Comme leur nom l'indique, les Diptères (Diptera du grec di, deux et pteron, aile) ne possèdent qu'une seule paire d'ailes antérieures membraneuses. Les ailes postérieures sont transformées en haltères, de petites massues qui servent de balanciers pour stabiliser le vol.
Plusieurs diptères sont nuisibles en véhiculant des maladies humaines ou animales comme le paludisme ou la dengue (moustiques, mouches noires ou simulies, glossines, taons) ou en s'attaquant aux cultures au stade larvaire (mouches mineuses, mouches des fruits, sciarides) tandis que d'autres sont des prédateurs ou parasitoïdes d'insectes très utiles en lutte biologique (syrphes, tachinaires). Un grand nombre d'entre eux sont des saprophages qui se nourrissent d'excréments ou de cadavres, et de fait jouent un rôle écologique essentiel dans la décomposition de la matière organique. Les adultes de plusieurs espèces sont des pollinisateurs très efficaces (syrphes, bombyles). Les Diptères sont après les Hyménoptères (abeilles, bourdons, guêpes) le principal groupe de pollinisateurs.
Les Diptères sont des insectes holométaboles (métamorphose complète). Leurs larves sont apodes, avec ou sans tête bien différenciée. Nommée « pupe », leur nymphe est recouverte de la cuticule durcie du dernier stade larvaire.
Selon les espèces, leur appareil buccal peut être piqueur, suceur ou lécheur chez l’adulte, broyeur chez la larve. Chez les mouches (Muscidés, Syrphidés, Tachinidés), les pièces buccales sont modifiées en stylets allongés formant une trompe (proboscis) qui aspire les matières organiques liquides ou en décomposition (nectar, exsudats végétaux, jus fermentés).
Chez les femelles Diptères hématophages (moustiques, taons), les stylets percent la peau des animaux afin d’aspirer leur sang qui est nécessaire à la formation des œufs et à la ponte. L’injection de salive empêche ce dernier de coaguler. Les deux sexes se nourrissent du nectar des fleurs et seule la femelle est hématophage, ayant besoin d'un repas de sang pour réaliser sa ponte. Ce sont donc les femelles qui ont un rôle actif, lorsqu'elles sont infectées, dans la transmission des maladies.
L'ordre des Diptères comptent plus de 150 000 espèces décrites à ce jour réparties en deux grands groupes:
• Sous-ordre Brachycera ou Brachycères (mouches);
• Sous-ordre Nematocera ou Nématocères (moustiques et moucherons).
Brachycera
Les Brachycera ou Brachycères (du grec brachy, court et ceros, corne) regroupent l’ensemble des Diptères qui ressemblent à des mouches. Les adultes ont des antennes très courtes munies d'une longue soie (arista) et les larves vermiformes, appelées « asticots », sont apodes sans tête bien différenciée.
Les Brachycères forment un vaste groupe monophylétique très diversifié qui comprends plusieurs dizaines de milliers d’espèces réparties en près de 120 familles. La plupart sont des muscomorphes (Muscomorpha) ou mouches muscoïdes.
Muscidae ou Muscidés (mouches)
Les Muscidés comptent plus de 5200 espèces de « mouches vraies ». Ce sont des des saprophages et des décomposeurs efficaces qui affectionnent les excréments, les cadavres d’animaux et les détritus.
Véritable commensal des humains, la mouche domestique (Musca domestica) est la plus commune dans les habitations et installations humaines, et est l’insecte ayant la plus grande aire de répartition à travers le monde. Elle ne pique pas, mais peut transporter de nombreux pathogènes et, ainsi, contaminer la nourriture qu’elle visite. Par ailleurs, la mouche domestique est résistante à de nombreux insecticides.
Mouche domestique Musca domestica Crédit: Photo byStephen Ausmus, USDA Agricultural Research Service |
Ressemblant à la mouche domestique, la Mouche charbonneuse ou Mouche des étables (Stomoxys calcitrans) est un des rares Diptères hématophages dont les deux sexes piquent. Elle prolifère dans les étables et peut transmettre la maladie du charbon au bétail.
Mouche charbonneuse ou Mouche des étables Stomoxys calcitrans Crédit: Whitney Cranshaw, Colorado State University, Bugwood.org |
Anthomyiidae
Très proches des Muscidés, les mouches Anthomyiidae sont floricoles et pollinisatrices. Leurs larves sont saprophages, fongivores ou phytophages. Les larves phytophages se nourrissent de fleurs, de racines ou creusent des mines dans les feuilles. Les Anthomyiidae comptent plusieurs ravageurs importants comme la mouche de l'oignon (Delia antiqua), la mouche du navet (D. floralis) ou la mouche du chou (D. radicum), la mouche mineuse de la pomme de terre ( Liriomyza huidobrensis).
Crédit: David Cappaert, Bugwood.org |
Glossinidae (Glossines)
Appelées aussi "Mouches tsé-tsé", les glossines (Glossina sp.) sont des mouches hématophages qui peuvent être vectrices de trypanosomiases africaines ou Maladie du sommeil chez l'humain. Présentes uniquement en Afrique subsaharienne, les mouches tsé-tsé vivent dans les forêts humides et ombragées ou dans les savanes. On distingue les espèces des forêts, les espèces de savane et les espèces de rivières. Les glossines piquent principalement pendant le jour. Les taux d’infection lors d’une piqûre de glossine infectée sont relativement faibles (moins de 20 %).
Mouche tsé-tsé Glossina sp. prélevant du sang à travers la peau d'un humain. Crédit: Whitney Cranshaw, Colorado State University, Bugwood.org |
Drosophilidae (drosophiles)
Les drosophiles sont de petites mouches brunes oranges. Il en existe près de 4000 espèce dont la plus plus connue est la célèbre mouche à vinaigre ou mouche des fruits (Drosophila melanogaster) qui est un organisme modèle de recherches en génétique et biologie du développement, en biologie moléculaire et en neurobiologie. Elle est très facile à élever en laboratoire et ses gènes et protéines ont de grandes similitudes avec ceux des humains.
Saprophages, les drosophiles se nourrissent de fruits murs ou pourris. Elles peuvent devenir incommodantes dans les maisons ou dans les industries alimentaires. Les drosophiles peuvent aussi disperser des levures et favoriser la pourriture des fruits ou s’attaquer directement aux fruits murs. Certaines sont considérées comme ravageurs dans les vergers et les vignobles. Par exemple, Drosophila susuki est un ravageur invasif, originaire d'Asie, qui cause des dégâts à divers fruits (cerises, fraises, framboises et autres petits fruits rouges).
Mouche à vinaigre Drosophila melanogaster s'alimentant sur une banane mûre. Crédit: Sanjay Acharya, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=63862733 |
Asticot de Drosophila melanogaster dans la pulpe d'une banane mûre. Crédit: Whitney Cranshaw, Colorado State University, Bugwood.org |
Tephritidae (mouches des fruits)
Proches des drosophiles, ces petites mouches sont phytophages et se nourrissent principalement de fleurs et de fruits. Parmi les 5000 espèces recensées, certains sont des ravageurs importants comme la Mouche méditerranéenne des fruits (Ceratitis capitata), qui affecte les cultures fruitières, en particulier les agrumes. Invasive en Europe et en Amérique du Nord, elle se propage via le commerce international de fruits infectés (les femelles pondent sous le péricarpe des fruits).
Mouche méditerranéenne des fruits Ceratitis capitata Crédit: Scott Bauer, USDA Agricultural Research Service, Bugwood.org |
Calliphoridae ou calliphoridés (mouches vertes et bleues)
Les Calliphoridae sont des mouches au corps robuste et aux couleurs métalliques, vertes, violettes ou bleues. Ces mouches à viande sont principalement coprophages et nécrophages. On les trouve parmi les premiers insectes à venir s'alimenter sur un cadavre. De fait, elles jouent un rôle écologique important dans l'élimination des cadavres d'animaux.
Lucilie soyeuse ou Mouche verte Lucilia sericata. Ses asticots sont utilisés en médecine traditionnelle pour nettoyer les plaies. Crédit: Joseph Berger, Bugwood.org |
Plusieurs espèces parasites obligatoires sont responsables de myases chez les mammifères (humains, chiens, chats, singes, chevaux, moutons, vaches, etc.), notamment Afrique. Les femelles pondent habituellement leurs œufs dans des plaies cutanées, les orifices naturels ou les muqueuses et leurs larves se développent localement à l'intérieur des chairs. Chez certaines espèces, le femelles pondent au sol et les larves se déplacent pour rechercher un hôte. La lucilie bouchère (Cochliomyia hominivorax) peut causer de gros dégâts dans les élevages en Amérique du Sud. Elle est toutefois contrôlée voire éradiquée aux États-Unis et dans plusieurs pays d'Amérique Centrale à l'aide de la technique du mâle stérile.
Lucilie bouchère Cochliomyia hominivorax Crédit: Judy Gallagher, Key Deer National Refuge, Big Pine Key, Florida |
Scathophagidae ou Scathophagidés
Les Scathophagidés sont des petites mouches ubiquistes plus ou moins jaunâtres dont les larves se nourrissent souvent d'excréments. Chez d'autres espèces, les larves sont phytophages ou prédatrices. Certaines sont inféodées aux milieux humides. Communément nommée "mouche à merde", la scatophage du fumier (Scathophaga stercoraria) affectionne les bouses de vaches dans les paturages.
Scatophage du fumier Scathophaga stercoraria sur une bouse. Crédit: (c) Nikolai Vladimirov – certains droits réservés (CC BY-NC), iNaturalist |
Syrphidae ou Syrphidés (syrphes)
Les Syrphidés regroupent plus de 5000 espèces. Les Syrphes sont de petites mouches floricoles au corps velu, rayé de bandes jaunes et noires qui ressemblent à des guêpes ou des abeilles (Hyménoptères). Très habiles et rapides en vol, elles alternent des vols stationnaires au dessus des fleurs et de brusques changements de direction caractéristiques.
Les larves sont phytophages, saprophages ou prédatrices de pucerons et cochenilles, selon les espèces. Très voraces, les espèces prédatrices sont d'excellents régulateurs naturels des ravageurs et peuvent servir comme auxiliaires de la lutte biologique (Episyrphus spp., Syrphus spp., Eupeodes spp). Des larves de syrphe ceinturée (Episyrphus balteatus) sont d'ailleurs couramment employées dans les cultures légumières sous serres pour lutter contre les populations de pucerons et de cochenilles.
Larve de Syrphe dévorant des pucerons du laurier rose. David Cappaert, Bugwood.org |
Nectarivores, les Syrphes adultes sont des pollinisateurs très efficaces des plantes cultivées et sauvages. Floricoles, ils affectionnent particulièrement les fleurs des Apiacées (aneth, fenouil, coriandre) et des Asteracées (asters, achillées, chrysanthèmes, marguerites). La plantation de bandes fleuries en bordure des champs les attire et peut aider à réguler les populations de pucerons phytophages.
Toxomerus geminatus Crédit: Susan Ellis, Bugwood.org |
Syrphe Syrphus spp. Crédit: Joseph Berger, Bugwood.org |
Agromyzidae
Ce sont de très petites mouches noires et jaunes dont les larves phytophages sont le plus souvent des mineuses de feuilles ou des mineuses de tiges. Parmi les 2600 espèces recensées, plusieurs sont nuisibles aux cultures maraîchères et ornementales en plein champs ou en serres. Par exemple, la Mouche mineuse sud-américaine (Liriomyza huidobrensis) est un ravageur invasif très polyphage. D’autres espèces (Agromyza spp.) s’attaquent plus spécifiquement aux céréales.
Psilidae
Les Psildae sont de petites mouches glabres dont les asticots sont presque exclusivement phytophages. Ils creusent habituellement des galeries dans les tiges ou les racines. Certaines espèces sont des ravageurs. Très commune dans les potagers, la mouche de la carotte (Psila rosae ou Chamaepsila rosae) affecte diverses cultures maraîchères comme la carotte, le panais, le persil et le céleri.
Asilidae ou Asilidés
Les Asilidés comptent plus de 7000 espèces de mouches non muscoïdes qui sont spécialisées dans la prédation d'autres insectes (papillons, mouches, abeilles, guêpes, sauterelles, libellules, etc.). Généralement très poilus et à l'abdomen allongé, les adultes ont des pattes adaptées munies d'épines pour agripper leurs proies et un rostre rigide et pointu qui leur permet de percer la cuticule des insectes dont ils se nourrissent. Ils injectent dans leurs proies un neurotoxique paralysant et des enzymes digestives pour en aspirer leur contenu liquéfié. Les larves se nourrissent d'autres larves, de petits insectes ou de matières organiques en décomposition.
Accrochée à une tige, une mouche Diogmites spp agrippe sa proie avant de la consommer. Crédit: Kevin D. Arvin, Bugwood.org |
Accrochée à une tige, une mouche Diogmites spp agrippe sa proie, une abeille, afin de la consommer. Crédit: Kevin D. Arvin, Bugwood.org |
Tachinidae, Tachinidés ou Tachinaires
Les Tachinaires regroupent plus de 10000 espèces de mouches trapues et velues dont de nombreux axillaires de la lutte biologique très efficaces. Leurs larves sont des parasitoïdes des chenilles de lépidoptères notamment des pyrales, piérides, noctuelles, arpenteuses et tordeuses, mais aussi de larves de coléoptères (hanneton, charançons) et de punaises. Lydella thompsoni s'attaque spécifiquement aux chenilles de la pyrale du maïs (Ostrinia nubilalis), un ravageur majeur.
Selon les espèces, les mouches adultes, qui sont floricoles, pondent leurs œufs sur ou dans l'hôte ou encore sur le feuillage des plantes. Dans ce derniers cas, les œufs peuvent être ingérés par un hôte ou donner naissance à des larves qui doivent migrer à la recherche d'un hôte.
Compsilura concinnata Joyce Gross, UCB, Bugwood.org |
Tabanidae ou Tabanidés (taons)
Cette famille non muscomorphe regroupe environ 3500 espèces parmi les Tabanomorpha. Appelés aussi « mouches à chevreuil » au Québec, les taons sont des mouches trapues aux gros yeux iridescents et dont les femelles, hématophages, mordent l’épiderme des mammifères grâce à leurs mandibules afin de lécher leur sang. Leurs morsures, souvent douloureuses, peuvent causer des réactions allergiques chez les humains et, lorsqu’elles sont répétées, l’anémie ou des retards de croissance chez le bétail et les chevaux. Deux espèces du genre Chrysops (C. silacea et C. dimidiata) sont des vecteurs de la filariose à loa loa ou loase qui sévit dans les forêts marécageuses d’Afrique occidentale, principalement au Cameroun.
Mouche à chevreuil Chrysops lateralis Crédit: CDC/ Dr. Gary Alpert - Urban Pests - Integrated Pest Management (IPM) |
Les larves sont prédatrices et affectionnent les sols humides près des rivières tandis que les adultes nectarivores et diurnes prolifèrent l’été dans les régions boisées et dans les zones d’élevages où les femelles harcèlent le bétail.
Bombyliidae ou Bombyliidés (bombyles)
Les Bombyliidés regroupent plus de 5000 espèces de mouches non muscoïde très poilues et au proboscis long et fin. Certains adultes ressemblent à de petits bourdons. Les larves de la plupart des espèces sont des parasitoïdes qui ont la particularité de parasiter une grande variété d'hôtes. Nectarivores et pollinivores, les bombyles adultes sont de bons pollinisateurs et de bons voiliers. Leur proboscis allongé leur permet de prélever le nectar des fleurs en vol stationnaire.
Crédit: David Cappaert, Bugwood.org |
Bombylius spp. butinant une fleur Crédit: Johnny N. Dell, Bugwood.org |
Oestridae ou Oestridés (Oestres)
Les oestres sont des mouches dont les larves sont des endoparasites des mammifères, notamment des animaux d'élevage (ovins, bovins) et des animaux sauvages (éléphants, rhinocéros). Certaines larves se développent dans le tube digestif de leur hôte, tandis que d'autres se logent sous la peau ou dans les sinus et causent des myases. Une seule espèce Dermatobia hominis peut parasiter les humains.
Larve (second stade) de Dermatobia hominis après extraction. Crédit: Pest and Diseases Image Library , Bugwood.org |
Stratiomyidae ou Stratiomyidés
Appelées aussi "Mouches armées", les Stratiomyidés regroupent environ 1500 espèces de mouches aux formes et couleurs très variées, ressemblant parfois à des guêpes. Ces mouches affectionnent les forêts et les bois humides près des cours d'eau et fréquentent les fleurs. Souvent inactives, elles se reposent sur les plantes en repliant leurs ailes l'une sur l'autre (en ciseaux)
Les larves sont principalement saprophages et vivent dans la matière végétale en décomposition comme la litière du sol ou les fruits pourris ou encore sous l'écorce des arbres morts ou abbatus. Chez certaines espèces, les larves sont aquatiques et se nourrissent d'algues, de matières organiques en décomposition ou d'autres organismes aquatiques.
Une mouche Stratiomyidae se reposant sur unebranche, les ailes repliées l'une sur l'autre en recouvrant l'abdomen. Crédit: Dani Barchana, Bugwood.org |
Mouche armée Stratiomys sp. butinant une fleur. Crédit: Joseph Berger, Bugwood.org |
Dolichopodidae ou Dolichopodidés
Très diversifiés, les Dolichopodidés regroupent plus de 8000 espèces de mouches non muscoïdes (Asilomorpha) de couleur cuvrée, bleue ou vert métallique et aux pattes longues et fines. Ces mouches sont des prédatrices de larves de petits insectes qu'elles chassent sur le feuillage des plantes ou l'écorce des arbres à proximité des cours d'eau et des marécages. Au moment de la reproduction, le mâle exécute une danse nuptiale pour attirer les femelles.
Les larves vivent dans la vase, les eaux stagnantes ou les sols très humides. Prédatrices, elles consomment des petites larves d'autres Diptères, notamment de chironomes ou de moustiques.
Condylostylus spp Crédit: David Cappaert, Bugwood.org |
Condylostylus spp Crédit: Joseph Berger, Bugwood.org |
Nematocera ou Nématocères
Culicidae ou Culicidés (moustiques)
Les Culicidés regroupent plus de 3500 espèces de moustiques, appelés aussi « maringouins » au Québec. Malgré leur rôle écologique essentiel en tant que pollinisateurs et source de nourriture pour de nombreux animaux, ils sont le plus importants groupes de vecteurs de maladies humaines ou animales en plus d’être une source de nuisance à cause de leurs piqûres. Seules les femelles sont hématophages et piquent les mamifères pour prélever des protéines sanguines qui sont nécessaires à la maturation de leurs oeufs.
Leurs larves sont aquatiques et affectionnent les eaux stagnantes. Les milieux humides comme les abords des cours d’eau et des lacs, les rizières, les marécages, les flaques et les marres sont leur gîtes de prédilection.
Les moustiques du genre Aedes sont responsables de la transmission de nombreuses arboviroses comme la dengue et la dengue hémorragique (A. aegypti, A. albopictus), la fièvre jaune (A. aegypti, A. africanus, A. simpsoni) ou le chikungunya (A. albopictus). Les moustiques A. africanus et A. simpsoni vivent dans les forêts tropicales et humides tandis que A. aegypti et A. albopictus
sont surtout présents dans les milieux ouverts et urbains, où ils
affectionnent les eaux croupies dans les vieux pneus et les boites de
conserves abandonnées. A. albopictus se rencontre aussi dans les
régions tempérées. Ils piquent habituellement pendant la journée,
surtout tôt le matin en en fin d’après-midi.
Les anophèles (Anopheles spp.) sont les vecteurs des parasites protozoaires du genre Plasmodium
qui sont responsables du paludisme ou malaria. Ces moustiques peuvent
aussi transmettre diverses arboviroses et filarioses locales. A. gambiae,
qui affectionne la moindre flaque d'eau, y compris en ville, est le
principal vecteur de la malaria en Afrique (où sont recensés 90 % des
cas) tandis que A. darlingi sévit dans les forêts d'Amérique centrale et du Sud et A. culicifacies
en Asie.
Les anophèles piquent la nuit, principalement de minuit au crépuscule, et de préférence les humains. Les femelles s'infectent en aspirant le sang d'un humain infecté. Le parasites protozoaires se transforme et se multiplie à l’intérieur des moustiques. À l'issue de ce cycle qui dure de 5 à 15 jours, les anophèles peuvent transmettre la maladie.
Suite aux épandages d'insecticides, les phénomènes de
résistance se multiplient chez anophèles. En 2012, des espèces
résistantes, à un ou plusieurs insecticides étaient recensées dans une
soixantaine de pays.
Les moustiques du genre Culex sont des vecteurs du virus du Nil occidental (C. pipiens, C. tarsis), de diverses encéphalites virales et de filarioses lymphatiques comme l’éléphantiasis (C. quinquefasciatus).
Ces moustiques sont fortement associés aux activités humaines et à
l’urbanisation, et certains d’entre eux affectionnent même les eaux
polluées par les matières organiques.
Le moustique commun (C. pipiens)
est le principal vecteur du VNO en milieu urbain dans les régions
tempérées (Canada, Europe). Très fréquente en Asie du Sud-est,
l’encéphalite japonaise est transmise par C. tritaeniorhynchus qui se reproduit dans les rizières et les zones irriguées. En général, les Culex piquent de préférence les animaux comme les porcs et les oiseaux qui sont souvent des réservoirs des arbovirus.
Redoutables piqueurs qui nuisent au confort des villageois africains, les moustiques du genre Mansonia ne sont des vecteurs potentiels de certaines filarioses que dans le Sud-est asiatique, particulièrement en Malaise.
Cecidomyiidae ou Cécidomyies
Les Cécydomies sont des petits moucherons fins aux longues pattes et aux ailes poilues. On en compte plus de 6000 espèces dont la majorité sont phytophages et galligènes; sur les feuilles, tiges ou fleurs, elles causent la formation de galles dans lesquelles se nourrissent leurs larves. Plusieurs espèces sont nuisibles aux plantes cultivées (crucifères, légumineuses, graminées), aux arbres fruitiers ou forestiers (sapins, pins, épinettes, érables) chez lesquels elles peuvent causer des dégâts importants.
D’autres sont entomophages et utiles en lutte biologique ou saprophages. Les larves prédatrices consomment des pucerons, des cochenilles et des acariens. Quelques espèces sont utilisées comme auxiliaires de la lutte biologique, Aphidoletes aphidimyz contre les pucerons et Feltiella acarisuga contre les acariens.
Chironomidae ou Chironomidés (chironomes)
Les Chironomidés comptent plus de 5000 espèces. Les Chironomes sont de petits diptères ressemblants aux moustiques mais non piqueurs. Chez le mâle, les antennes ont la forme d'un large plumeau.
Chironomus decorus Crédit: Joseph Berger, Bugwood.org |
Les larves sont aquatiques et constituent une source de nourriture importante pour les poissons. Appelées aussi "vers de vase", les larves rouges de chironome (Chironomus sp) sont des organismes filtreurs qui contiennent une hémoglobine leur permettant de vivre dans milieux pauvres en oxygène comme les boues et les vases ou les eaux polluées (stations d'épurations, eaux rejetées par les papeteries ou les abattoirs). Elles ont un rôle écologique important en aérant et filtrant les eaux et en minéralisant la matière organique sédimentée. Certaines espèces sont des bioindicateurs des eaux polluées. Les larves de Chironomus plumosus servent souvent d’appât aux pêcheurs et en aquariophilie.
Ceratopogonidae ou Cératopogonidés
Les Cératopogonidés regroupent environ 1300 espèces. Ce sont de très petits moucherons principalement hématophages qui piquent surtout les mammifères et les oiseaux. Au Canada, ils sont appelés « brulots » à cause de la sensation de brûlure que procure leur morsure, ils sont très incommodants. Très petits, ils peuvent passer à travers les moustiquaires. Ils peuvent aussi être des vecteurs de pathogènes pour les animaux sauvages ou domestiques.
Simuliidae ou Simulidés (simulies)
Les Simulies sont des petits moucherons noirs trappus (de 3 à 4 mm de long) inféodés aux milieux humides. Les adultes des deux sexes sont nectarivores, mais les femelles sont hématophages. Elles infligent aux mammifères, dont les humains, des piqûres diurnes douloureuses. Les piqûres de certaines espèces peuvent causer des réactions allergiques et des œdèmes, voire un choc anaphylactique.
On en recense environ 1300 espèces. Plusieurs espèces du genre Simullium spp sont d’importants vecteurs de zoonoses et filarioses dont l’Onchocercose ou cécité des rivières (qui est due au nématode Onchocerca volvulus) en Afrique subsaharienne (Simulium damnosum) ou en Amérique centrale (Simulium ochraceum, Simulium metallicum). D'autres espèces peuvent transmettre diverses maladies aux animaux dont la myxomatose.
Mouche noire Simulium spp. Crédit: xpda, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=67748232 |
Leurs larves aquatiques (à branchies dorsales) affectionnent les rives des cours d’eau agités et bien oxygénées. Au Canada où elles sont appelés « mouches noires », les simulies adultes se déplacent habituellement en essaims le long des rives des cours d'eau agités.
Larves aquatiques de Simulium decorum fixées sur les berges rocheuses d'un cours d'eau. Crédit: Whitney Cranshaw, Colorado State University, Bugwood.org |
Pullulation de mouches noires dans l'Arctique Canadien, à Rivière Dubawnt, Nunavut. Crédit: NicolasPerrault, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=55648662 |
Psychodidae
La plupart des Psychodidae sont de petits moucherons au corps et aux ailes velus et qui ressemblent à de minuscules papillons de nuit. Leurs larves affectionnent les eaux usées riches en matières organiques. Clogmia albipunctata se rencontre fréquemment dans les pièces humides des habitations comme les salles de bain au niveau des drains ou encore dans les égoûts.
Clogmia albipunctata Crédit: Mvuijlst, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6234930 |
Parmi les Psychodidae, la sous-famille des Phlebotominae regroupe les Phlébotomes, de minuscules moucherons hématophages qui piquent les animaux et les humains. On les rencontre surtout dans les régions tropicales ou subtropicales où les adultes vivent souvent à proximité des habitations et des étables. Certaines espèces Phlebotomus sp. et Lutzomyia sp. sont des vecteurs de la leishmaniose 9une maladie causée par un protozoaire du genre Leishmania), et du virus de la fièvre à pappataci (ou fièvre à phlébotomes).
Femelle de Phlebotomus pappatasi se nourrissant de sang humain Crédit: CDC/ Frank Collins, |
Sciaridae ou Sciarides
Appelées plus communément « mouches des terreaux », les Sciarides sont des petits moucherons noirs et grêles (d'environ 4 mm de long) qui volent peu et affectionnent les sols humides riches en matières organiques en décomposition. Les larves peuvent être des ravageurs secondaires polyphages. Incommodantes dans les serres et les plantes d’intérieur, leurs larves s’attaquent aux racines et radicelles et peuvent transmettre des pourritures racinaires.
Larves de Bradysia sp.rhizophages Crédit: David Cappaert, Bugwood.org |
Mouche des terreaux Bradysia sp. Crédit: Whitney Cranshaw, Colorado State University, Bugwood.org |
Tipulidae (tipules)
Appelés aussi "cousins", les tipules ressemblent à de grands moustiques aux longues pattes pendantes. Les adultes sont nectarivores ou ne se nourrissent pas. Principalement saprophages ou mycophages, leurs larves, des asticots de grande taille, affectionnent les sols humides et sont une source importante de nourriture pour les oiseaux. Certaines espèces nuisibles polyphages s’attaquent aux jeunes plantules et aux racines de plantes cultivées et peuvent causer des dégâts dans les cultures maraichères, les cultures ornementales, les jardins, les semis et les prairies.
Tipule des prairies Tipula paludosa Crédit: Dani Barchana, Bugwood.org |
Limoniidae ou Limonidés
Anciennement classés comme une sous famille de Tipulidae, les Limoniidés sont une des familles de Diptères les plus diversifiées avec près de 11 000 espèces. Ces Diptères qui ressemblent aux tipules affectionnent les sous-bois et les milieux humides comme les marais. Principalement saprophages, les larves vivent dans la litière du sol et se nourrissent de bois en décomposition, mais aussi de champignons et d'algues. Les ailes des adultes portent souvent des motifs ou tâches qui sont caractéristiques de l'espèce.
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