Bactéricides
Désinfectants
Les bactéricides servent à détruire ou inhiber le développement des bactéries pathogènes qui contaminent les surfaces inertes, le matériel, les équipements et systèmes industriels ou encore les eaux de consommation humaine. Généralement peu spécifiques, ils agissent aussi sur l’ensemble des microorganismes comme les moisissures, les algues unicellulaires, les amibes et même certains virus. On parle alors de désinfectants, de pesticides antimicrobiens ou de biocides généraux.Parmi, les désinfectants les plus communs, on trouve :
- des composés inorganiques : hypochlorite de sodium (eau de javel), peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée), ozone, etc.
- des composés organiques : éthanol, acide acétique, sels d’ammonium quaternaire, composés phénoliques, etc.
Ils entrent dans la composition de nombreux produits à usage domestique ou industriels (détergents). On les emploie dans les habitations, les bâtiments d’élevage, les hôpitaux, les usines de transformations alimentaires et de traitement de l’eau ou encore dans les piscines.
Bactéricides agricoles
En agriculture, peu de bactéricides sont disponibles pour lutter contre les très nombreuses bactéries phytopathogènes qui causent des maladies aux plantes cultivées, entre autres, des chancres et des pourritures molles (Pseudomonas spp., Xanthomonas spp., Erwinia spp., Pectobacterium spp., Ralstonia spp.).Des bactéricides comme l’hypochlorite de sodium, l’oxychlorure de cuivre ou le formaldéhyde (formol) sont surtout employés à titre préventif pour désinfecter les semences et le matériel agricole.
Parmi ceux qui peuvent être appliqués directement sur les cultures, on trouve :
- des fongicides à base de cuivre (sulfate de cuivre, hydroxyde de cuivre) ou d'un mélange d'acide lactique et d'acide citrique
- divers stimulateurs des défenses naturelles des plantes (Laminarine, Chitosane, Fosetyl-Al, Acibenzolar-S-methyl, Probénazole)
- quelques antibiotiques.
Outre les traitements chimiques, antibiotiques et microbiologiques, les principaux moyens pour prévenir et lutter contre les bactéries phytophatogènes sont :
- la culture de variétés résistantes ou l'utilisation de porte-greffes résistants aux bactérioses
- la rotation des cultures
- le drainage et le contrôle de l'humidité du sol
- la désinfection du sol par traitement thermique (eau chaude/vapeur), par solarisation ou par biofumigation
- l'élimination des plantes et des débris végétaux infectés (arrachage et destruction).
Antibiotiques
L’usage des antibiotiques contre des bactéries phytopathogènes est très limité voire interdit dans la plupart des pays afin d’éviter tout risque de passage de l’antibiorésistance aux humains par la chaîne alimentaire. On peut toutefois citer quelques exceptions :- la streptomycine contre la bactérie Erwinia amylovora responsable du feu bactérien sur les arbres fruitiers aux États-Unis
- l’acide oxolinique contre le feu bactérien en Israël
- l’oxytétracycline
- contre le feu bactérien et diverses bactérioses, dues aux espèces Pseudomonas spp. et Xanthomonas spp., aux États-Unis, au Mexique et en Amérique Centrale
- contre le jaunissement mortel du palmier, qui est provoqué par un mycoplasme (bactérie sans paroi), en Floride
- la gentamicine contre le feu bactérien et diverses bactérioses de plantes maraichères au Mexique, au Chili et en Amérique Centrale
À noter qu’en élevage, les antibiotiques sont largement employés chez le bétail (bovins, porcs) et la volaille pour combattre les infections mais aussi pour stimuler la croissance des animaux. De ce fait ils contribuent à l’antibiorésistance chez les humains et, via la fumure, à la contamination des sols agricoles qui peut nuire à la microflore. L'utilisation de facteurs de croissance est interdite en agriculture biologique.
Algicides
Les algicides permettent de lutter contre le développement des algues unicellulaires, des cyanobactéries (anciennement appelées «algues bleu-vert») et des algues filamenteuses (Spirogyra spp., Charophytes : Chara spp., Nitela spp.) dans les plans d’eau, les étangs, les piscines, les aquariums, les fontaines et les systèmes de refroidissement industriels (bassins, parois, tuyauteries, etc.). On les emploie aussi dans divers biocides pour protéger les ouvrages de maçonnerie, les murs et les toitures ou encore les coques de bateaux (peintures antisalissures ou antifoulings). Les algicides sont souvent associés à des bactéricides ou des fongicides.![]() |
| Pulvérisation d'algicide dans un étang Crédit photo : K90, licence CC BY-SA 3.0 |
On trouve trois principaux types d’algicides :
- Les produits dérivés du cuivre (sulfate de cuivre, complexe cuivre-alkanolamine) inhibent la croissance des algues, notamment des algues filamenteuses. Peu sélectifs, ils sont toutefois toxiques pour les poissons et ne peuvent donc pas être employés dans les étangs piscicoles. En aquaculture, ces algicides cuivriques servent à préserver les filets de pêches.
- Certains herbicides de la famille des triazines (simazine, cybutrine) et des urées substituées (diuron) qui inhibent la photosynthèse sont employés couramment dans les peintures antisalissures (antifoulings). Ceux-ci peuvent toutefois s’accumuler dans les ports et les marinas à des concentrations toxiques pour la flore et la faune marines.
- Les colorants synthétiques (érioglaucine, tartrazine) ou naturels inhibent la croissance des algues en bloquant la pénétration de la lumière dans l’eau. Ils sont employés dans les fontaines et les plans d’eau non piscicoles.
Il est à noter que les savons et acides gras herbicides sont efficaces pour détruire les lichens et les algues sur les patios ou les murs. Les lichens sont des organismes qui résultent de la symbiose entre un champignon hétérotrophe et une algue verte ou une cyanobactérie.
| Divers organismes marins comme des cyanobactéries, des algues vertes, des mollusques (tarets), des crustacés (balanes), des éponges et des vers peuvent coloniser la surface des coques des navires et les infrastructures artificielles immergées (câbles, pieux, plateformes, hydroliennes) et former des accumulations ou salissures; celles-ci accélèrent la corrosion des coques, augmentent le poids des navires et entravent leur hydrodynamisme ce qui augmentent leur consommation en carburant. Elles peuvent aussi contribuer à véhiculer des espèces envahissantes. Crédit photo : Rafal Konkolewski, licence CC BY-SA 2.5 via Wikimedia Commons Les tributylétains, des pesticides antisalissures écotoxiques Dans les années 1960-1980, les tributylétains (TBT), des composés organostanniques (à base d'étain) ont été largement employés comme algicide, fongicide, molluscicide et désinfectant dans les peintures antisalissures marines (antifouling), les systèmes hydrauliques industriels comme les tours de refroidissement et dans les traitements conservateurs du bois et de la pâte à papier. Libérés sous l'action de l'eau de mer sous forme d'hydroxydes, de chlorures ou de carbonates, les TBT qui ne sont pas biodégradables se sont accumulés progressivement dans les eaux et sédiments marins des zones portuaires, des estuaires et des littoraux à des concentrations toxiques pour la faune marine. En particulier, ils sont très toxiques pour les mollusques filtreurs (coquille Saint Jacques, moules, huîtres) et les escargots marins qui les accumulent et les concentrent dans leurs tissus adipeux; à de très faibles concentrations, il affectent leur fécondation et leur développement embryonnaire, ont des effets masculinisants (imposex) sur les femelles de gastéropodes et entraînent l'épaississement de la coquille des mollusques bivalves (Ifremer 2008; UVED - Université de Nantes 2006). En France, le bassin ostréicole d'Arcachon a été particulièrement affecté par les TBT. Au Québec, le Fjord du Saguenay est aussi largement contaminé (Viglino L., thèse UQAR 2005). Très toxiques et bioaccumulables, les peintures antisalissures à base de TBT sont désormais interdites par l'Organisation maritime internationale. Les TBT ont été remplacés, entres autres, par des herbicides de la famille des triazines comme la cybutrine qui ne sont pas eux mêmes sans risques pour l'environnement. Divers composés toxiques à base de cuivre ou de zinc ont aussi été utilisés. Des recherches sont actuellement menées pour trouver des molécules d'origine naturelle aux propriétés antisalissures et moins toxiques (Agence nationale de la recherche, BIOPAINTRO 2012). |
Olivier Peyronnet
Dernière mise à jour : février 2016

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