Ainsi, ces nouveaux OGM utiliseraient l'ARN Interférence (acides ribonucléiques doubles brins), un mécanisme qui permet de réguler l'expression de certains gènes et de réduire spécifiquement la production de protéines. Au laboratoire, ce phénomène d'interférence est aujourd'hui couramment utilisé pour inactiver certains gènes ciblés. Il pourrait l'être à des fins thérapeutiques mais aussi agricoles.
Une équipe de l'Institut des sciences biologiques de Shanghaï (Chine) a réussi à rendre les chenilles de la noctuelle de la tomate, Helicoverpa armigera, sensibles au gossypol. Ce lépidoptère, qui ravage aussi le coton, a développé une résistance au gossypol, une molécule produite naturellement par le coton et toxique pour les insectes. Après avoir identifié le gène conférant cette résistance, les chercheurs chinois ont fait exprimer l'ARN correspondant dans des plantes transgéniques, ce qui a inactivé le gène de résistance des chenilles qui se se nourrissaient sur ces végétaux.
Dans une autre étude, des chercheurs de la multinationale agrochimique Monsanto ont produit des plants de maïs transgéniques capables d'exprimer certains ARN correspondant à des gènes assurant des fonctions physiologiques essentielles à la chrysomèle des racines du maïs, Diabrotica virgifera, un de ses plus coriaces ravageurs. La production de ces ARN par les plants transgéniques ont permis ainsi de réduire les dégâts engendrés par les chenilles de chrysomèle sur les racines.
En utilisant cette nouvelle stratégie d'administration orale d'ARN interférence, les chercheurs tentent d'anticiper et de contrecarrer l'apparition inévitable de la résistance des ravageurs au protéines insecticides Bt (i.e. toxines de Bacillus thuringiensis) produites par certaines plantes transgéniques. Bien qu'elle puisse apparaître comme prometteuse, cette nouvelle approche biomoléculaire présente deux inconvénients. D'une part, certains insectes, comme le charançon du coton, Anthonomus grandis, sont déjà résistants à cette stratégie. D'autre part, celle-ci n'apporte aucune solution au problème de la dissémination éventuelle des transgènes dans la nature; elle pourrait même s'avérer néfaste pour les insectes non ciblés et les organismes herbivores qui les consomment.
Pour en savoir plus :
- Lire
l'article de Hervé Morin (LeMonde.fr, 21.11.2007)
- Référence : Mao YB., Cai WJ., Wang JW., Hong GJ., Tao XY, Wang L J., Huang YP., Chen XY., 2007. Silencing a cotton bollworm P450 monooxygenase gene by plant-mediated RNAi impairs larval tolerance of gossypol. Nat. Biotechnol. 25(11):1307-13 [Lire le résumé en anglais]
- Référence : Baum JA., Bogaert T., Clinton W., Heck GR., Feldmann P., Ilagan O., Johnson S., Plaetinck G., Munyikwa T., Pleau M., Vaughn T., Roberts J., 2007. Control of coleopteran insect pests through RNA interference. Nat. Biotechnol 25(11):1322-6 [Lire le résumé en anglais]