la première fois que cette maladie dénommée aussi la maladie de la langue bleue est identifiée à une telle latitude en Europe. Le réchauffement progressif du climat et la mondialisation des échanges pourraient favoriser ce genre d'épizooties. (OP) ; Source : Sciences et Avenir.com
> Lire le communiqué de l'Oie du 23.10.06 (en anglais)
> (Re)Lire la nouvelle précédente : Progression de la maladie de la langue bleue vers le nord (PESTInfos 29.08.06)

mercredi 18 octobre 2006

L'exposition professionnelle aux pesticides et la maladie de Parkinson

Alors que plusieurs études montrent un accroissement du risque chez les agriculteurs, la Mutuelle sociale agricole, en collaboration avec 'Inserm et l'institut de veille sanitaire, a décidé de lancer une vaste enquête épidémiologique sur le rôle de l'exposition professionnelle aux pesticides dans la maladie de Parkinson. Cette décision survient quelque temps après qu'un salarié agricole atteint de la maladie de Parkinson ait été reconnu par un tribunal administratif français comme souffrant d'une maladie professionnelle. Une précédente étude menée de 1999 à 2001 par la MSA et l'Inserm avait montré que le risque de développer la maladie de Parkinson était multiplié par 1.9 chez les personnes exposées aux pesticides agricoles pendant plus de 15 ans, un facteur de risque équivalent à celui de développer un cancer du poumon chez les fumeurs passifs. Depuis, le possible lien entre utilisation de pesticides et maladie de Parkinson s'est vu renforcer par plusieurs études. Ainsi, une étude épidémiologique américaine réalisée sur plus de 140 000 personnes, publiée cet été par des chercheurs de l'école de santé publique de Harvard à Boston, concluait que l'exposition aux pesticides augmentait le risque de Parkinson de 70%. La nouvelle étude tentera d'évaluer l'ampleur de l'exposition aux pesticides et de préciser, parmi le grand nombre de molécules utilisées, lesquelles sont spécifiquement en cause. Celle-ci s'annonce difficile d'autant plus que la maladie de Parkinson est une pathologie complexe liée à des facteurs génétiques modulés par l'environnement. Les résultats ne seront pas connus avant plusieurs années. (OP) ; Source : LeMonde.fr ; Réf. : Ascherio A, Chen H, Weisskopf MG, O'Reilly E, McCullough ML, Calle EE, Schwarzschild MA, Thun MJ., 2006. Pesticide exposure and risk for Parkinson's disease. Ann Neurol. 60(2), 197-203 [Résumé
en anglais
]
> À lire : Parkinson : le rôle des pesticides reconnu (LeFigaro 27.09.06)



lundi 16 octobre 2006

Les pesticides périmés menacent l'Afrique d'une catastrophe sanitaire

La récente catastrophe écologique ivoirienne vient rappeler les risques sanitaires posés en Afrique par le déficit d’infrastructures pour l’élimination des pesticides chimiques accumulés au cours des dernières décennies. Dans un article publié en septembre dernier par le quotidien Jeune Afrique (www.jeuneafrique.com), Mark Davis, le coordinateur du programme de nettoyage des pesticides périmés à la FAO, affirmait en effet que les pesticides périmés menacent l’Afrique d’une catastrophe sanitaire tout aussi importante que celle que vit Abidjan aujourd’hui. La situation est particulièrement inquiétante d'autant plus que le phénomène, peu médiatisé et mal géré par les gouvernements, est le plus souvent inconnu des populations directement menacées. Il n'existe en effet pratiquement aucune informations destinées aux populations concernées sur les précautions à prendre pour éviter des contaminations. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) les stocks de vieux pesticides causeraient 20.000 morts par an dans l'ensemble des pays en développement et auraient des conséquences sérieuses sur la santé de 3 millions de personnes (cancers, malformations à la naissance, etc.). En Afrique, ce n'est pas moins de 50 000 tonnes de ces produits pesticides qui menaceraient actuellement la santé de plusieurs milliers de personnes. Mark Davis estime qu’il y en a probablement en réalité presque 100.000 tonnes en Afrique ! Des pesticides obsolètes et dangereux comme la dieldrine, le DDT et le chlordane se retrouvent le plus souvent stockés dans des conteneurs dont l'étanchéité a été endommagée par le temps ou les guerres civiles, et laissés à l'abandon dans des décharges publiques qui se retrouvent aujourd'hui à proximité des bidonvilles. Ces pesticides oubliés affectent non seulement la santé des personnes mais aussi celle du bétail et contaminent l'air, l'eau et le sol. Des infiltrations peuvent ainsi contaminer de vastes zones et les rendre impropre à l'agriculture. La situation est particulièrement alarmante en Afrique subsaharienne. Depuis plus d'une décennie, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le programme des Nations-Unies pour l'environnement (PNUE) tentent de sensibiliser le monde à cette situation critique de plus en plus grave et d'aider les gouvernements africains à éliminer ces pesticides périmés ou à en améliorer le stockage. Un programme 'Africa Stockpiles Programme' (ASP), dont le coût est évalué à près de 250 millions de dollars, a été récemment mis en place et vise à éliminer tous les pesticides périmés et déchets contaminés en Afrique au cours des 10-15 prochaines années et à promouvoir des mesures de prévention. Mais les procédés d'élimination des pesticides sont fort coûteux et dangereux, et en l'absence de financements adéquats particulièrement de la part des industriels, les efforts de nettoyage demeurent très lents et le risques d'une nouvelle catastrophe sanitaire et écologique plane sur l'Afrique. (OP) ; Source : Infos de la Planète - Un danger qui vient de l’intérieur - Jeune Afrique - 2006-09-17
> Lien à consulter : Africa Stockpiles Programme (en anglais)
> À lire : La Menace des pesticides en Afrique. Afrique Relance - ONU Vol.15 (1-2), page 42 (juin 2002)

jeudi 5 octobre 2006

Une infestation due au dendroctone du pin à l'échelle du Canada ?

Le dendroctone du pin ponderosa, Dendroctonus ponderosae, un petit coléoptère xylophage indigène, perturbe régulièrement les forêts de pins tordus latifoliés (Pinus contorda var. latifolia) de l'Ouest de l'Amérique du Nord. Habituellement les hivers froids et les feux de forêts permettaient de garder sous contrôle ses populations. Depuis plusieurs années, des hivers plus cléments et la diminution des feux de forêts ont favorisé sa prolifération et son expansion en Colombie-Britannique.

Le scolyte a déjà ravagé près de 8,7 millions d'hectare de pins, et selon les experts, 80 % des pins matures de la province pourraient être infestés d'ici 2013. C'est l'une des plus graves infestations observées à ce jour en Amérique du Nord. Bien qu'elle soit d'une ampleur exceptionnelle, cette infestation s'inscrit dans des cycles de perturbations naturelles des forêts et elle pourrait permettreune régénération de la forêt britanno-colombienne.

Pour détruire les larves hivernantes et réduire les infestations, il faudrait des hivers précoces et rigoureux avec au moins 3 semaines en dessous de -40°C. Cependant à cause du réchauffement progressif des températures du à l'effet de serre, les experts craignent que l'infestation perdure plusieurs années et surtout qu'elle se propage à l'ensemble du Canada d'autant plus que de nouveaux foyers ont été découverts à l'ouest des Rocheuses en Saskatchewan et aux États-Unis et que le ravageur s'attaque désormais à d'autres essences comme les pin gris (Pinus banksiana) de la forêt boréale nordique. Les conséquences d'une telle épidémie à l'échelle du Canada seraient désastreuses pour les écosystèmes forestiers et l'industrie forestière, mais aussi pour la vie de certaines nations autochtones.
(Source de l'information : Dépêche de la Presse Canadienne (PC) du 25.09.06)

Pour en savoir plus : 

L'agriculture responsable de la déforestation au Brésil

Une récente étude montre qu'au cours des dernières années, l'agriculture mécanisée est devenue la principale cause de déforestation en Amazonie, devant l'élevage. À l'aide d'images satellites, les chercheurs ont en effet révélé que, durant la période 2001-2004, les surfaces déboisées à des fins agricoles se sont accrues de 3.6 millions d'hectares au dépend de la forêt amazonienne, dont 540 000 ha dans le seul état du Mato Grosso. Elles sont en moyenne 2 fois supérieures à celles consacrées pour l'élevage et le pâturage, et les chercheurs ont montré qu'elles étaient directement corrélées au prix moyen du soja. Cette étude réfute donc la thèse selon laquelle la culture intensive de soja se ferait principalement sur des terres préalablement déboisées pour élever du bétail. (OP) ; Source : SciDev.net (en anglais) ; Réf. : Douglas C. Morton DC., DeFries RS., Shimabukuro YE., Anderson LO., Arai E., del Bon Espirito-Santo F., Freitas R., Morisette J., 2006. Cropland expansion changes deforestation dynamics in the southern Brazilian Amazon.PNAS 2006 103: 14637-14641 [Résumé en anglais]

mardi 3 octobre 2006

Controverse autour de la recommandation de L'OMS d'utiliser le DDT pour lutter contre le paludisme

Alors que le DDT (dichloro-diphényl-trichloréthane) fait toujours parti des 12 substances chimiques devant être graduellement supprimées dans le monde conformément à la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POP) signée en mai 2002, l'organisation mondiale pour la santé (OMS) recommande aujourd'hui son utilisation à l'intérieur des maisons pour lutter contre le paludisme. Selon l'OMS, la pulvérisation résiduelle de DDT à l'intérieur des habitations et des abris pour animaux, si elle est bien gérée, est un des outils les plus efficaces pour lutter contre les moustiques vecteurs, et est sans danger pour la santé humaine et animale et pour l'environnement.

Ce radical et surprenant changement de politique de l'OMS a suscité une controverse au sein de la communauté scientifique, et a soulevé les protestations de nombreuses organisations écologistes, sociales et humanitaires. Pour ces derniers, le DDT reste un produit dangereux, interdit aux États-Unis depuis 1972, qui est toujours classé par plusieurs agences gouvernementales comme un agent persistant pouvant perturber le système endocrinien et provoquer des cancers ou des lésions nerveuses chez les hommes et les animaux.

Après avoir connu un certain succès dans la lutte contre la malaria dans les années 50, les populations de moustiques vecteurs sont devenues résistantes, réduisant de ce fait son efficacité, et le DDT s'est rapidement avéré dangereux pour la faune et l'environnement, principalement en s'accumulant et en persistant dans les chaînes alimentaires. Les adversaires de ce vieux pesticide chimique accusent aussi l'OMS de céder aux pressions économiques et politiques de l'industrie chimique, et de certains gouvernements étrangers, dont ceux des États-Unis, du Canada et du Japon, qui souhaiteraient saper la législation internationale sur les produits chimiques.

Pour les adversaires du DDT, le paludisme dont près de 90% des victimes sont africaines, est lié à la pauvreté et au sous développement, et la solution chimique ne doit pas être la composante majeure des stratégies de lutte contre cette maladie. Pour réduire l'incidence du paludisme, ils préconisent plutôt une approche basée sur la communauté comprenant diverses mesures comme le nettoyage des gîtes de reproduction des moustiques, la distribution de médicaments et de moustiquaires, la mise en place de mesures d'hygiène publique et de projets locaux d'éducation à la santé, un traitement rapide et un recours modéré au contrôle chimique.

Actuellement 14 pays pratiquent la pulvérisation résiduelle intérieure, c'est à dire le traitement des habitations par des insecticides à effet lent et action longue, et dix d'entre eux, dont l'Afrique du Sud, utilisent le très controversé DDT. Financée en partie par les États-unis, l'utilisation du DDT devrait maintenant s'étendre à une quarantaine de nouveaux pays au risque de créer de nouveaux dommages collatéraux aux générations futures. (OP)

Pour en savoir plus:

Controverse sur l'utilisation du DDT pour lutter contre le paludisme

Alors que le DDT (dichloro-diphényl-trichloréthane) fait toujours parti des 12 substances chimiques devant être graduellement supprimées dans le monde conformément à la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POP) signée en mai 2002, l'organisation mondiale pour la santé (OMS) recommande aujourd'hui son utilisation à l'intérieur des maisons pour lutter contre le paludisme. Selon l'OMS, la pulvérisation résiduelle de DDT à l'intérieur des habitations et des abris pour animaux, si elle est bien gérée, est un des outils les plus efficaces pour lutter contre les moustiques vecteurs, et est sans danger pour la santé humaine et animale et pour l'environnement.

Ce radical et surprenant changement de politique de l'OMS a suscité une controverse au sein de la communauté scientifique, et a soulevé les protestations de nombreuses organisations écologistes, sociales et humanitaires. Pour ces derniers, le DDT reste un produit dangereux, interdit aux États-Unis depuis 1972, qui est toujours classé par plusieurs agences gouvernementales comme un agent persistant pouvant perturber le système endocrinien et provoquer des cancers ou des lésions nerveuses chez les hommes et les animaux. Après avoir connu un certain succès dans la lutte contre la malaria dans les années 50, les populations de moustiques vecteurs sont devenues résistantes, réduisant de ce fait son efficacité, et le DDT s'est rapidement avéré dangereux pour la faune et l'environnement, principalement en s'accumulant et en persistant dans les chaînes alimentaires. Les adversaires de ce vieux pesticide chimique accusent aussi l'OMS de céder aux pressions économiques et politiques de l'industrie chimique, et de certains gouvernements étrangers, dont ceux des États-Unis, du Canada et du Japon, qui souhaiteraient saper la législation internationale sur les produits chimiques.

Pour les adversaires du DDT, le paludisme dont près de 90% des victimes sont africaines, est lié à la pauvreté et au sous développement, et la solution chimique ne doit pas être la composante majeure des stratégies de lutte contre cette maladie. Pour réduire l'incidence du paludisme, ils préconisent plutôt une approche basée sur la communauté comprenant diverses mesures comme le nettoyage des gîtes de reproduction des moustiques, la distribution de médicaments et de moustiquaires, la mise en place de mesures d'hygiène publique et de projets locaux d'éducation à la santé, un traitement rapide et un recours modéré au contrôle chimique.

Actuellement 14 pays pratiquent la pulvérisation résiduelle intérieure, c'est à dire le traitement des habitations par des insecticides à effet lent et action longue, et dix d'entre eux, dont l'Afrique du Sud, utilisent le très controversé DDT. Financée en partie par les États-unis, l'utilisation du DDT devrait maintenant s'étendre à une quarantaine de nouveaux pays au risque de créer de nouveaux dommages collatéraux aux générations futures.

Pour en savoir plus :

lundi 2 octobre 2006

New Delhi à la veille d'une nouvelle épidémie de dengue

À New Delhi et dans 2 états frontaliers de la capitale fédérale indienne, plus de 300 personnes ont contracté la dengue ou grippe tropicale pendant la saison des moussons, de juin à septembre. 11 personnes en sont mortes et une centaine de nouveaux cas ont été répertoriés au cours de la dernière semaine. Jugeant la situation très alarmante, les autorités de New Delhi s'apprêtent à déclarer l'épidémie. Déjà en 1996, une épidémie de dengue avait touché New Delhi en infectant plus de 10 000 personnes et en causant le décès d'environ 400. Transmise à l'homme par les moustiques du genre Aedes, la dengue est une fièvre virale (due à un arbovirus) qui infecte annuellement 60 à 100 millions de personnes et dont la forme hémorragique est actuellement en recrudescence dans le monde. Le développement urbain non contrôlé, la croissance démographique, la pauvreté et les catastrophes naturelles sont les principaux facteurs de cette recrudescence. Présentement, il n'existe aucun traitement ni vaccin et le seul moyen pour contrôler l'épidémie est la lutte contre les moustiques vecteurs. (OP) ; Source : Dépêche AFP du 26.09.2006
> En savoir plus sur la Dengue : Institut Pasteur et Organisation Mondiale de la Santé

vendredi 29 septembre 2006

Les plantes parasites guidées par un signal chimique des plantes hôtes

Dépourvue de chlorophylle, la cuscute des champs, Cuscuta pentagona, est une plante parasite épiphyte dont la tige forme des filaments qui s'enroulent autour de diverses plantes hôtes (tomate, aubergine, carotte, luzerne, etc.) en y enfonçant des suçoirs pénétrant jusqu'au système conducteur. Après germination des graines, la tige de la cuscute s'allonge sur le sol et explore les environs à la recherche d'une plante hôte.

Des chercheurs américains viennent de découvrir que la cuscute utilise les signaux chimiques volatils émis par la plante hôte pour la localiser et orienter la croissance de sa tige parasite. À proximité d'un plant de tomate, 80% des germinations de cuscute s'orientent vers celui-ci. Des plants de blé ou d'impatiente peuvent aussi déclencher une croissance dirigée des pousses de cuscute, mais en présence d'un plant de tomate, les tiges parasites s'orientent préférentiellement vers ce dernier. À partir d'extraits de plants de tomate et de blé, les chercheurs ont réussi à isoler certains composés volatils qu'ils ont testé sur la croissance des tiges de cuscute. Plusieurs d'entre eux déclenchent une réponse positive, mais un composé volatil du blé agit plutôt comme repoussoir. Les mécanismes physiologiques et moléculaires qui permettent aux plantes parasites de détecter ces signaux chimiques demeurent encore très mystérieux. Néanmoins, ces études démontrent que les composés volatils jouent un rôle important dans la communication et les interactions entre les plantes. Elles pourraient également permettre l'élaboration de nouvelles méthodes pour lutter contre ces "mauvaises herbes". (Source : Sciences et Avenir.com)

Référence :
  • Runyon JB., Mescher MC., De Moraes CM., 2006. Volatile Chemical Cues Guide Host Location and Host Selection by Parasitic Palnts. Science Vol. 313 no. 5795, pp. 1964-1967 [Science]
Pour en savoir plus :

mercredi 27 septembre 2006

L'insecticide biologique Bt n'agit pas seul

La bactérie Bacillus thuringiensis ou Bacille de Thuringe, plus communément appelé Bt, est l'insecticide biologique le plus utilisé au monde, en agriculture biologique, en foresterie et dans la lutte contre les insectes vecteurs de maladies. Au Canada, il est très utilisé en foresterie pour lutter contre les épidémies de spongieuses (Lymantria dispar) et de tordeuses du bourgeon de l'épinette (TBE - Choristoneura fumiferana) et en santé humaine pour contrôler les insectes piqueurs, dont certains véhiculent le virus du Nil occidental (VNO). Ces dernières années, le Bt est aussi devenu une source importante de gènes pour créer de nouvelles plantes transgéniques tolérantes à certains insectes ravageurs. Utilisé depuis près de 50 ans, son mode d'action cellulaire et moléculaire fait toujours l'objet de recherches. Le Bt agit sur les insectes par l'intermédiaire de protéines toxiques produites sous forme d'un cristal, les toxines Cry. Après s'être fixées sur des récepteurs spécifiques, ces dernières perforent la paroi intestinale en y formant des pores ioniques et provoquent d'importantes perturbations physiologiques. En particulier, l'acidification du milieu intestinal qui en résulte favorise la germination des spores de Bt et la prolifération des bactéries intestinales endogènes dans l'hémolymphe, entraînant la mort des larves par septicémie. Les récents travaux de Nichole Broderick de l'Universté du Wisconsin montrent que les bactéries intestinales endogènes sont indispensables à l'action larvicide du Bt. En effet, après avoir détruit les bactéries intestinales de larves de spongieuse en leur administrant des antibiotiques oraux, elle a observé que les chenilles résistent à des doses très élevées de Bt. La réintroduction des différentes espèces d'entérobactéries (Enterobacter spp.) endogènes dans l'intestin des larves restaure l'activité larvicide du Bt. Contrairement au Bt qui est rapidement détruit dans l'hémolymphe, les bactéries E. coli génétiquement modifiées pour produire des toxines de Bt y prolifèrent et tuent les larves par septicémie y compris en l'absence d'entérobactéries. Par contre, si elles sont inactivées par la chaleur, les E. coli modifiées ne peuvent tuer les larves en l'absence des bactéries endogènes. Certains insectes, dont la spongieuse, sont en effet connus pour régénérer assez rapidement leur muqueuse intestinale. (OP)
Réf. : Broderick NA, Raffa KF, Handelsman J., 2006. Midgut bacteria required for Bacillus thuringiensis insecticidal activity. Proc Natl Acad Sci USA, Édition électronique avancée du 27 septembre 2006 [Résumé en anglais]

mardi 26 septembre 2006

Un appât sucré pour lutter contre les moustiques

Bien qu'elles soient hématophages, les femelles des moustiques qui véhiculent des maladies comme le paludisme, se nourrissent aussi du nectar des fleurs dont elles assurent également la pollinisation. Le précieux liquide sucré leur procure en effet une source d'énergie indispensable pour voler. Pour lutter contre ces moustiques vecteurs, des entomologistes israéliens ont eu l'idée d'empoisonner une solution sucrée avec du Spinosad, un insecticide naturel neurotoxique issu de la fermentation de la bactérie Saccharopolyspora spinosa, et de le pulvériser sur une petite oasis d'acacias. Selon les chercheurs, la plantation d'arbres ou d'arbustes et leur traitement par un insecticide oral comme le Spinosad pourrait constituer une nouvelle méthode facile et peu coûteuses pour contrôler les moustiques vecteurs et enrayer la malaria. Ce nouveau procédé est particulièrement bien adapté aux milieux arides pauvres en végétation comme les déserts et les savanes, et pourrait s'avérer très utile en Afrique sub-saharienne (Sahel) où la malaria progresse rapidement. L'efficacité de cette nouvelle méthode reste cependant à confirmer, en particulier dans des milieux non isolés et en présence d'une plus grande variété de plantes à fleurs. D'autre part une étude menée l'an dernier révélait que l'insecticide Spinosad, autorisé en agriculture biologique et considéré comme respectueux pour l'environnement, pouvait perturber le comportement du bourdon, un important pollinisateur. (OP) ; Sources : Les épingles 2006 de l'OPIE "Leur bec sucré les perdra", d'après BBC News "Mosquitoes' sweet tooth targeted" ; Réf. : Müller G., Schlein Y., 2006. Sugar questing mosquitoes in arid areas gather on scarce blossoms that can be used for control. International Journal for Parasitology 36(10-11) 1077-1080 [Résumé en anglais]
> À (re)-lire : "Le vol du bourdon affecté par l'insecticide naturel Spinosad" (PESTInfos, 09.05.05)

samedi 23 septembre 2006

3 tonnes de bioinsecticide Bti répandues en Camargue

Au printemps dernier, suite à la pression des résidents accablés par les agressions répétées des hordes de moustiques Aedes caspius, et face à la crainte générale d'une propagation de l'épidémie de Chikungunya, les collectivités locales se sont résignées à entreprendre la démoustication du parc naturel régional de Camargue. À l'époque, préconisant plutôt le drainage des eaux stagnantes, certains scientifiques avaient mis en doute l'efficacité d'un tel projet et souligné les risques éventuels d'effets sur les nombreuses espèces protégées du parc et surtout de développement de résistances chez les moustiques. Aujourd'hui, les opérations de démoustication, conduites par l'EID-Méditérannée, vont bon train, et 3 tonnes d'insecticides biologiques Bti (Bacillus thuringiensis israelensis) ont été répandues au cours de l'été. Résultat, les moustiques semblent en effet beaucoup moins nombreux cette année, et les citadins qui résident à proximité du parc peuvent désormais dîner dehors ! Cependant, les effets éventuels de ces pulvérisations massives de Bti sur les populations d'oiseaux qui fréquentent cette vaste zone naturelle ne seront pas connus avant un an. Histoire à suivre ... Pierre DAUM, envoyé spécial du quotidien Libération relate la lutte engagée sur le terrain contre les moustiques camarguais. [Lire l'article de Pierre Daum]. À noter aussi que le Téméphos, "un insecticide de synthèse utilisé en France dans 75% des zones de démoustication", ne devrait plus être autorisé au sein de l'Union Européenne à partir du 1er septembre dernier. Cette directive de l'UE a provoqué la colère de certains opérateurs qui jugent le Bti comme trop coûteux et moins efficace que le Téméphos. En s'appuyant sur une récente étude de l'Afsset qui révélait les risques potentiels du Téméphos pour les organismes aquatiques, les oiseaux et les mammifères, le Ministère français de l'écologie a finalement refusé de demander un sursis supplémentaire à Bruxelles. (OP) ; Source : Libération du 23 septembre 2006
> À (re)-lire : Vers une démoustication de la Camargue (PESTInfos 29.05.06)
> Site de l'Entente interdépartementale pour une démoustication du littoral méditerranéen
> Site de l'Agence françaises de sécurité sanitaire et de l'environnement au travail (Afsset)

mardi 19 septembre 2006

Contrôler les fourmis en déclenchant une "guerre civile".

Pour combattre la fourmi d'Argentine, Linepithema humile, une espèce envahissante qui forme des colonies géantes, des chercheurs californiens veulent déclencher une guerre civile en leur sein. Originaire d'Argentine et du Brésil, L. humile a profité de l'essor du transport des marchandises au siècle dernier pour s'introduire en divers points du globe. Alors qu'en Amérique du Sud, la multiplication de l'espèce est limitée par les rudes batailles que se livrent plusieurs colonies, aux États-Unis et en Europe, la fourmi d'Argentine forme des colonies aux dimensions gigantesques, comprenant plusieurs nids, et son expansion au détriment des espèces indigènes menace aujourd'hui l'équilibre des écosystèmes. En l'absence de méthodes chimiques efficaces pour contrôler son expansion, les chercheurs ont identifiés les composés chimiques (phéromones), des polyssacharides spécifiques présents dans la cuticule, qui permettent aux individus d'une même colonie de se reconnaître. En manipulant légèrement ces composés cuticulaires et en enduisant certaines fourmis, les scientifiques américains ont réussi à briser leur coopération au sein de la colonie et à leur faire croire qu'elles sont en présence d'ennemis. Ils espèrent ainsi provoquer de véritables "guerres civiles" qui limiteront la progression de cette petite fourmi dévastatrice. (OP) ; Source : d'après une dépêche AFP ; Réf. : Brandt M., Torres CW, Lagrimas M., Sulc R., Shea KJ., Tsutsui ND., 2006. Narrowing the search for nestmate recognition cues in the Argentine ant Linepithema humile. The IUSSI 2006 Congress, Washington, DC, 31 juillet 2006 [Résumé en anglais]
> À lire : Les fourmis d'Argentine colonisent l'Europe ! (L'union internationale des insectes sociaux, 2002)
> Voir des photos de la fourmi Linepithema humile sur le site myrmecos.net

vendredi 15 septembre 2006

Des coléoptères cleptoparasites abusent les abeilles solitaires en utilisant un leurre chimique

Le méloïdé américain, Meloe fransiscanus, est un petit coléoptère vivant dans les dunes sableuses du Sud-Ouest des États-Unis. Ses larves sont des cleptoparasites qui vivent au dépend des réserves de nectar et de pollen accumulées par l'abeille solitaire Habropoda pallida. Après l’éclosion des œufs, les larves du coléoptère cleptoparasite quittent leur galerie souterraine et s'agglutinent au sommet des tiges des végétaux les plus proches en formant une masse dont la forme imite celle d'une abeille Habropoda femelle et attire les mâles de la même espèce. Les larves s'accrochent aux poils du mâle qui s'est laissé prendre et se font transporter jusqu'à une femelle qui les transportera à son tour jusqu'au nid. Le mâle s'accouplant avec plusieurs femelles, cette stratégie permet aux larves de méloïdés de se disperser et de s'introduire dans plusieurs nids d'abeilles. Des entomologistes californiens viennent de découvrir que les larves produisaient un leurre chimique, une substance volatile mimétique de la phéromone sexuelle de l'abeille Habropoda femelle, qui augmente l'attraction des abeilles mâles. Le leurre est en effet d'autant plus efficace que la concentration de la molécule chimique est élevée. Selon les chercheurs, le comportement coopératif de ces larves est probablement une adaptation à environnement désertique où la localisation de la nourriture est difficile. (OP) ; Source : Sciences et Avenir.com ; Réf. : Saul-Gershenz L., Millar J., 2006. Phoretic nest parasites use sexual deception to obtain transport to their host's nest. PNAS 103: 38, 14039-14044 [Résumé en anglais]
> Villemant C., 2001. Les coléoptères méloidés, cleptoparasites des nids d'abeilles solitaires. Insectes 121, 7-10 [Télécharger le document au format PDF]

mardi 12 septembre 2006

Du riz transgénique illégal dans les assiettes !

L'association écologiste Greenpeace vient de révéler qu'une variété de riz transgénique illégale, la variété LL Rice 601 en provenance des États-Unis, avait été retrouvée dans des produits alimentaires vendus par une chaîne de supermarchés allemande. Fabriquée par la société agrochimique Bayer, la variété LL Rice 601 a été modifiée génétiquement pour résister à un herbicide. Sa commercialisation n'a pas été encore autorisée aux États-Unis. Le 18 août dernier, les autorités américaines avaient informé l’Union Européenne (UE) que du riz LL Rice 601 avait été détecté dans leurs stocks de riz à grains longs. L'UE avait alors réagi en exigeant que le riz importé des Etats-Unis soit certifié sans OGM et une cargaison avait été ainsi bloquée à Rotterdam. Mais en l'absence de mesures immédiates de rappel des produits à base de riz américain, des cargaisons de riz contaminé avaient probablement atteind des pays de l'UE avant la mise en place de la certification et des produits alimentaires contenant du riz transgénique se sont donc retrouvés dans les rayons de magasins européens. Les experts de l'UE ont ainsi confirmé que 20% des échantillons qu'ils avaient testé contenait du riz transgénique illégal. Au Canada, le gouvernement n’a toujours pas pris de mesures pour empêcher la contamination du riz vendu au Canada par le riz LL Rice 601. Cette nouvelle affaire survient après celle de la contamination par du riz transgénique chinois de produits alimentaires vendus en Europe, également soulevé par Greenpeace. En effet, il y a quelques jours, l'association écologiste révélait avoir découvert dans les rayons des magasins d’alimentation asiatiques d’Allemagne, de Grande-Bretagne et de France, plusieurs produits alimentaires contaminés par du riz transgénique chinois illégal. Ce riz transgénique, dont la culture n'a jamais été autorisée pour la consommation humaine, contient des gènes de Bacillus thuringiensis conférant une résistance à certains insectes ravageurs et dont certaines protéines pourraient, selon Greenpeace, provoquer des allergies. Cette contamination pourrait être liée à la découverte l'an dernier de cultures illégales de riz OGM en Chine. (OP) ; Source : Greenpeace France : De plus en plus de riz transgénique illégal dans les assiettes des Européens. Après le riz OGM chinois, le riz OGM américain !
> Lire aussi : Dossier de Greenpeace Canada sur le riz contaminé
> Dossier OGM (PESTInfos)

dimanche 10 septembre 2006

"La tache goudronneuse" affecte les érables du Mont-Royal


Photo : Taches goudronneuses sur des feuilles d'érables, Parc du Mont-Royal, Montréal (Québec) - septembre 2006 (OP)

Depuis la mi-août, les citoyens de Montréal qui fréquentent le parc du Mont-Royal auront eu la surprise d'observer la chute prématurée des feuilles des érables. C'est le résultat de l'action d'un champignon microscopique, Rhytisma acerinum, responsable de la maladie foliaire de "la tache goudronneuse". Passant l'hiver dans le tapis de feuilles mortes, le champignon phytopathogène, qui s'attaque principalement à l'érable de Norvège, à l'érable rouge, à l'érable argenté et à l'érable à sucre, s'est développé et propagé à la faveur des conditions climatiques particulièrement humides cette année.
L'infestation se traduit par l'apparition au cours de l'été de taches goudronneuses noires (d'environ 1 cm de diamètre) sur les feuilles, provoquant une diminution de leur capacité photosynthétique puis leur chute précoce. Bien que les dommages soient rarement graves pour les arbres, des infestations répétées peuvent cependant les affaiblir et les rendre plus sensibles à d'autres maladies et aux attaques d'insectes.
Pour réduire l'infestation au printemps suivant, il est donc conseillé de ramasser les feuilles mortes et de les brûler ou d'en faire du compost à l'automne. (OP)

Pour en savoir plus: 

jeudi 7 septembre 2006

En Corse, un premier cas de paludisme non importé depuis 1972

La Direction générale de la santé de Corse a confirmé hier le "premier cas de paludisme autochtone diagnostiqué en France depuis 1972". Selon l'hypothèse la plus probable, le patient aurait contracté une forme bénigne de la maladie dans la région de Porto en Corse-du-Sud. Les risques que d'autres cas apparaissent étant "quasi nul", aucune alerte sanitaire n'a été déclenchée sur l'île de Beauté. Bien qu'il ne sévisse plus en France métropolitaine depuis plus d'un siècle, le paludisme autochtone a longtemps sévit en Corse qui est restée infestée par le moustique vecteur jusqu'à la seconde guerre mondiale. Depuis 1973 aucun cas de paludisme autochtone n'y avait été signalé. Une étude réalisée en 1996 par l'Institut de recherches en développement (IRD) soulignait cependant le risque de réintroduction sur l'île d'un des parasites responsable de la maladie, Plasmodium vivax, du fait de la présence importante d'un de ses vecteurs potentiels, l'Anopheles labranchiaee. (OP) ; Source : dépêche AFP (06.09.2006 17:09)
> Ministère français de la Santé et des Solidarités
> Institut de veille sanitaire
> Surveillance du paludisme en Corse 1999-2002 [Rapport PDF]

Progression de la maladie de la langue bleue vers le nord

Pour la première fois, la fièvre catarrhale du mouton, une épizootie virale transmise par des diptères nématocères du genre Culicoides spp. (famille des Cératopogonidés) s'est manifesté en Europe du Nord, aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne. La fièvre plus connue sous le nom de la maladie de la langue bleue en raison d'une cyanose de la langue qu'elle provoque parfois est due à un virus du groupe des réoviridés du genre Orbivirus qui affecte presque tous les ruminants domestiques et sauvages. Originaire d'Afrique sub-saharienne, fréquente en Turquie, dans les pays tropicaux et sub-tropicaux, la fièvre catarrhale est présente en Europe depuis 1998 où elle a infesté les élevages ovins et bovins dans les îles grecques, avant de progresser vers les autres pays du bassin méditerranéen et de toucher la Corse en 2000. Cette année un premier cas a été signalé le 14 août dans une ferme de la province de Limbourg aux Pays-Bas puis la maladie s'est rapidement étendue à plusieurs élevages frontaliers en Belgique et en Allemagne. Ce premier foyer en Hollande représente la localisation la plus nordique qui n'ait jamais été signalée pour cette maladie émergente. Selon certains scientifiques, cette progression de la maladie serait liée aux changements climatiques qui favorisent l'extension géographique de son vecteur. Une étude publiée l'an dernier par l'équipe de Bethan Purse, de l’Institut britannique pour la santé animale de Pirbright, suggérait en effet que la récente émergence de la fièvre catarrhale en Europe méridionale soit due à la progression vers le nord de son principal vecteur d'origine afro-asiatique, Culicoides imicola, suite à l'augmentation des températures. Les températures élevées et les fortes pluies enregistrées cet été pourraient être à l'origine de cette nouvelle épizootie en Hollande. À ce jour, C. imicola n'a cependant toujours pas été identifié en Hollande, et d'autres espèces européennes de Culicoides comme C. obsoletus et C. pulicaris pourraient aussi jouer le rôle de vecteur. (OP) ; Source : Sciences et Avenir.com
> Pour en savoir plus sur la fièvre catarrhale du mouton (Office internationale des épizooties / Organisation mondiale pour la santé animale)
> Réf. : Baldet T., Mathieu B., Delécolle J.C., 2003. Émergence de la fièvre catarrhale ovine et surveillance entomologique en France. Insectes n°131 (INRA-OPIE) [Télécharger l'article au format PDF]
> Réf. : Purse BV, Mellor PS, Rogers DJ, Samuel AR, Mertens PP, Baylis M., 2005. Climate change and the recent emergence of bluetongue in Europe. Nat Rev Microbiol. 3(2):171-8, février 2005 [Résumé en anglais]

mardi 11 juillet 2006

La septoriose du blé résiste aux fongicides

La septoriose foliaire est une maladie fongique du blé qui sévit dans en Europe, particulièrement dans les pays de l'Ouest où le climat océanique favorise sa dissémination. Caractérisée par des taches foliaires brunes et une baisse importante des rendements, elle est provoquée par un champignon parasite Septoria tritici qui s'attaque aux feuilles de blé. Des fongicides de la famille des strobilurines et des triazoles sont utilisés courramment depuis plusieurs années pour combattre la septoriose. Cependant, leur emploi excessif a conduit à l'apparition de souches résistantes et n'a pas permis de contrôler efficacement la maladie. Des études menées au sein de l'Unité de Phytopharmacie de l'INRA à Versailles révèle que le champignon est particulièrement résistant aux strobilurines, une classe de fongicides synthétiques introduits il y a une dizaine d'année. Dans le Nord de la France, la résistance est si forte que les strobilurines n'apportent plus aucune efficacité contre la septoriose. Au niveau moléculaire, la résistance aux strobilurines correspond à une mutation d'un gène mitochondrial codant pour le cytochrome b, leur principale cible. Les travaux se poursuivent aussi afin de diversifier les moyens de lutte. De meilleures pratiques culturales (utilisation de variétés de blé peu sensibles, allongement des rotations, optimisation de la fertilisation) pourraient en effet réduire le développement de la septoriose. (OP)
>Source : INRA Presse Info

mercredi 5 juillet 2006

Des coléoptères amateurs de tamaris

Plantes originaires des régions méditerranéennes, les tamaris (genre Tamarix) ont été introduits aux États-Unis d'Amérique au 19ème siècle. 2 des 8 espèces introduites, Tamarix parviflora et Tamarix ramosissma, ont proliféré à la faveur du développement agricole et de l'irrigation, et sont devenues envahissantes dans plusieurs états du Sud-Ouest (Colorado, Utah, Kansas, Texas, Nouveau Mexique, Wyoming, Arizona) où elles forment de vastes et denses colonies. Leur grande tolérance aux conditions climatiques les plus variées (chaleur, froid, sécheresse, inondations, salinité, etc.) et un profond système racinaire leur ont permis de coloniser plus particulièrement les bords des rivières, éliminant les saules et les peupliers indigènes. Accusée d'accroître la fréquence des feux et l'incidence des inondations, leur prolifération contribue aussi à épuiser les sources d'eau et à accentuer la salinité des sols (d'où leur nom de salt cedar en anglais). Pour réduire ces populations envahissantes, des méthodes de contrôle mécanique et des traitements chimiques au moyen d'herbicides tels que l'Imazapyr sont couramment utilisés. Depuis plusieurs années, les biologistes expérimentent aussi une méthode de contrôle biologique en faisant appel à une espèce exotique de chrysomèle, Diorhabda elongata (photo), dont les larves et adultes sont très friands de feuilles de tamaris. En fonction de la lattitude de leur origine géographique, plusieurs souches de D. elongata provenant de Chine, d'Europe (Grèce, Crête, etc.) ou du Moyen-Orient ont été testées avec plus ou moins de succès afin de déterminer celles qui sont les plus susceptibles de s'adapter aux conditions climatiques des différents états du Sud-Ouest. Des chercheurs du Texas Agricultural Experiment Station expérimentent actuellement une souche originaire de l'Ouzbékistan, probablement mieux adaptée aux conditions climatiques du Texas. Les chercheurs espèrent que les coléoptères ouzbeks seront de meilleurs prédateurs que ceux provenant de Grèce, qui après une bonne acclimatation se sont montrés nettement moins prolifiques. Espérons aussi que ce prédateur exotique ne devienne pas à son tour une espèce envahissante ! L'éradication des tamaris est toutefois contestée car ces petits arbres sont devenus, après la disparition des saules et des peupliers, les sites privilégiés de nidification du Willow flycatcher (Empidonax traillii extimus), une espèce d'oiseau actuellement menacée. (OP) ; Source : EurekaAlert! [Article en anglais]
> Galerie de photos du Texas Agricultural Experiment Station
> En savoir plus sur l'invasion des tamaris dans le Sud-Ouest des États-Unis (en anglais)

mardi 4 juillet 2006

Les maladies prolifèrent avec les tiques

Les tiques sont des acariens ectoparasites hématophages dont certaines espèces peuvent véhiculer différentes maladies infectieuses humaines (des borrélioses dont la maldie de Lyme, des arboviroses dont la fièvre de Congo-Crimée et la fièvre de la vallée du Rift, etc.). En Afrique de l'Ouest, la tique Ornithodoros sonrai peut transmettre à l'homme, à l'occasion de piqûre, la bactérie Borrelia crociduraeai responsable d'une fièvre récurrente dont les symptômes sont similaires au paludisme. Relativement méconnue, cette borréliose est généralement sous-estimée dans les pays où elle sévit. Selon des chercheurs de l'Institut de recherches en développement à Dakar (Sénégal), son incidence est pourtant très élevée et en augmentation depuis ces dernières années. Dans une petite région rurale du Sénégal où ils ont suivi son évolution de 1990 à 2003, l'infection bactérienne transmise par les tiques a touché en moyenne chaque année près de 11% de la population. Leur étude révèle en outre une importante progression géographique de la tique de 2002 à 2005. Suite à la sécheresse, la tique s'est en effet propagée hors du Sahel à la plupart des villages du Sénégal, du Mali et de la Mauritanie. (OP) ; Source : Sciences et Avenir.com ; Réf. : Vial L, Diatta G, Tall A, Hadj Ba E, Bouganali H, Durand P, Sokhna C, Rogier C, Renaud F, Trape JF, 2006. Incidence of tick-borne relapsing fever in west Africa: longitudinal study. The Lancet 368 (9529):37-43 [L'article et son résumé en anglais sont accessibles gratuitement après inscription sur le site TheLancet.com]

samedi 1 juillet 2006

Des airs d'automne en juin

Dans plusieurs régions de l'est du Québec, certains arbres ont pris en ce début d'été une parure bien automnale. Dépouillés de leur feuillage, les trembles, les peupliers et les bouleaux sont en effet victimes d'une petite chenille défoliatrice, la tordeuse du tremble (Choristoneura conflictana). Présent d'un océan à l'autre, principalement dans l'est canadien, ce ravageur boréal voit périodiquement sa population augmenter pendant 2 à 3 ans avant de disparaître. Les récents étés secs et chauds ont favorisé sa progression du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord, où sa dernière observation remonte à 2003, aux régions du Bas-Saint-Laurent et de Québec. Selon les spécialistes, bien qu'elle soit spectaculaire, la défoliation n'est pas dangereuse si l'arbre est en bonne santé. En effet, elle survient généralement assez tôt en saison ce qui permet une nouvelle feuillaison au cours de l'été. Toute lutte contre cet insecte est normalement inutile puisque les infestations sont généralement de courtes durées et qu'il existe de nombreux prédateurs et parasites naturels indigènes (fourmis, guêpes parasitoïdes, carabes, oiseaux tels que pics, mésanges et viréo, etc.) assurant un contrôle efficace de leur population. (OP) ; Source : Cyberpresse.ca (article paru dans le quotidien Le Soleil, le 1er juillet 2006)
> En savoir plus sur la Tordeuse du tremble (Service canadien des forêts)
> Voir des photos de la Tordeuse du tremble

mercredi 21 juin 2006

L'hystérie de la spongieuse à Mississauga

Dopées par les derniers étés chauds et secs et attirées par alléchantes plantations de chênes, les larves de spongieuses (Lymantria dispar) ont envahit les forêts de Mississauga, une importante ville d'Ontario située au sud-ouest de Toronto. Le niveau d'infestation est tellement élevé cette année que les autorités municipales ont du procéder à des épandages aériens d'insecticides biologiques (à base de Bacille de Thuringe) sur les zones infestées. Originaire d'Eurasie, ce petit papillon a été accidentellement introduit dans la région de Boston dans les années 1870 et est devenu au fil du temps un des ravageurs les forestiers les plus destructeurs en Amérique du Nord. Ses larves abondamment poilues (photo) s'attaquent aux feuillages de plus de 300 essences de feuillus et d'arbrisseaux et affectionnent particulièrement les chênes, les ormes et les érables. La spongieuse doit son nom aux petites masses d’œufs qui ressemblent à de petites éponges et qui peuvent contenir de 200 à 1000 oeufs. Des employés municipaux ont découvert sur certains arbres jusqu'à 800 de ces petites masses spongieuses. Durant les 7 semaines du développement larvaire (4 à 5 stades) qui culmine au mois de juin, des centaines de milliers de larves affamées dépouillent les arbres de leurs feuilles les rendant ainsi incapables de se nourrir et plus vulnérables aux maladies et aux attaques d'autres parasites. Les citoyens de la ville ontarienne sont maintenant au prise avec les quantités importantes de déjections que les larves abandonnent dans les jardins, les pelouses et les piscines. Ils doivent aussi porter une attention particulière aux poils urticants des chenilles qui peuvent causer des réactions allergiques, particulièrement chez les jeunes enfants. Source : Toronto Life "Moth Hysteria Mississauga's very hungry caterpillars" par Flannery Dean [Lire l'article en anglais]
> En savoir plus sur la spongieuse (Service canadien des forêts)

mardi 20 juin 2006

Le Roseau commun, une plante envahissante au Québec ?

Le Roseau commun, ou phragmite commun (Phragmites australis), est une plante familière du réseau autoroutier du Québec. Ses "grandes tiges surmontées d'un plumeau" bordent en effet les autoroutes du Sud-Ouest de la province. Leur présence peut être perçue comme bénéfique, aussi bien au niveau de la sécurité routière (captation de la neige et de la poudrerie, diminution de l'éblouissement des phares des automobiles circulant en sens inverses, etc.) qu'au niveau écologique puisqu'il joue un rôle important dans la purification des eaux de drainage. Cependant, leur prolifération non maîtrisée peut aussi conduire à des nuisances, et à une surcharge de nettoyage et d'entretien des fossés de bords de route. En effet, les colonies de roseau peuvent constituer des haies de plusieurs kilomètres et obstruer l'écoulement des eaux et la vision des automobilistes.

Dans le Nord-Est de l'Amérique du Nord, le roseau est considéré est considéré comme une plante envahissante qui perturbe les milieux humides. Aux États-Unis, des colonies denses ont en effet envahi les marais, marécages et tourbières, menaçant la diversité végétale et offrant des habitats de mauvaise qualité pour la faune.

Des études ont montré que la prolifération des colonies de roseau était étroitement liée à l'expansion du réseau autoroutier Nord-américain. Les autoroutes québécoises, qui traversent de nombreux milieux humides, pourraient donc devenir "la première étape d'une invasion à grande échelle des milieux sensibles".

Plus récemment des études de caractérisation moléculaire ont démontré que l'invasion des marais américains résultait essentiellement de la multiplication d'un génotype européen au détriment du génotype indigène, suite à des perturbations anthropiques. L'analyse génétique de roseaux récoltés en bordures des autoroutes du Québec en 2004 révèle que la presque totalité (soit 99 %) est d'origine exotique. Pour remédier à cet envahissement et pour éviter que la biodiversité des milieux humides sensibles du Québec ne soit menacée, le Ministère du Transport du Québec et l'Université Laval ont mis en place un projet de recherche baptisé Phragmites. (Source : Agri-Réseau / Phytoprotection / Mauvaises herbes)

Pour en savoir plus :


Colonie de roseau commun sur l'Île des Sœurs, boisée Saint-Paul, Montréal (Québec). Olivier Peyronnet (04.2005). La prolifération de ces "grandes tiges beiges surmontées d'un plumeau se laissant bercer par le vent" menacerait les milieux humides et les écosystèmes sensibles du Québec

lundi 12 juin 2006

Allègement de la lutte contre le virus du Nil occidental au Québec

Les moyens préventifs visant à contrôler le virus du Nil occidental (VNO) seront moins importants cette année au Québec. En particulier, il n'y aura pas de pulvérisation sélective d'insecticides à grande échelle, ni de collecte d'oiseaux morts comme cela était le cas depuis 2002. L'épidémie s'avère en effet moins grave que prévue et, selon la Direction de la santé publique du Québec (DSPQ), ces mesures ne seraient pas indispensables ni significativement efficaces. L'an dernier, seulement 5 cas d'infection au VNO, dont un décès, ont été officiellement recensés au Québec (pour un total de 46 personnes infectées et 5 décès au cours des 4 dernières années). Le nombre de québécois ayant contracté le VNO est certainement beaucoup plus grand mais la plupart ne développe pas de symptômes. D'ailleurs, selon Héma-Québec, 0.2% des donneurs de sang seraient porteurs du VNO sans le savoir. La vigilance demeure toutefois de mise, particulièrement pour les personnes âgées et les malades. Pour s'en protéger, les autorités sanitaires recommandent le port de vêtement longs et clairs et l'emploi d'insectifuge (ou "chasse-moustique") à base de DEET ou d'eucalyptus, surtout en juillet et en août, période pendant laquelle les maringouins sont les plus susceptibles d'être porteurs du VNO. D'autre part, elles invitent la population à éliminer autour de leur résidence toutes les sources d'eau stagnante qui constituent d'excellents gîtes de reproduction pour les moustiques. (OP) ; Source : les nouvelles de la radio de Radio-Canada
> Pour en savoir plus sur le VNO au Québec, consulter le site du Ministère de la santé et des services sociaux : virusdunil.info
>Lire les nouvelles précédentes : Des maringouins particulièrement nombreux et voraces cette année au Québec (PESTInfos 31.05.06) et Kahnawake dit non au BTi (PESTInfos 10.04.06)
> Suivre toutes les actualités du VNO sur PESTInfos >>>

jeudi 8 juin 2006

Le pesticide « Merit » est risqué pour la santé et l'environnement (CAP-Québec)

Dans un communiqué émis le 15 mai 2006, la Coalition pour une alternative aux pesticides (CAP) met en garde la population québécoise contre les risques pour la santé et l'environnement du pesticide "Merit". Cet insecticide, dont l'ingrédient actif est l'imidaclopride, est soupçonné d'avoir des effets néfastes pour les abeilles dans diverses régions d'Europe. Il est commercialisé au Québec pour lutter contre les vers blancs, à savoir les larves du hanneton commun (Phyllophaga anxia), du hanneton européen (Amphimallon majalis) ou du scarabée japonais (Popillia japonica), qui affectent les pelouses.

Malgré le nouveau Code de gestion des pesticides du Québec, qui 'en fait pas mention, le Merit est souvent utilisé abusivement comme "solution miracle et sécuritaire" par les entreprises professionnelles d'entretien des pelouses. Alors qu' il est vivement recommandé sur l'étiquette commerciale de ne pas cultiver de plantes comestibles dans l'année suivant l'application du Merit, la CAP dénonce l'absence d'avertissements pour les enfants qui jouent sur les pelouses traitées et les risques auxquels ils sont exposés.

L'imidaclopride est un insecticide néonicotinoïde (agoniste de la nicotine) systémique qui pénètre dans les plantes et est véhiculé dans la sève. L'insecticide et ses résidus toxiques peuvent persister jusqu'à 3 mois dans les gazons, plus d'une année dans les sols, mais aussi dans certains cas contaminer les nappes phréatiques. De plus, peu spécifique, il est aussi toxique pour les vers blancs que pour les auxiliaires de la lutte biologique (nématodes, guêpes parasitoïdes, etc.) qui aident à les contrôler, les abeilles pollinisatrices, mais aussi les oiseaux qui en consomment en grand nombre.

L'utilisation de cet insecticide est d'autant plus inutile qu' il est presque impossible d'éradiquer complètement les vers blancs. Il est donc préférable d'adopter des méthodes culturales préventives pour en limiter le nombre. Sur son site, la CAP propose aux adeptes inconditionnels des pelouses vertes d'autres solutions moins toxiques pour entretenir des "pelouses écologiques", et pour prévenir ou contrôler les insectes et maladies qui les ravagent. Enfin, il est important de souligner que l'abondance des surfaces gazonnées dans les banlieues et la campagne du Québec n'est pas favorable à la biodiversité, et que leur fertilisation abusive contribue à l'eutrophisation de nombreux lacs ! (OP) [Lire le communiqué de la CAP en format PDF]

lundi 5 juin 2006

La formation d'une armée de Criquets

La formation des grands essaims de Criquets pelerin (Schistocerca gregaria) fait peser une menace permanente sur les cultures et les pâturages des pays de l'Afrique de l'Ouest et du Maghreb. Les ravages et destructions des récoltes qu'ils causent peuvent entraîner des répercussions importantes sur la sécurité alimentaire et l'économie des pays touchés. La prévision et la détection précoce de la formation d'essaims sont donc d'une importance primordiale pour les populations exposées, d'autant plus que les moyens actuels de lutte antiacridienne sont souvent coûteux et inefficaces. Une nouvelle étude menée à l'Université d'Oxford montre que le comportement grégaire de ces criquets dépends de la densité de leur population. Dans un espace limité, s'ils sont peu nombreux, les jeunes criquets évoluent indépendamment des autres de façon désordonnée. Par contre, lorsque leur population augmente et qu'elle atteint une densité critique d'environ 50 individus au mètre carré, ils adoptent rapidement un comportement grégaire et des mouvements collectifs coordonnés, donnant naissance à un essaim De petites augmentations de leur densité peuvent ainsi conduire à des changements importants et rapides des mouvements des essaims. Les chercheurs ont aussi observé une certaine instabilité des mouvements des essaims naturels, au sein desquels des groupes peuvent rapidement changer de direction sans perturbations externes. (OP) ; Source : Sciences et Avenir.com ; Réf. : Buhl J, Sumpter DJ, Couzin ID, Hale JJ, Despland E, Miller ER, Simpson SJ, 2006. From disorder to order in marching locusts. Science 312 (5778):1402-6 [Résumé en anglais] [Science magazine]
> Voir une vidéo de la marche des criquets dans une aréna ciculaire (SciDev.net) [Fichier AVI, 3358K]
> L'Observatoire acridien de la FAO
> Pour en savoir plus sur les acridiens de l'Afrique de l'Ouest : AcridAfrica

jeudi 1 juin 2006

Les Bourdons, de "valeureux poilus" menacés

Une cinquantaine d'espèces de bourdons (genre Bombus) vivent en Europe. Ces "valeureux poilus" sont d'excellents pollinisateurs qui font le bonheur des jardiniers. Reconnaissables grâce à leur épaisse fourrure, leur grande résistance leur permet d'être toujours les premiers à butiner les fleurs avant les abeilles, en début de saison, le matin alors que la fraîcheur de la nuit paralyse encore la plupart des insectes, ou après un orage. La pollinisation de diverses plantes dont de nombreuses légumineuses dépendent essentiellement des bourdons, et quelques petits arbustes fruitiers comme les framboisiers ou les groseilliers sont surtout visités par eux. Comme les abeilles domestiques, les bourdons sont menacés par les transformations des paysages provoquées par les pratiques agricoles et l'urbanisation actuelles. Sensibles aux pesticides, ils se raréfient et quelques espèces ont déjà disparu. En Angleterre, des entomologistes professionnels et amateurs se sont rassemblés au sein d'un "office pour les bourdons et leur environnement" (The Bumblebee Conservation Trust) pour les étudier, les surveiller, les protéger et favoriser leur présence dans les jardins anglais. Une attention particulière est portée au Bourdon des clairières, Bombus distinguendus , une espèce en danger qui figure sur le logo du BBCT. (OP) ; Source : Office pour les insectes et leur environnement (OPIE), Les Épingles de collection 2006
> site officiel de The Bumblebee Conservation Trust (BBCT)
> Lire aussi "Les bourdons, de valeureux poilus à aider au jardin", par l'association PONEMA rassemblant les passionnés des jardins naturels et sauvages

mercredi 31 mai 2006

Des maringouins particulièrement nombreux et voraces cette année au Québec

Au Québec, l'hiver particulièrement doux et les conditions climatiques de ces dernières semaines (des jours pluvieux suivis de chaleur intense), ont favorisé la prolifération des mouches noires et des moustiques. Jusqu'à 3 fois plus nombreux ce printemps, les maringouins rendent parfois la vie insupportable aux amateurs de plein air et aux travailleurs. Jacques Boisvert, entomologiste et professeur à l'Université du Québec à Trois-Rivières prévoit leur abondance jusque vers la Saint-Jean (24 juin). Pour les irréductibles du plein air, la seule solution vraiment efficace est de porter des vêtements suffisament longs et amples pour couvrir le maximum du corps. Pour les zones exposées de la peau comme par exemple, les chevilles, les bras et l'arrière du cou, il reste l'utilisation d'insectifuges personnels ou "chasse-moustique" à base de N-N diméthyltoluamide (DEET), de diméthyl-phthalate (DMP), d'huile de citronnelle ou d'huile de lavande. Le DEET dont la concentation ne doit jamais dépasser 30% est relativement efficace mais peut être dangereux surtout pour les jeunes enfants. Plus "naturelles", les huiles essentielles ne sont cependant efficaces que pendant un temps très limité. Enfin, malgré tous les désagréments qu'ils apportent à l'homme et les maladies qu'il peuvent parfois véhiculer (comme le virus du Nil occidental), ces insectes piqueurs ont un rôle écologique fondamental en assurant une source abondante de nourriture pour de nombreux prédateurs, le recyclage d'une partie de la matière organique et la pollinisation des plantes à fleurs. (OP) ; Source : D'après une dépêche de Cyberpresse.ca [Lire la dépêche]
> Sur la Toile des insectes du Québec (Insectarium de Montréal), pour en savoir plus sur les maringouins et les mouches noires
> À (Re)Lire : "Le Moustique par solidarité écologique" de Jean-Pierre Bourassa (Les Éditions du Boréal, Montréal, 2000)
> Lire la nouvelle précédente : Les États-Unis prennent leurs distances avec l'insectifuge DEET (PESTInfos 02.05.06)

Les érables de Norvège envahissent le Mont Royal

Le parc du Mont-Royal est un patrimoine naturel et historique très cher au coeur des montréalais(es). Mais la biodiversité de ce riche milieu naturel est menacée de transformation au cours des prochaines années. À l'origine, la forêt qui couvrait le mont Royal était essentiellement composée d’érables à sucre, de caryers et de chênes rouges. Selon, les deniers relevés botaniques réalisés par Jacques Brisson, professeur à l’Institut de recherche en biologie végétale (Université de Montréal), l'érable de Norvège (Acer platanoides), introduit dans les années 60 et 70 pour reboiser certaines parties du parc, pourrait en effet remplacer l'érable à sucre (Acer saccharum) comme espèce dominante à la prochaine génération. Plus résistant à la pollution urbaine et plus prolifique que l'érable à sucre, l'érable de Norvège a aussi été souvent planté en bordure des rues de Montréal et de nombreuses villes du nord est de l'Amérique. En sous bois, il réduit la lumière nécessaire aux autres espèces d'arbres (frênes, érables à sucre, etc.) et à la flore typique d'une érablière (uvulaires, trilles, etc.), et s'étend très rapidement. Selon le botaniste, sa prolifération "pourrait également avoir des répercussions écologiques sur l’ensemble des espèces animales et végétales de la montagne". En Ontario et aux États-unis, l'érable de Norvège est déjà considéré comme une espèce envahissante. Pour préserver le caractère unique du mont Royal, Jacques Brisson recommande à la ville de Montréal de ralentir la progression de cet érable en éradiquant les jeunes pousses et en évitant d'en planter dans les rues voisines du mont Royal. [En savoir plus] (OP) ; Source : FORUM, l'hebdomadaire d'information de l'Université de Montréal ; Réf. : Baril Daniel, Forum Vol. 40 No 31, 29 mai 2006
> Résumé de la conférence de Jacques Brisson au 74ème Congrès de l'ACFAS

lundi 29 mai 2006

Vers une démoustication de la Camargue

Les conditions climatiques de l'été dernier en Camargue (une longue sécheresse suivie de fortes pluies) avaient favorisé la pullulation des "moustiques des champs", dont Aedes caspius, une espèce particulièrement agressive vis-à-vis de l'homme. Les marais et marécages de Camargue, jusqu'à présent préservés de tout traitement insecticide, sont un terrain fertile pour cette espèce qui pond lorsque les sols sont asséchés et dont les oeufs, très résistants, éclosent lorsque les sols sont mis en eau, mais aussi pour la quarantaine d'autres espèces de moustiques dont A. detritus et Culex pipiens. L'inconfort grandissant des citoyens des villes riveraines du parc naturel, et la crainte de propagation du virus du Chikungunya suscitée par la récente épidémie à la Réunion et l'apparition de son vecteur, A. albopictus, dans les Alpes Maritimes, ont conduit les autorités régionales à envisager pour la première fois une démoustication partielle et expérimentale de la Camargue. L'insecticide utilisé sera le populaire larvicide "biologique" Bti (Bacillus thuringiensis israelensis) dont les toxines sont réputées être beaucoup moins nocives pour l'environnement que les organophosphorés. Un centre de recherche privé spécialisé dans la conservation et la restauration des zones humides méditerranéennes, la station biologique de la Tour du Valat, sera en outre chargée d'étudier les impacts à long terme des traitements larvicides sur ces écosystèmes et leur faune, particulièrement les populations d'insectes, d'oiseaux et de poissons. Le cœur de la réserve naturelle (soit environ 30 000 ha) en demeure toutefois exclue. Le maintien de zones non traitées est en effet nécessaire pour éviter ou retarder l'apparition des phénomènes de résistance des moustiques aux insecticides qui se multiplient à travers le monde. Un environnement naturel non traité constitue un réservoir de moustiques sensibles qui permet de "diluer" les souches devenues résistantes dans les zones traitées. Cependant, Mylène Weill, chercheuse à l'Institut des sciences de l'évolution de l'Université de Montpellier prévient que cette stratégie de "dilution de la résistance" n'est efficace que si les souches résistantes ont un coût métabolique plus élevé et des facultés reproductrices plus faibles que les souches sensibles. Or la multiplication des cas de résistance dans le monde, le plus souvent suite à de mauvaises pratiques, fait craindre l'apparition et la propagation de souches "super résistantes" avec de bonne capacités adaptatives. Ainsi, en Tunisie, une campagne de démoustication systématique et intensive de larges zones touristiques a conduit en seulement 2 ou 3 ans à l'apparition de moustiques totalement résistant aux toxines "bioinsecticides" issues de la bactérie Bacillus spahericus. Aux États-Unis même, où depuis 1999 des opérations "raisonnées" de contrôle des vecteurs du virus du Nil occidental sont menées chaque année, certaines populations de moustiques sont localement devenues résistantes au Bti. Les opérations de démoustication de la Camargue s'annoncent donc très délicates et devront être menées avec beaucoup de précautions d'autant plus que le réchauffement climatique pourrait favoriser la propagation de nouvelles espèces. Les spécialistes recommandent généralement une campagne de démoustication seulement en cas de menaces sérieuses d'épidémie et préconisent plutôt le drainage des eaux stagnantes et la restauration des écosystèmes naturels comme mesures préventives. (OP) ; Source : LeMonde.fr (29.05.06) [Lire l'article de Hervé Morin]
> Entente interdépartementale pour une démoustication du littoral méditerranéen
> Station biologique de la Tour du Valat
>Lire la nouvelle précédente : Des moustiques résistent au Bti (PESTInfos 09.12.05)

mercredi 24 mai 2006

La Lucilie cuivrée australienne prédisposée à résister aux organophosphorés

La Lucilie cuivrée australienne, Lucilia cuprina (Diptère : Calliphoridé), provoque une myase très grave chez les moutons, et affecte particulièrement les élevages en Australie et en Afrique du Sud. Attirée par les replis laineux malodorants et humides des moutons, cette mouche verte y pond des oeufs, puis ses larves creusent des tunnels dans la chair de l'animal provoquant d'importantes lésions et des infections bactériennes mortelles si elles ne sont pas traitées. Dans les années 50, les éleveurs australiens ont utilisé des insecticides organophosphorés comme le diazinon pour combattre ces diptères. Mais la mouche est devenue très résistante en quelques années seulement. Récemment, des chercheurs australiens (CSIRO) et néozélandais ont découvert sur des mouches préservées, collectées avant l'utilisation des pesticides chimiques, la présence d'allèles mutants du gène de l'estérase E3, identiques à ceux qui confèrent la résistance au malathion, un autre insecticide organophosphoré (la protéine enzymatique E3 modifiée dégrade spécifiquement le malathion). L'allèle résistant au diazinon est la forme de résistance aux organophosphorés la plus répandue en Australie mais est rare dans les régions où la pression insecticide est plus faible. La présence d'allèles résistants au malathion chez les mouches préservées expliquerait donc la rapidité de la flambée de résistance aux organophosphorés en Australasie. (OP) ; Source : Sciences et Avenir.com ; Réf. : C. J. Hartley, R. D. Newcomb, R. J. Russell, C. G. Yong, J. R. Stevens, D. K. Yeates, J. La Salle, and J. G. Oakeshott, 2006. Amplification of DNA from preserved specimens shows blowflies were preadapted for the rapid evolution of insecticide resistance. PNAS Édition électronique avancée du 24 mai 2006 [Résumé en anglais]
> Voir des photos de la Lucilie cuivrée
> En savoir plus sur la lutte contre la Lucilie cuivrée en Australie : "La laine fétide" par Alain Fraval (Insectes No 137, 2005) [Document PDF]

mardi 23 mai 2006

La microévolution du virus du Chikungunya

L'importante flambée épidémique de Chikungunya qui sévit dans l'océan Indien et plus particulièrement sur l'île de la Réunion depuis le début de l'année 2005 a surpris bon nombre de spécialistes. Pourtant réputé pour être faiblement virulent, le virus du Chikungunya a infecté près d'1/3 de la population de l'Île, soit environ 258 000 personnes (Institut de veille sanitaire, 18.05.06). Alors qu'à ce jour aucune forme grave ou mortalité associée à ce virus n'avait été décrite dans la littérature médicale, plusieurs formes neurologiques et hépatiques sévères, provoquant dans certains cas des décès, y ont été aussi confirmées. Il est malheureusement vrai que le Chikungunya, qui sévit essentiellement en Afrique, a été très peu étudié par la communauté scientifique internationale. Devant l'ampleur de l'épidémie actuelle, des équipes de virologues de l'institut Pasteur de Paris et de Lyon (centre national de référence des arbovirus) se sont enfin intéressées à ce mystérieux virus dont le principal vecteur à la Réunion est le moustique tigré asiatique (Aedes albopictus), et ont commencé à retracer son histoire et son évolution. Leurs premiers résultats sont publiés cette semaine dans la revue scientifique libre d'accès PLOS Medecine. Grâce au séquençage complet du génome (constitué d'ARN) de plusieurs souches virales isolées chez des patients infectés à la Réunion et aux Seychelles, Ils ont établit que les souches étaient apparentées à celles identifiées en Afrique où le virus a été isolé pour la première fois en 1952 en Tanzanie. D'autre part, ils ont aussi découvert des modifications de l'ARN viral au cours de l'épidémie qui suggèrent une évolution adaptative des souches virales réunionnaises. En particulier, le séquençage partiel de la protéine d'enveloppe virale E1 (une "signature moléculaire" du virus) chez 127 patients de la Réunion et des îles voisines (Madagascar, Seychelles, île Maurice, Mayotte) a montré que cette protéine, impliquée dans l'attachement du virus aux membranes cellulaires du moustique et dans sa multiplication, avait aussi mutée au cours de l'épidémie. Cette mutation est devenue prédominante au début de la flambée épidémique en septembre 2005, et pourrait être à l'origine d'une adaptation du virus au moustique A. albopictus, qui n'était pas connu jusque là pour en être un vecteur majeur. Selon les chercheurs, le Chikungunya pourrait donc se propager à d'autres régions du monde, en particulier aux Caraïbes, aux Amériques et en Europe, où le tigré asiatique est présent. (OP) ; Source : Institut Pasteur [Lire le communiqué] [Dossier de presse] ; Réf. : Isabelle Schuffenecker, Isabelle Iteman, Alain Michault, Séverine Murri, Lionel Frangeul, Marie-Christine Vaney, Rachel Lavenir, Nathalie Pardigon, Jean-Marc Reynes, François Pettinelli, Leon Biscornet, Laure Diancourt, Stéphanie Michel, Stéphane Duquerroy, Ghislaine Guigon, Marie-Pascale Frenkiel, Anne-Claire Bréhin, Nadège Cubito, Philippe Desprès, Frank Kunst, Félix A. Rey, Hervé Zeller, Sylvain Brisse, 2006. Genome Microevolution of Chikungunya Viruses Causing the Indian Ocean Outbreak. PLOS Medecine 3 (7), juillet 2006, édition électronique avancée [Lire l'article en anglais] [Lire le résumé de l'éditeur en anglais]
>Lire aussi : Le chikungunya suivi à la trace grâce à son génome (LeMonde.fr, 23.05.06) et L'Institut Pasteur souligne le risque de propagation du virus du chikungunya (LeMonde.fr, 23.05.06)
> Dossier Chikungunya (PESTInfos)

mardi 16 mai 2006

Menaces sur les insectes pollinisateurs

Partout sur la planète, on assiste à une véritable crise de la pollinisation qui touche l'ensemble des insectes pollinisateurs (abeilles domestiques et sauvages, bourdons, papillons, mouches, moustiques et divers coléoptères). Les nouveaux insecticides systémiques comme le Gaucho et le Régent dont les doses sublétales perturbent les abeilles domestiques ne sont pas les seuls responsables de cette inquiétante hécatombe. Selon Bernard Vaissière, chercheur spécialiste des pollinisateurs à l'INRA d'Avignon, la perte de la biodiversité végétale suite aux pratiques agricoles intensives et à l'urbanisation (démembrement, arrachage des haies, utilisation systématique d'herbicides contre les "mauvaises herbes", etc.) a un rôle majeur en privant les insectes de nourriture. La perte de nombreuses espèces de fleurs sauvages, sources de nectar et de pollen indispensables aux insectes, pourrait être responsable de l'affaiblissement généralisé des colonies d'abeilles. Pour tenter de sauver les abeilles, des programmes de jachères fleuries sont actuellement en cours d'expérimentation dans plusieurs régions françaises. (OP) ; Source : Le Figaro.fr [Lire l'article de Yves Misery]
> Lire aussi : Protéger les pollinisateurs (PESTInfos, 05.01.06)
>Dossier Abeilles et insectes pollinisateurs

vendredi 12 mai 2006

Protection des cultures, préservation de la biodiversité, respect de l’environnement

"Pour assurer une production alimentaire adaptée aux besoins des populations, en termes de quantité, de qualité, et de sûreté sanitaire dans le respect des principes d’un développement durable de la planète, la protection des cultures, aujourd’hui encore principalement agrochimique, doit connaître une véritable évolution, sous peine d’aggraver un bilan économique et écologique préoccupant". Suite aux succès mitigés du concept de protection intégrée et face au risque transgénique d'accroître les phénomènes de résistance des insectes, Jean-Philippe Deguine (CIRAD) et Pierre Ferron (INRA) plaident pour une nouvelle stratégie agroécologique de gestion préventive des populations d'insectes nuisibles et bénéfiques en fonction des peuplements végétaux qui constituent leurs habitats. La diversification et la rotation des cultures ou la mise en place de corridors biologiques (chemins, haies, bosquets, vergers etc.) sont autant de pratiques favorables à la régulation naturelle des ravageurs par les prédateurs indigènes et généralistes. Les chercheurs préviennent en outre que la mise en pratique de cette nouvelle stratégie préventive implique une "réelle rupture avec les techniques traditionnelles" de l'agriculture intensive et "une évolution marquée des mentalités" des agronomes et des phytiatres. (OP)
>un article de Jean-Philippe Deguine et Pierre Ferron publié dans les Cahiers d'études et de recherches francophones / Agricultures, Volume 15, Numéro 3, 307-11, Mai-Juin 2006 [Résumé] ; l' article est accessible gratuitement après inscription sur le site www.jle.com
>Lire aussi : "Protection des cultures et développement durable : bilan et perspectives", par Jean-Philippe Deguine et Pierre Ferron, Le Courrier de l'environnement de l'INRA, No 52, septembre 2004 [Article en PDF]

jeudi 11 mai 2006

Les coccinelles utilisées comme pesticides naturels

Depuis le début du printemps, plusieurs commerces français spécialisés dans le jardinage proposent à leur clientèle des coccinelles comme pesticides naturels pour combattre les pucerons qui dévastent rosiers, tomates, concombres, fraisiers et arbres fruitiers. Très voraces, les coccinelles sont de grands prédateurs de pucerons et les larves peuvent en consommer de 60 à 100 par jour. Les jardiniers Bio ont le choix entre une espèce indigène arboricole, Adalia bipunctata, et une souche non volante de l'espèce d'origine asiatique, Harmonia axyridis. Après avoir été abondamment introduite aux États-Unis et en Europe à des fins de lutte biologique, la coccinelles asiatique a proliféré et concurrence aujourd'hui les espèces locales. Des chercheurs de l'INRA d'Antibes ont alors isolé une souche naturelle aptère, incapable de voler et de se disséminer. Cette initiative commerciale devrait aider à protéger l'environnement en réduisant l'utilisation d'insecticides chimiques, mais certains écologistes demeurent toutefois prudents face à une utilisation à grande échelle de ces biopesticides. Ils privilégient plutôt la culture de plantes sauvages et la plantation de haies qui favorisent la présence de prédateurs naturels. (OP) ; Source : Le Monde.fr [Lire l'article de Florence Amalou dans Le Monde.fr]
> Pour en savoir plus sur la production et la commercialisation d'insectes auxilliaires pour la protection des plantes, consulter le site de l'entreprise Biotop (Valbonne, France) : www.biotop.fr
> Pour en savoir plus sur le jardinage biologique, consulter le site de l'Association Terre vivante : www.terrevivante.org

lundi 8 mai 2006

Les maladies des plantes et des animaux, une menace croissante pour l'Afrique

Une importante étude pilotée par le gouvernement britannique prévient que les maladies affectant les plantes agricoles et les animaux pourraient menacer de plus en plus la subsistance des populations africaines au cours des 25 prochaines années. Le rapport publié le 26 avril dernier souligne que la majorité des maladies humaines émergentes est liée aux maladies des animaux d'élevage ou de la faune sauvage, et s'inquiète de la présence en Afrique de 12 des 15 maladies animales les plus importantes. L'intensification de l'agriculture et des échanges commerciaux pourrait aussi favoriser l'apparition ou la propagation de nouvelles maladies ou d'insectes dévastant les cultures agricoles. Les ravages des parasites phytopathogènes sont accentués par le manque de moyen actuel pour les dépister et les contrôler et la pauvreté rurale qui sévit sur tout le continent africain. Ainsi, selon les chercheurs, les maladies des plantes menacent gravement la stabilité économique de l'Afrique d'autant plus que la majorité des populations rurales ne doit sa survie qu'à la culture que de 1 ou 2 plantes vivrières. (OP) ; Source : SciDev.net
> Consulter le rapport britannique en ligne (en anglais) : Foresight, The Detection and Identification of Infectious Diseases

vendredi 28 avril 2006

La résistance naturelle des moustiques au paludisme

Des chercheurs américains (University of Minnesota) et maliens (Université de Bamako) ont découvert qu'une grande partie de la population de moustique Anopheles gambiae, le principal vecteur de la malaria en Afrique, présentait une résistance naturelle à l'agent infectieux Plamodium. Les moustiques génétiquement résistants sont ainsi capables de détruire le parasite et ne le transmettent donc pas aux humains qu'ils piquent. Les chercheurs ont localisé un "îlot" génomique de résistance dans une petite région du chromosome 2L et identifié le gène APL1 (pour Anopheles Plasmodium-responsive leucine-rich repeat 1) comme le principal facteur de résistance au Plasmodium. Le gène APL1 code pour une protéine très riche en leucine qui est similaire aux molécules impliquées dans les mécanismes de défense naturelle des plantes et des mammifères contre les pathogènes. Lorsque le gène APL1 est désactivé, les moustiques deviennent alors sensibles à l'infection par le parasite et peuvent le transmettre aux humains. Ces résultats suggèrent donc que les moustiques infectés pourraient présenter une défaillance de leur système immunitaire. Dans la région du Mali où les recherches ont été menées, les scientifiques ont aussi observé que les moustiques génétiquement résistants étaient très présents dans la nature, et même parfois en plus grand nombre que ceux qui sont infectés par le Plasmodium. Selon Kenneth Vernick de l'Université du Minnesota, il serait donc préférable d'éliminer les moustiques infectés plutôt que d'introduire des moustiques résistants transgéniques comme cela est envisagé par plusieurs autres spécialistes. (OP)
> Source : Sciences et Avenir.com
> Réf. : Michelle M. Riehle, Kyriacos Markianos, Oumou Niaré, Jiannong Xu, Jun Li, Abdoulaye M. Touré, Belco Podiougou, Frederick Oduol, Sory Diawara, Mouctar Diallo, Boubacar Coulibaly, Ahmed Ouatara, Leonid Kruglyak, Sékou F. Traoré, Kenneth D. Vernick, 2006. Natural Malaria Infection in Anopheles gambiae Is Regulated by a Single Genomic Control Region. Science Vol. 312. no. 5773, pp. 577 - 579 [Résumé en anglais]

La résistance naturelle des moustiques au paludisme

Des chercheurs américains (University of Minnesota) et maliens (Université de Bamako) ont découvert qu'une grande partie de la population de moustique Anopheles gambiae, le principal vecteur de la malaria en Afrique, présentait une résistance naturelle à l'agent infectieux Plasmodium. Les moustiques génétiquement résistants sont capables de détruire le parasite et ne le transmettent donc pas aux humains qu'ils les piquent.

Les chercheurs ont localisé un "îlot" génomique de résistance dans une petite région du chromosome 2L et identifié le gène APL1 (pour Anopheles Plasmodium-responsive leucine-rich repeat 1) comme le principal facteur de résistance au Plasmodium. Le gène APL1 code pour une protéine très riche en leucine qui est similaire aux molécules impliquées dans les mécanismes de défense naturelle des plantes et des mammifères contre les pathogènes. Lorsque le gène APL1 est désactivé, les moustiques deviennent alors sensibles à l'infection par le parasite et peuvent le transmettre aux humains. Ces résultats suggèrent donc que les moustiques infectés pourraient présenter une défaillance de leur système immunitaire.

Dans la région du Mali où les recherches ont été menées, les scientifiques ont aussi observé que les moustiques génétiquement résistants étaient très présents dans la nature, et même parfois en plus grand nombre que ceux qui sont infectés par le Plasmodium. Selon Kenneth Vernick de l'Université du Minnesota, il serait donc préférable d'éliminer les moustiques infectés plutôt que d'introduire des moustiques résistants transgéniques comme cela est envisagé par plusieurs autres spécialistes.

Référence
  • Michelle M. Riehle, Kyriacos Markianos, Oumou Niaré, Jiannong Xu, Jun Li, Abdoulaye M. Touré, Belco Podiougou, Frederick Oduol, Sory Diawara, Mouctar Diallo, Boubacar Coulibaly, Ahmed Ouatara, Leonid Kruglyak, Sékou F. Traoré, Kenneth D. Vernick, 2006. Natural Malaria Infection in Anopheles gambiae Is Regulated by a Single Genomic Control Region. Science Vol. 312. no. 5773, pp. 577 - 579 [Résumé en anglais]

mercredi 26 avril 2006

Les herbicides pourraient favoriser la résistance des moustiques aux insecticides

L'atrazine est un puissant désherbant systémique, principal polluant des eaux et interdit d'utilisation en France depuis 2003. Des chercheurs du laboratoire d'écologie alpine de Grenoble (Université Joseph Fournier) ont étudié les interactions possibles entre cet herbicide persistant et la sensibilité des larves de moustiques aux insecticides. Leurs récents travaux, publiés dans la revue Chemosphere, montre qu'un contact de deux jours des larves de moustiques Aedes aegypti avec l'Atrazine conduit à une diminution significative de leur mortalité lorsqu'elles sont traitées avec le larvicide biologique Bti (Bacillus thuringiensis var. israelensis).

L'Atrazine pourrait donc favoriser indirectement la résistance des moustiques vecteurs à certains insecticides comme le Bti et ainsi diminuer l'efficacité des traitements. Ces résultats sont d'autant plus intéressantes que les terres humides où s'accumulent les résidus d'herbicides chimiques sont aussi les écosystèmes privilégiés par les moustiques vecteurs pour se reproduire. Les campagnes de démoustication et de lutte antivectorielle devront donc prendre en compte ces nouvelles données écotoxicologiques pour assurer un contrôle efficace des invasions de moustiques.

Référence :
  • Boyer S, Serandour J, Lemperiere G, Raveton M, Ravanel P., 2006. Do herbicide treatments reduce the sensitivity of mosquito larvae to insecticides? Chemosphere, édition électronique avancée du 27 mars 2006 (courte communication sous presse) [Résumé en anglais sur PubMed]

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