Les champignons phytopathogènes causent des maladies aux plantes, appelées maladies fongiques ou cryptogamiques. Leur diversité est immense : on estime leur nombre à au moins 30 000 espèces (Campbell & Reece, 2007), bien que ce chiffre soit probablement largement sous-estimé. Ils constituent la principale cause de maladies des plantes cultivées, représentant 70 à 80 % des maladies des cultures recensées (Zhou et al, 2024). Plusieurs milliers d’entre elles affectent les grandes cultures (céréales, soja, coton, canne à sucre, café, etc.), les cultures maraîchères et vivrières, les arbres fruitiers, les plantes ornementales et les essences forestières.
À l'échelle mondiale, on estime que ces champignons détruisent chaque année entre 20 et 40 % des récoltes mondiales (Gurr et Stukenbrock, 2023; Max Planck Society, 2024), malgré l'usage intensif des fongicides. Près de la moitié de ces pertes surviennent après récolte, lorsque les organes stockés (grains, semences, fruits, légumes) sont infectés. Certains champignons phytopathogènes produisent également des mycotoxines susceptibles de contaminer les produits agricoles, altérant la qualité des denrées et présentant des risques pour la santé humaine et animale. Les champignons phytopathogènes représentent donc un risque majeur pour la sécurité alimentaire mondiale. Ils sont également très présents dans les écosystèmes naturels, où ils infectent les plantes sauvages et les arbres, avec des impacts écologiques et économiques parfois importants, notamment en foresterie.
Comme la biodiversité fongique mondiale reste très largement méconnue, la menace fongique sur les productions alimentaires est probablement sous-estimée : de nouveaux pathogènes pourraient émerger, notamment sous l’effet du changement climatique, qui favorise leur dispersion et modifie leur aire de répartition. Pour l’agriculture, cela souligne l’urgence de diversifier les pratiques (variétés résistantes, rotation, agroécologie, surveillance,
biocontrôle) plutôt que de compter uniquement sur les fongicides,
d’autant que la résistance aux fongicides est un problème croissant
Les principales maladies des plantes attribuées aux champignons et organismes assimilés sont causées par trois grands groupes : les Ascomycètes et les Basidiomycètes, qui sont de véritables champignons (Fungi), ainsi que les Oomycètes, qui n’en sont pas mais provoquent des maladies similaires chez les plantes. Les autres Fungi ne contiennent que quelques rares phytopathogènes.
Principales caractéristiques des maladies fongiques
Principales caractéristiques des maladies fongiques
Les champignons phytopathogènes sont des agents particulièrement efficaces. Ils produisent d’importantes quantités de spores, capables pour certaines espèces de survivre dans le sol pendant plusieurs décennies (jusqu’à 40 ans) ou de se disperser dans l’air sur des distances allant de quelques mètres à plusieurs milliers de kilomètres. Ils peuvent infecter l’ensemble des organes de la plante (feuilles, tiges, racines, fruits, etc.) et provoquer des maladies parfois graves, voire mortelles. Ces maladies peuvent entrainer un déclassement de la qualité des productions agricoles et d'importantes pertes de rendement des cultures.
Conservation
Conservation
Les champignons peuvent survivre longtemps grâce à plusieurs mécanismes et structures spécifiques.
- Spores résistantes : formes de dissémination très durables, capables de résister aux conditions défavorables (sécheresse, chaleur, froid).
- Mycélium présent dans le sol, les débris végétaux (feuilles, tiges, racines mortes), les semences et graines.
- Structures de résistance : sclérotes (masses dures de mycélium), chlamydospores, autres organes de survie permettant au champignon de persister pendant plusieurs saisons, même en l’absence d’hôtes.
Modes de transmission
Les champignons se propagent principalement par des propagules (spores sexuées ou asexuées, fragments de mycélium, sclérotes), disséminées par différents vecteurs abiotiques et biotiques.
- Vent : transport des spores sur de longues distances par le vent, les courants d’air et les poussières atmosphériques (ex. oïdiums, rouilles).
- Eau : ruissellement, arrosage et irrigation, éclaboussures des gouttelettes de pluie favorisant la propagation locale des spores (taches foliaires, pourritures).
- Sol : contamination par des spores, sclérotes ou fragments de mycélium présents dans le sol, responsable principalement de maladies racinaires et du collet
- Semences ou plants infectés : Transmission par graines contaminées ou par matériel végétal infecté, permettant la dissémination à longue distance et/ou l'introduction de maladies dans de nouvelles zones.
- Contact direct : frottement entre feuilles ou organes infectés et sains, important en cultures denses.
- Vecteurs biologiques : transport passif des propagules par des insectes (notamment les scolytes), des nématodes ou des oiseaux.
- Pratiques culturales : propagation par des outils agricoles contaminés lors des opérations culturales (taille, binage, récolte).
Conditions favorables au développement des maladies fongiques
Une humidité élevée (pluie, rosée, irrigation) est généralement indispensable à la germination des spores et à l’infection. Les Oomycètes sont souvent liés aux milieux humides. La température conditionne la vitesse de croissance du champignon Une densité de culture élevée, une mauvaise aération et la présence de débris végétaux infectés favorisent également l’installation et la propagation des maladies.
Symptômes et signes
Symptômes et signes
Les maladies fongiques se caractérisent par une grande diversité de symptômes (réactions visibles de la plante à l’infection) qui peuvent varier selon l'espèce de champignon, la plante hôte, l’organe infecté et les conditions environnementales (climat, humidité, température). Ces symptômes sont souvent associés à des signes visibles du champignon qui traduisent sa présence et facilitent le diagnostic phytopathologique.
Symptômes nécrotiques (destruction des tissus)
Taches et brûlures sur feuilles ou fruits Chancres sur tiges, branches ou troncs Pourritures sèches ou molles sur divers organes (collet, racines, fruits, tubercules, bulbes, etc.)
Symptômes vasculaires (obstruction des vaisseaux conducteurs de sève)
- Flétrissement des feuilles ou de la plante entière (dessèchement)
- Brunissement des vaisseaux conducteurs (xylème, phloème)
- Dépérissement progressif
Décolorations (altération physiologique)
- Chlorose (jaunissement)
- Marbrures
- Stries
- Balais de sorcière (ex. (ex. Taphrina, Exobasidium)
- Cloques (ex. Cloque du pêcher)
- Déformations des feuilles, tiges ou fruits
Réduction de vigueur et de croissance Anémie Rabougrissement
Signes fongiques visibles
- Moisissures colorées
(blanc, gris, noir, vert) - Feutrage mycélien poudreux (oïdium)
- Pustules sporifères colorées (rouilles) ou noires (charbons)
- Mycélium noir superficiel (fumagines)
- Sclérotes
- Fructifications ou carpophores
Ascomycètes phytopathogènes
Les Ascomycètes (Ascomycota) constituent le groupe de champignons phytopathogènes le plus important et le plus diversifié en agriculture et en foresterie, avec plusieurs dizaines de milliers d'espèces phytopathogènes. Ils sont responsables de la majorité des maladies fongiques des plantes cultivées et affectent aussi bien les grandes cultures que les cultures maraichères, les arbres fruitiers, les plantes ornementales et les essences forestières. Parmi les maladies les plus importantes qu’ils provoquent figurent les fusarioses, les oïdiums, les tavelures, les septorioses, les anthracnoses et la pourriture grise, auxquelles s’ajoutent diverses brûlures foliaires et chancres affectant des cultures annuelles comme pérennes.
Principales maladies fongiques causées par des Ascomycètes
| Maladies | Agents pathogènes (Ascomycota) | Principales plantes hôtes | Importance |
|---|---|---|---|
| Septoriose du blé | Zymoseptoria tritici (anc. Septoria tritici) | Blé tendre et dur | Principal agent pathogène du blé dans les régions tempérées; pertes de 5 à 50%; traitements fongicides coûteux |
Pyriculariose du riz |
Magnaporthe oryzae (syn. Pyricularia oryzae) | Riz, blé, millet | Une des maladies les plus destructrices du riz (pertes >50%), agent potentiel de guerre biologique |
| Pourriture grise | Botrytis cinerea | Plus de 1000 dont vigne (raisins), fraise, tomate, pomme de terre, etc. | Pertes post-récolte et de conservation (fruits, légumes, tubercules, fleurs); pourriture noble (vins de raisins sur-mûris) |
| Fusariose des céréales ou de l'épi | Fusarium graminearum | Blé, orge, maïs | Très destructeur; production de mycotoxines; pertes de rendement et problèmes sanitaires |
| Fusariose / Flétrissement vasculaire | Fusarium oxyporum | Plus de 1000 hôtes dont bananier, cotonnier, melon, tomate, etc. | Production de mycotoxines, pertes de rendement et problèmes sanitaires |
| Oïdium des céréales | Blumeria garminis | Blé, orge | Maladie foliaire difficile à traiter; pertes de rendement et de qualité des grains |
| Oïdiums (maladies du blanc) | Erysiphe spp., Podosphaera spp., Uncinula spp. | Plus de 40000 hôtes dont vigne, cucurbitacées, céréales, rosiers, cerisiers, chênes, érables, etc. | Maladies très répandues en agriculture et horticulture; baisse du rendement et de la qualité; traitements répétés |
Anthracnoses des fruits et légumes |
Colletotrichum spp. | Plus de 3000 hôtes dont haricot, tomate, fraise, arbres fruitiers (cerisier, (manguier, avocatier), etc.. | Tâches brunes, défoliation, altération des fruits et légumes, pourritures après récoltes; pertes de rendement importantes en post-récoltes |
| Tavelures | Venturia inaequalis, V. pirinia | Pommier, poirier, | Maladie majeure des vergers; pertes de rendement et baisse de qualité des fruits; traitements répétés et coûteux |
| Sclérotiniose (pourriture blanche) | Sclerotinia sclerotiorum, S. minor |
Tournesol, soja, colza, haricot, laitue, carotte, etc. | Formation de sclérotes persistants; très répandue et dévastatrice à travers le monde; pertes économiques importantes; peu de traitements efficaces |
| Maladie hollandaise de l’orme | Ophiostoma ulmi, O. novo-ulmi |
Orme | Disparition quasi complète des ormes matures en ville et en forêt; transmis par des scolytes (Coléoptères). |
| Chancre du châtaignier ou de l'écorce | Cryphonectria parasitica | Châtaigniers, chênes, érables, etc. |
Destruction des châtaigneraies; grande importance forestière; envahissant en Europe et Amérique du Nord. |
| Maladie des raies noires (Sigatoka noire) | Mycosphaerella fijiensis | Bananier | Maladie tropicale majeure, pertes de rendement et coût élevé des traitements |
| Alternariose ou brûlure alténarienne | Alternaria spp. | Solanacées (pomme de terre, tomate), brassicacées (chou, colza), cucurbitacées, arbres fruitiers, plantes ornementales, etc. | Perte de rendement jusqu’à 20–50 % dans les cultures sensibles; pertes en post-récoltes (fruits, légumes racines); risques liés aux mycotoxines |
| Moniliose (pourriture des fruits) | Monilinia fructigena | Pommier, poirier, prunier, cacaoyer | Pourriture des fruits sur arbre et en stockage; pertes commerciales |
| Verticilliose ou flétrissement verticillien | Verticillium albo-atrum, V. dahliae | Plus de 300 hôtes dont coton, pomme de terre, tomate, olivier, plantes ornementales, etc. | Flétrissement vasculaire; perte de vigueur et mortalité des plantes |
| Aspergillose | Aspergillus flavus, A. parasiticus | Maïs, arachide, céréales stockées, etc. | Production d’aflatoxines cancérigènes; pertes économiques majeures |
➤ En savoir plus sur les Ascomycètes (PestInfos)
Basidiomycètes phytopathogènes
Les Basidiomycètes (Basidiomycota) comptent près de 8 000 espèces phytopathogènes (Blackwell M., 2011), souvent très destructrices, responsables principalement de rouilles, de charbons et de pourritures du bois et des racines. Ces maladies affectent particulièrement les cultures céréalières et les arbres fruitiers et entraînent des impacts économiques importants en agriculture et en horticulture.
Principales maladies fongiques causées par des basidiomycètes
| Maladies | Agents pathogènes (Basidiomycota) | Principales plantes hôtes | Importance |
|---|---|---|---|
| Rouille jaune du blé (rouille striée) | Puccinia striiformis f. sp. tritici | Blé | Maladie épidémique très destructrice dans les régions tempérées; perte de rendement significative; agent potentiel de guerre biologique |
| Rouille noire du blé (rouille des tiges) | Puccinia graminis f. sp. tritici | Blé, seigle, orge | Maladie historique, épidémies mondiales très dévastatrices; pertes massives de 10 à 70% |
| Rouille brune du blé (rouille des feuilles) | Puccinia triticina (syn. P. recondita) | Blé | Maladie du blé la plus répandue dans le monde; fréquente dans les zones fraîches et humides; pertes de rendement |
| Rouille brune du maïs | Puccinia sorghi | Maïs | Pertes de rendement modérées à sévères selon conditions climatiques |
| Rouille orangée du caféier | Hemileia vastatrix, H. coffeicola | Caféier (Coffea arabica) | Pustules oranges sur les feuilles; pertes de rendement; une des maladies les plus dévastatrices des caféiers dans le monde; destruction de plantations historiques (ex : Ceylan) |
| Rouille asiatique du soja | Phakopsora pachyrhizi | Soja (soya) | Maladie très virulente, la plus dévastatrice du soja en Asie; pertes pouvant dépasser 80 % sans traitement |
| Carie ou charbon nu du blé | Tilletia caries (syn. T. tritici), T. foetida, T. indica | Blé, seigle, riz | Grains gonflés et malodorants; pertes de rendement; maladie réglementée soumise à la quarantaine |
| Charbon de l’orge | Ustilago hordei, U, nuda | Orge | Infection systémique, perte totale des épis atteints; réduction du rendement, contamination des semences |
| Charbon du maïs | Ustilago maydis | Maïs | Galles sur feuilles et épis, pertes variables (parfois utilisé comme aliment : huitlacoche) |
| Pourridié-agaric | Armillaria mellea, A. ostoyae | Arbres forestiers et fruitiers (chêne, pin, pommier,etc.) | Pourriture racinaire majeure, dépérissement, mortalité des arbres; importantes pertes dans les plantations forestières, vergers et écosystèmes naturels. |
| Rouille vésiculeuse du pin | Cronartium ribicola | Pin blanc (Pinus strobus) | Forte mortalité; pertes de biodiversité; coûts élevés en foresterie et en gestion des plantations |
| Polypore du pin ou maladie du rond | Heterobasidion annosum | Conifères (Pinus spp.) | Un des pathogènes forestiers majeurs dans les forêts tempérées de l'hémisphère nord (Amérique du Nord, Europe, Russie, Chine, Japon); pertes économiques pour l'industrie du bois |
Autres champignons phytopathogènes
En dehors des Ascomycètes et des Basidiomycètes, les autres groupes de Fungi comptent peu d'espèces phytopathogènes d'intérêt agronomique et économique.
Parmi les Chytridiomycota :
- Synchytrium endobioticum est un phytopathogène majeur qui cause la galle verruqueuse de la pomme de terre, une maladie d’importance économique et réglementée, soumise à quarantaine.
- Olpidium brassicae affecte les racines de diverses plantes cultivées (tomate, tabac, chou, laitue, trèfle) et est l'un des vecteurs de phytovirus les plus importants dans les sols et les cultures maraichères.
Parmi les Mucoromycota, Mucor spp. et Rhizopus spp. sont des agents opportunistes en post-récoltes qui peuvent affecter les fruits ou légumes blessés, trop murs ou conservés dans de mauvaises conditions (humidité, chaleur) en leur causant des pourritures molles. Leur impact économique peut être élevé en conservation et transport de nombreux fruits ou légumes (fraises, pêches, abricots, prunes, bananes, tomates, pommes, poires, champignons de Paris, etc.).
➤ En savoir plus sur les autres Fungi (PestInfos)
Oomycètes phytopathogènes
Bien qu’ils ne soient pas de vrais champignons (Fungi), les Oomycètes phytopathogènes en partagent certains traits et provoquent des maladies de plantes similaires, si bien qu’en phytopathologie on les classe traditionnellement avec les maladies fongiques. Les
Principales maladies causées par des Oomycètes
| Maladie | Agent pathogène (Oomycota) | Plantes hôtes | Importance |
|---|---|---|---|
| Mildiou de la pomme de terre et de la tomate | Phytophthora infestans | Pomme de terre, tomate | Maladie historique à l'origine de la grande famine de 1840 en Irlande, très destructrice, pertes massives |
| Mildiou de la vigne | Plasmopara viticola | Vigne | Maladie majeure en viticulture; pertes de rendement et qualité du raisin; nécessite des traitement fréquents (bouillie bordelaise) |
| Pourriture noire du cacaoyer | Phytophthora megakarya | Cacaoyer | Maladie tropicale sévère; pertes jusqu’à 80 % des récoltes |
| Fonte des semis (pré- et post-émergence) | Pythium spp. | Semis de plantes maraichères (salade, tomate, etc.), céréales, plantes ornementales, pins, sapins | Maladies ubiquistes des semis, pertes de germination et mortalité des plantules; pertes importantes en pépinières |
| Mildiou de la laitue | Bremia lactucae | Laitue | Maladie foliaire spécifique, pertes en maraîchage |
| Pourriture racinaire et du collet | Phytophtera spp. | Arbres fruitiers, ornementaux, vigne | Maladie ubiquiste favorisée par les sols humides; dépérissements |
| Encre des chênes rouges | Phytophthora ramorum | Chênes et autres feuillus | Maladie surveillée en tant qu’envahissante au Canada; pertes en pépinières |
➤ En savoir plus sur les Oomycètes (PestInfos)
Lutte contre les maladies fongiques
Lutte génétique
Lutte génétique
La lutte génétique contre les maladies fongiques des plantes repose principalement sur la sélection variétale et l’amélioration génétique classique. Elle vise à développer des plantes résistantes ou tolérantes aux agents pathogènes, en exploitant la diversité génétique existante.
- Sélection classique : pratique ancestrale consistant à choisir les plantes les plus performantes en termes de résistance ou de productivité, puis à les croiser sur plusieurs générations pour fixer les caractères souhaités.
- Amélioration génétique : utilisation raisonnée des croisements et de la recombinaison naturelle des gènes pour combiner et stabiliser différents caractères souhaités (rendement, qualité ou résistance aux pathogènes).
- Sélection de résistances qualitatives, souvent spécifiques d’un agent pathogène et capables de déclencher une réponse de défense efficace, mais parfois rapidement contournées par l’évolution des champignons ou oomycètes.
- Sélection de résistances quantitatives, contrôlées par plusieurs gènes, conférant une protection partielle mais généralement plus durable, en ralentissant le développement de la maladie.
Méthodes culturales et préventives
Choix du matériel végétal
- Utilisation de variétés résistantes (spécifiques) ou tolérantes (polygéniques) : privilégier les variétés résistantes naturelles.
- Utilisation de semences, plants et organes de propagation sains, certifiés indemnes de pathogènes.
Gestion de l'environnement des cultures (humidité ambiante)
- Irrigation et arrosage contrôlés : éviter l’humectation prolongée du feuillage (mildious, pourritures grises, tavelures, rouilles); privilégier l’arrosage localisé par capillarité.
- Drainage des sols pour éviter les excès d’eau (très utile contre les oomycètes Pythium, Phytophthora).
- Espacement des plants et semis pour limiter les microclimats humides et les contacts directs entre plantes.
- Aération des abris et des serres pour réduire l'humidité ambiante.
Hygiène culturale
- Destruction des résidus végétaux infectés (ne pas composter les déchets contaminés.
- Débroussaillage et entretien des abords pour limiter les plantes relais et adventices hébergeant les pathogènes.
- Biofumigation : incorporer des plantes riches en glucosinolates (par exemples, brassicacées comme la moutarde) afin de produire naturellement des composés soufrés volatils antifongiques dans le sol.
- Désinfection du matériel et des outils (alcool éthylique, eau de javel, etc.).
Gestion du sol
- Travail du sol pour favoriser la décomposition des résidus et la biodiversité microbienne.
- Réduction du travail du sol profond afin de préserver la structure, les réseaux mycorhiziens et la microflore bénéfique du sol.
- Apports réguliers de matière organique (compost, engrais verts) pour soutenir la fertilité et les microorganismes du sol.
Rotation et biodiversité des cultures
- Rotation des cultures entre plantes hôtes et non hôtes pour réduire l’inoculum et briser les cycles d’infection (utile pour lutter contre les champignons du sol comme Fusarium, Sclerotinia ou Rhizoctonia).
- Association de variétés ou cultures différentes pour augmenter la diversité génétique et limiter la propagation des pathogènes spécialisés.
Surveillance et diagnostic précoce
- Observation sur le terrain pour détecter les premiers symptômes.
- Utilisation de capteurs connectés, modèles épidémiologiques, drones ou imagerie satellite pour détecter les stress précurseurs (agriculture de précision).
- Mise en œuvre rapide de mesures prophylactiques ou curatives.
Lutte physique
En pré-récolte (sol, substrats, plantes et semences)
- Solarisation du sol* : film plastique transparent pour augmenter la température et réduire la viabilité des champignons telluriques (Fusarium, Verticillium, Sclerotinia).
- Désinfection à la vapeur haute pression du sol* ou des substrats pour éliminer ou réduire les champignons.
- Traitement thermique des semences : immersion dans l’eau chaude pour détruire les champignons transmis par les graines (Alternaria, Fusarium).
- Ventilation mécanique en serre (ventilateurs) pour limiter condensation et humidité foliaire, freinant Botrytis et oïdiums.
- Barrières physiques / paillages pour limiter le contact sol-plante et réduire l’inoculum des champignons du collet et des racines.
Post-récolte (fruits, légumes, semences stockés)
- Réfrigération ou basse température pour ralentir la croissance et la sporulation des champignons responsables de la détérioration (Botrytis spp., Penicillium spp.).
- Séchage contrôlé des semences, céréales ou fruits secs pour limiter la germination des spores et la croissance fongique.
- Flux d’air chaud modéré (chaleur sèche) pour réduire la charge en spores.
- Atmosphère contrôlée : modification des concentrations en O₂ et CO₂ pour ralentir la croissance et la sporulation des champignons pathogènes.
- Ventilation pour maintenir un environnement sec et homogène, limitant l’humidité relative et la formation de moisissures, parfois combiné à des déshumidificateurs.
- Irradiation des fruits et légumes ou des surfaces de stockage par les rayons UV-C (200–280 nm) pour inactiver les spores et mycéliums (Botrytis spp., Penicillium spp., Alternaria spp).
Lutte biologique (biocontrôle)
La lutte biologique vise à utiliser/à introduire dans les cultures) des microorganismes auxiliaires capables de prévenir ou de réduire le développement des champignons et des oomycètes phytopathogènes. Ces biofongicides agissent selon plusieurs mécanismes complémentaires :- Compétition avec les pathogènes pour les nutriments et l’espace.
- Mycoparasitisme / hyperparasitisme des champignons phytopathogènes.
- Antibiose : production de métabolites et toxines qui inhibent leur croissance.
- Stimulation des défenses de la plante ou induction de résistance systémique via des éliciteurs et métabolites secondaires (SDP).
Microorganismes antagonistes utilisables en biocontrôle
Deux grands groupes sont principalement employés contre les champignons et les oomycètes :- Champignons antagonistes :
- Trichoderma spp. : un des biofongicides les plus utilisés, efficace contre de nombreuses maladies du sol (Fusarium, Pythium, Rhizoctonia), contre les pourritures grises (Botrytis) et parfois contre certains oïdiums.
- Souches non virulentes de Fusarium et de Pythium : utilisées en compétition pour coloniser la rhizosphère ou les tissus racinaires, réduisant l’installation des souches pathogènes.
- Etc.
- Bactéries antagonistes :
- Bacillus spp. (ex. B. subtilis, B. amyloliquefaciens) : très utilisées, production de lipopeptides antifongiques (iturines, surfactines).
- Pseudomonas spp. : antibiose, compétition dans la rhizosphère, induction de résistance systémique.
- Streptomyces spp. : production de nombreux antibiotiques, efficaces contre plusieurs maladies comme les fusarioses, les pourritures grises et, pour certaines espèces, les mildious.
- Mycorhizes, en particulier les mycorhizes arbusculaires (Glomeromycètes), pour améliorer la santé des racines, renforcer la nutrition minérale et induire une résistance accrue aux maladies du sol.
- Bactéries rhizosphériques stimulatrices de la croissance des plantes (PGPR pour Plant Growth Promoting Rhizobacteria) pour améliorer le développement, la croissance, et/ou la santé du végétal.
Lutte chimique (fongicides)
Lutte chimique (fongicides)
La lutte chimique consiste à appliquer des fongicides afin de protéger les plantes contre les champignons et les oomycètes pathogènes, ou de limiter leur développement une fois l’infection amorcée. Les fongicides peuvent être préventifs ou curatifs et leur action peut être de contact (protection à la la surface des organes) ou systémique (pénétration et diffusion dans les tissus) selon le mode de dispersion dans la plante. Ils ciblent différents stades du cycle de vie des agents pathogènes, comme la germination des spores, la formation d’appressoria, la croissance du mycélium ou la sporulation.
Modes d’application des fongicides
Les fongicides peuvent être appliqués de différentes manières selon la maladie ciblée, le stade de la culture, la plante ou l'organe et la formulation commerciale.
- Traitements pré-récoltes :
- pulvérisations foliaires;
- enrobage des semences pour protéger les jeunes plantules dès la germination;
- arrosage racinaire localisé au pied des plantes;
- incorporation de granules dans le sol avant semis;
- injection dans le tronc pour lutter contre les flétrissement vasculaires et les maladies racinaires (surtout utilisé en arboriculture);
- badigeonnage sur les plaies et blessures de tailles pour éviter les chancres en arboriculture;
- Traitements post-récoltes (en entrepôts) :
- pulvérisation des fruits et légumes récoltés;
- trempage;
- enrobage dans des cires.
Certains pesticides à très large spectre d'action (métam-sodium, dazomet, chloropicrine) peuvent aussi être appliqués par fumigation pour stériliser les sols. Mais ce mode d'application qui détruit toute vie dans les sols est réservé aux cultures spécialisées et est très réglementée.
Types de fongicides
- Fongicides minéraux ou inorganiques :
Soufre et chaux soufrée - Cuivre et composés cupriques (bouillie bordelaise)
- Bicarbonates de soude ou de potassium
- Kaolin (argile blanche)
- Fongicides organiques naturels :
- Acides lactique et citrique
- Limonène
- Extraits d'ail
- Saponines
- Polyoxines
- Fongicides de synthèse :
- Dithocarbamates
- Strobilurines
- Benzimidazoles
- Fongicides systémiques inhibiteurs de la synthèse des stérols (IBS)
- Fongicides inhibiteurs de la succinate déshydrogénase (SDHI)
- Etc.
Les fongicides de synthèse constituent le groupe le plus vaste et sont de loin les plus utilisés en agriculture conventionnelle. Plusieurs fongicides minéraux et certains extraits naturels (biofongicides) sont autorisés en agriculture biologique, même si certains, comme le cuivre, peuvent être nuisibles pour la faune du sol et la santé des écosystèmes à long terme (accumulation de cuivre dans le sol).
Impacts environnementaux et sanitaires
Résistance des agents pathogènes
➤ La gestion du risque de résistance repose sur l’alternance des modes d’action. Pour les détails, les modes d'action et les familles complètes de fongicides, voir ma page Fongicides (PestInfos).
Produits à faible impact et extraits végétaux
Produits à faible impact et extraits végétaux
- Extraits de Reynoutria sachalinensis (ex. Milsana)
- Chitosane (cuticule de crustacées)
- Poudres d’ail
- Extraits d’algues brunes (laminarine).
- Extrait de graines de Fenugrec ou trigonelle

Aucun commentaire:
Publier un commentaire