Basidiomycètes

Les basidiomycètes (Basidiomycota) regroupent environ un tiers des espèces de champignons (Fungi ou Eumycètes), soit 35 à 40 000 espèces décrites à ce jour, dont la plupart des espèces de champignons à chapeau familiers que l'on trouve dans nos forêts. Ils comptent aussi de nombreuses espèces phytopathogènes responsables de rouilles, de charbons ou de caries. 

Les basidiomycètes produisent des spores sexuées haploïdes, les basidiospores, formées à l'extrémité de cellules spécialisées en forme de massue, les basides. Ils se distinguent aussi des autres champignons par une reproduction sexuée prédominante et par la longue durée de vie de leur stade dicaryotique, au cours duquel leur mycélium se développe et produit les fructifications (ou sporophores) visibles à l’œil nu.  

Basides et basidiosopres : Les basides proviennent du mycélium dicaryotique (cellules à deux noyaux). Dans chaque baside, les noyaux fusionnent (caryogamie) puis subissent une méiose, produisant des basidiospores. À maturité, celles-ci sont ensuite projetées et dispersées par le vent, la pluie ou les animaux.
Crédit: Ressources naturelles Canada
 

Chez les champignons à chapeau, les basides sont regroupées sur des structures fertiles appelées hyménium, situées sur les lamelles ou dans les tubes sous le chapeau. L'ensemble du sporophore visible à la surface du sol ou du bois est ce que l’on appelle communément le « champignon » dans le langage courant. 

Coupe d'un champignon à lamelles © Jean-François Magne / Corif - LPO Île-de-France


Selon les classifications phylogénétiques, on distingue trois principaux groupes de basidiomycètes :

  • les Pucciniomycotina (les rouilles)
  • les Ustilaginomycotina (les charbons et caries)
  • les Agaricomycotina (les polypores et les champignons à chapeau)

 

Pucciniomycotina

Anciennement appelés Urediniomycètes, les Pucciniomycètes (Puciniomycotina) comprennent près de 8000 espèces qui sont principalement des parasites obligatoires de plantes sauvages ou cultivées dont de nombreuses graminées et céréales (Poaceae) et des conifères. Quelques unes sont saprophytes ou parasites d'insectes ou de champignons. Certaines se sont adaptées à la vie aquatique en eaux douces ou marines.

Les espèces phytopathogènes sont responsables des rouilles qui se manifestent par des taches foliaires ou des pustules sur les feuilles ou les tiges. Elles ont des cycles de vie très variés, parfois complexes, qui peuvent nécessiter deux plantes hôtes différentes (par exemple le blé et l'épine-vinette) et impliquer de nombreux types de spores de conservation et de dissémination (spermatie, écidiospore, urédospore, téliospore et basidiospore). Ces dernières sont souvent de couleur brune ou rousse d'où le nom de rouille donné à ces maladies.   

Plusieurs Pucciniomycètes, en particulier du genre Puccinia, sont des phytopathogènes d'importance économique, notamment très dévastateurs en céréaliculture (blé, avoine, orge, seigle, triticale).  

  • Puccinia triticina, agent de la rouille brune (ou rouille des feuilles), la maladie du blé la plus répandue dans le monde entier
  • Puccinia graminis, agent de la rouille noire (ou rouille des tiges), à l'origine d'épidémies mondiales très dévastatrices des cultures céréalières (peut exterminer une culture entière)
  • Puccinia striiformis, agent de la la rouille jaune (ou rouille striée) présente dans les régions tempérées
  • Hemileia vastatrix, agent de la rouille orangée du caféier qui a dévasté des plantations historiques à Ceylan
  • Phakopsora pachyrhizi, agent de la rouille asiatique du soja, l'agent le plus dévastateur du soja en Asie
  • Gymnosporangium sabinae, agent de la rouille grillagée du poirier (rouille du genévrier), qui affecte en alternance les poiriers et les genévriers.

Pustules rouge orangée sur feuille de blé d'automne (Puccinia triticina) © Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection - MAPAQ (Iriis phytoprotection)

Aiguilles de Pin blanc affecté par Cronartium ribicola, l'agent de la rouille vésiculeuse.  Maladie exotique introduite d' Europe vers le début du 20e siècle, la rouille vésiculeuse du pin blanc est l'une des plus importantes maladies forestières en Amérique du Nord. Crédit photo : Claude Moffet - Service canadien des forêts / Ressources naturelles du Canada

Ustilaginomycotina

Les Ustilaginomycotina regroupent environ 1500 espèces qui sont des parasites de plantes responsables des charbons et des caries. À maturité, ils produisent des amas pulvérulents de spores noires (téleutospores ou téliospores) qui rappellent la suie, d'où le nom de charbon. Les téliopsores engendrent les basides.
Ce sont des pathogènes d'importance économique majeure qui affectent surtout les céréales (maïs, blé, seigle, riz) et la canne à sucre. Parmi les Ustilaginomycotina, on distingue principalement deux groupes de phytopathogènes importants :

  • Les Ustilaginales (Ustilago spp.) causent des charbons véritables, noirs, poudreux et pulvérulents, sur les céréales (Ustilago maydis sur le maïs, U. hordei, U. nuda sur l’orge) et sur la canne à sucre (Sporisorium scitamineum).
  • Les Tilletiales (Tilletia spp.) sont responsables des caries ou charbons non pulvérulents, qui se développent à l'intérieur des grains et affectent notamment le blé et le riz (Tilletia caries, T. indica).
Spores noires d'Ustilago smaydis (charbon commun) sur épi de maïs grain et fourrager. U. maydis s'attaque principalement aux épis de maïs. En pénétrant les tissus et les cellules, les hyphes causent la formation de gales difformes (tumeurs). À maturité, les gales crèvent et libères des téliospores charbonneuses noires. Celles-ci peuvent réinfecter d'autres plants ou hiberner dans le sol. Crédit photo : © Pierre Lachance - MAPAQ (Iriis phytoprotection)

Malformation d'un épi de maïs grain et fourrager causée par Ustilago maydis. Récolté avant maturité, l'épi infecté qui est appelé huitlacoche au Mexique est un ingrédient sucré apprécié pour préparer des tacos et de quesadillas. Crédit photo : © Pierre Lachance - MAPAQ (Iriis phytoprotection)

Épi de blé infecté par Tilletia ssp., agent de la carie du blé. À l'extrémité de l'épi, on aperçoit des grains infectés et gonflés qui contiennent les téliospores. Tilletia indica responsable de la carie de Karnal sur blé est réglementé et soumis à quarantaine. Crédit photo: Peggy Greb, USDA Agricultural Research Service, Bugwood.org


Agaricomycotina

Regroupant la majorité des basidiomycètes, soit environ 20 000 espèces décrites à ce jour, les Agaricomycotina sont divisés en trois grands groupes :
  • Les Tremellomycetes
  • Les Dacrymycetes
  • Les Agaricomycetes

Si les Tremellomycetes (trémelles) et les Dacrymycetes sont des champignons gélatineux, principalement saprophytes (bois morts ou humides), les Agaricomycètes sont les plus diversifiés et les plus connus. Ils regroupent la majorité des champignons familiers qui produisent une fructification visible à l'oeil nu, le carpophore ou sporophore appelé plus communément chapeau. On y trouve des champignons comestibles comme les bolets, les cèpes, les girolles, les pleurotes, les champignons de Paris et des champignons toxiques comme les amanites. Certains d'entre eux peuvent causer des intoxications gastro-intestinales, des hallucinations, des troubles nerveux, voir même être mortels.

Les trémelles (Tremella spp.) sont des champignons gélatineux très courants, qui vivent en saprophytes sur le bois mort ou vivant des feuillus et qui parasitent d'autres champignons saprophytes, notamment les Corticiacées. Crédit photo: Joseph OBrien, USDA Forest Service, Bugwood.org

Très commun en Europe et en Amérique du Nord, le bolet granulé (Suillus granulatus) est un champignon comestible mycorhizien qui vit en symbiose avec les racines arbres (principalement des pins) sur les sols calcaires et acides. Crédit photo : Holger Krisp — CC BY 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=157098801

 Sporophores d'amanite tue-mouches (Amanita muscaria), toxique (mais rarement mortel) et psychotrope (hallucinogène). Il contient de la muscarine, un alcaloïde neurotoxique qui agit sur certains récepteurs cholinergiques dits muscariniques. Crédit photo : Holger Krisp — Travail personnel, CC BY 3.0, Wikipédia

Plusieurs de ces champignons comme Marasmius oreades poussent en formant des colonies circulaires appelées ronds de sorcière ou cercle des fées dans les prés, prairies, gazons et pelouses. 

La majorité des Agaricomycètes sont des saprophytes impliqués dans la décomposition et le recyclage des matières végétales mortes, notamment du bois. C'est le cas, par exemple, des polypores qui vivent sur le bois mort ou parasitent des arbres affaiblis ou blessés. Certains Agaricomycètes sont des symbiontes en tant que constituants de lichens ou d'ectomycorhizes d’arbres forestiers. Enfin, certains sont des parasites de plantes, d'animaux ou d'autres champignons.

Appelé communément polypore marginé, Fomitopsis pinicola est un champignon saprophyte lignivore qui vit surtout sur le bois des conifères morts, endommagés ou malades. Comme tous les polypores, il joue un rôle important dans la décomposition et le recyclage du bois au sein des écosystèmes forestiers. Crédit photo: Joseph OBrien, USDA Forest Service, Bugwood.org

Les espèces du genre Armillaria sont aussi responsables du pourridié-agaric, une pourriture racinaire majeure qui touche plus d'une centaine d'arbres et arbustes, feuillus comme conifères, en particulier les arbres cultivés et les arbres affaiblis. Très cosmopolite et grave, cette maladie des racines et du pied des arbres constitue une menace pour l'exploitation forestière, les parcs naturels, les peuplements forestiers, les érablières, etc. en Amérique du Nord, en Europe, en Asie et en Australie. Les Armillaria spp. sont redoutées car elles peuvent survivre longtemps dans les souches et continuer à infecter d’autres arbres

 
Amarillia spp. se développent dans le sol et colonisent les racines en formant des mycéliums blancs sous l’écorce à la base de l'arbre infecté ainsi que des rhizomorphes (agrégat mycélien) brun-noir caractéristiques. L’infection entraîne un affaiblissement progressif, un jaunissement du feuillage et, à terme, la mort de l’hôte. Crédit photo : Joseph OBrien, USDA Forest Service, Bugwood.org 

Parmi les autres espèces phytopathogènes, on trouve le polypore du pin Heterobasidion annosum, un des pathogènes forestiers majeurs dans les forêts de conifères des régions tempérées (Amérique du Nord, Europe, Chine, Japon) qui cause des pourritures des racines, des tiges et du bois et quelques pathogènes cosmopolites importants des cultures légumières (Rhizoctone brun, Pourritures à Athelia). Habituellement saprotrophes du sol, les espèces du genre Rhizoctonia s'attaquent fréquemment à diverses plantes légumières affaiblies ou fragilisées. Par exemple, Rhizoctonia solani est responsable de plusieurs maladies importantes comme le rhizoctone brun de la pomme de terre, la fonte des semis ou les pourritures racinaires chez la betterave à sucre ou le concombre. La présence de l'herbicide glyphosate dans le sol favorise les infections par Rhizoctonia. D'autres Rhizoctonia sont associées aux mycorhizes chez les orchidées. 


Olivier Peyronnet
Dernière mise à jour : novembre 2025 


 

 

 

Aucun commentaire:

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...