Alors que les indications d'un déclin généralisé des abeilles se multiplient à l'échelle de la planète, des entomologistes s'intéressent aussi au sort d'une autre espèce d'insecte pollinisateur, le bourdon (Bombus sp). Ainsi, Robbin Thorp, professeur d'entomologie à l'Université de Californie à Davis, s'alarme du rapide déclin du Bourdon de Franklin (Bombus franklini) sur la côte Ouest américaine. Cette espèce endémique du Nord-ouest de la Californie et du Sud-ouest de l'Oregon y était encore largement répandue il y a 5 ans. Aujourd'hui, elle pourrait disparaître complètement, avant même d'avoir été inscrite sur la liste des espèces menacées.
D'autres espèces plus communes aux États-Unis, Bombus occidendalis dans l'Ouest et Bombus impatiens dans l'Est, se font également plus rares. Contrairement aux abeilles qui ont été importées par les colons européens au 17e siècle, les bourdons sont des hyménoptères indigènes du continent nord-américain. Ils sont des pollinisateurs naturels pour de nombreuses plantes sauvages. Bien qu'ils ne produisent que très peu de miel, ils rendent aussi de grands services à l'agriculture, en pollinisant près de 15% des cultures américaines, particulièrement les cultures maraîchères sous abris (tomates, poivrons, pastèques, courges, concombres, fraises, etc.) et les petits fruits (bleuets ou myrtilles, canneberges ou airelles, framboises).
Le déclin des bourdons inquiètent donc de plus en plus d'agriculteurs et d'entomologistes, d'autant plus qu'il se produit alors même que les populations d'abeilles sont au plus mauvais point. Certains scientifiques s'inquiètent même d'un possible déclin généralisé des insectes pollinisateurs. Comme pour les abeilles, les causes sont multiples et restent encore mal connues : pesticides, maladies parasitaires, pollution, malnutrition et destruction des habitats par le développement urbain et l'agriculture intensive. Toutefois, l'utilisation accrue de ruches commerciales de bourdons dans les serres et les champs pourrait être en partie responsable du déclin en facilitant la diffusion de maladies parasitaires. Selon le professeur Thorp, l'importation de bourdons d'élevage en provenance d'Europe serait en effet responsable de la propagation d'une maladie due à une microsporidie du genre Nosema. Il a d'ailleurs constaté que les populations de bourdons sauvages ont commencé à s'amenuiser dans les années 1990, alors que des bourdons d'élevage étaient importés en grand nombre d'Europe pour polliniser les serres américaines. (Source : Jeff Barnard, Associated Press, Grants Pass Oregon)
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